Annexion de l’Alsace-Moselle : Metz devient allemande

Après avoir vu ses fortifications se renforcer sous Napoléon III, la guerre franco-prussienne éclate en 1870, et Metz est assiégée. Mais allant du ridicule au désastreux, on en arrive à la capitulation de la ville, et à l’annexion de l’Alsace-Moselle après la défaite du pays. Miné par les exils, la ville entre en décadence sous une vraie dictature militaire.

Elle tente d’atteindre une certaine autonomie par ailleurs, avec de grands personnages. Et Metz est alors totalement transformée par les constructions allemandes phénoménales qui créent une vraie nouvelle ville allemande, pleine de progrès, malgré le déclin économique.

Mais la tentative de germanisation échoue, et la ville reste de culture et de racines françaises, même quand on essaie de tout « rendre allemand » pendant la guerre en 1914-1918.

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La capitulation de Metz et la crise de l’annexion

La transformation de la ville de Metz et l’échec de la germanisation

La capitulation de Metz et la crise de l’annexion.

Quand la guerre est déclarée entre la France de Napoléon III et la Prusse de Guillaume Ier, les troupes et états-majors s’installent à Metz. A l’approche des forces allemandes, les troupes du maréchal Bazaine doivent aller former une grande armée en Champagne.

Mais Bazaine veut éviter les accrochages, et se cache à l’abri de la puissante Metz. Résultat : les allemands encerclent la ville. Une attaque vise Borny, et reste indécise, puis une victoire des Messins à Mars-la-Tour survient, mais n’est pas exploitée.

On tente de se dégager, par la bataille de Saint-Privat / Gravelotte qui rassemble 350 000 combattants.

Les Français se font massacrer sans recevoir aucune aide, tandis que Bazaine jouait tranquillement au billard.

Avec cette défaite, les soldats se rassemblent autour de Metz, et un blocus est installé. Quelques sorties seront tentées, mais complètement inutiles.

Et quand Napoléon III est fait prisonnier à Sedan, et que la révolution éclate à Paris pour mener la résistance, un conflit s’impose à Metz.

Les habitants veulent résister, tandis que Bazaine tente de se négocier une fonction importante dans l’Empire Allemand.

Sous la pression de la population agitée par la famine et la mortalité, Bazaine essaie une dernière sortie. C’est une victoire, mais toujours pas exploitée.

Et Bazaine en arrive à la fin de ses négociations : la ville signe la capitulation au château de Frescaty, et Metz est livrée, avec 173 000 hommes, 56 drapeaux, 1 579 bouches à feu, 200 000 fusils.

Le 29 octobre, les troupes allemandes défilent en ville.

Et le traité de Francfort de 1871 qui est signé pour l’armistice enlève l’Alsace, 5/6ème de la Moselle, 1/3 de la Meurthe, et autres petites vallées à la France (160 000 habitants), pour l’Allemagne.

Crise politique à Metz

Le maire de Metz qui parle de rançon de la paix, meurt de chagrin. Les Français ont le choix : une moitié s’exile en France, l’autre moitié ne bouge pas. Avec le service militaire allemand qui apparaît, les départs sont encore plus nombreux.

On peut recenser au final, environ 200 000 exils de Messins en France, et malgré l’arrivée d’allemands dans la ville, la population baisse d’un quart. Et c’est surtout la grande bourgeoisie et une partie des masses populaires que l’on perd.

Et avec la dispersion des écoles militaires ailleurs, la vie politique disparait, comme celle artistique et historienne. Metz entre en décadence, au profit de Nancy qui devient capitale du nord-est avec l’héritage de Metz et Strasbourg.

La ville est d’abord surveillée par une dictature militaire dure : on use de l’espionnage, de la délation, on restreint les libertés…

Mais aux élections, ce ne sont que des adversaires de l’annexion qui sont élus, des protestataires. Le meilleur exemple d’entre eux : Monseigneur l’évêque Dupont des Loges.

Guillaume Ier vient en visite, et accorde quelques concessions, mais c’est insuffisant.

Il nous faut parler du Maréchal von Manteuffel, un allemand qui avait commandé l’armée d’occupation, mais qui s’engage maintenant à défendre les libertés des annexés. Il est mal vu par le pouvoir allemand d’alors, mais ne recule pas.

Quand Monseigneur Dupont Des Loges refuse une grande médaille impériale, il est acclamé par toute la France. Mais une vraie agitation politique secoue Paris pour quelques temps, sur les idées de revanche contre l’Allemagne du général Boulanger, qui rendent la position de Metz sensible.

Au bout de 20 ans d’occupation, la fusion a échouée : on est plus Français, on est pas Allemand, on est Messin.

Et on tente alors d’atteindre une certaine autonomie dans l’empire Allemand, par des moyens politiques légaux, mais tout reste insuffisant.

La transformation de la ville de Metz et l’échec de la germanisation.

L’un des grands changement de cette époque pour la ville de Metz concerne sa transformation urbaine. Les Allemands construisent ainsi une 2ème ceinture de forteresses aux noms allemands pour protéger Metz : la ville devient la plus importante place-forte au monde!

25 000 hommes logeront dans les nouvelles casernes en briques rouge, on construira l’hôpital Legouest, et Frescaty accueillera même les dirigeables zeppelins, des monoplans et des biplans, les premiers avions.

La gare est reconstruite, le temple de garnison est élevé (sa pointe de 96 mètres sera plus hautes que la cathédrale !). La porte des Allemands est restaurée, mais les remparts sont détruits après d’importantes protestations.

L’ancienne ville Française n’est pas touchée, sauf pour l’assèchement du quartier de la Seille et la démolition du marché aux légumes place Saint Jacques. Et enfin, la nouvelle ville allemande est édifiée, s’articulant autour des avenues Joffres et Foch.

Inspiré des édifices de Nuremberg et Munich, tout est monumental, et le grès rose apparaît partout. On citera bien sûr la célèbre nouvelle gare de Metz, celle que nous connaissons, et la Poste, mais aussi le Palais du Gouverneur.

Et le « Grand Metz » se forme : les quartiers de Plantière-Queuleu et de Devant-les-Ponts sont intégrés, la population du Sablon est multiplié par 10, est Metz peut compter 80 000 habitants en 1910, ou plutôt 100 000 habitants si l’on inclus les banlieues.

Le tramway apparaît, le chemin de fer se développe. L’esplanade est terminée, des promenades sont dessinées.

Signalons le scandale pour la construction du magnifique temple protestant civil de Metz : chef d’oeuvre roman, véritable miniature de la cathédrale de Spire, elle écrase le Jardin d’Amour qui faisait la pointe de l’île, et casse l’harmonie de la place de la comédie.

La cathédrale enfin est restaurée après un incendie de toiture, et son toit est surélevé : on proteste que les tours en paraissent plus petites. Le portail également, est totalement recréé. A côté de cela, les statues de princes allemands sont nombreuses à apparaitre.

On peut encore observer durant cette période un certain déclin économique : les frontières étaient fermées et les horizons nouveaux.

Le fer français va maintenant vers Nancy, les usines ne sont pas construites, et toute l’activité est orienté vers un bénéfice pour le pouvoir Allemand.

Enfin, il faut dire que la germanisation de la population ‘a pas été réussie.

La langue française reste maternelle pour 2 personnes sur 10 en ville, voir 7 personnes sur 10 à la campagne.

Lors des visites de l’Empereur, les vrais Messins se cloîtrent chez eux, un empereur qui sait par ailleurs que « ses soldats en Alsace-Lorraine, campent en pays ennemi ».

Une répression est tentée, contre les journaux et les conférences en français, contre les associations sympathisantes. Quand ont lieu les cérémonies pour les soldats morts en 1870, l’émotion gagne toute la ville.

Enfin, ultime épreuve, quand la guerre éclate à nouveau en 1914, la répression s’intensifie : les villes prennent des noms allemands, la langue française doit disparaître. Les soldats de Metz dans l’armée allemande sont envoyés sur le front oriental pour éviter les désertion et révoltes.

Mais l’Allemagne sait qu’elle n’a pas réussi. On dit quelle « réussit à conquérir, mais non gagner les coeurs ». Le 11 novembre 1918, l’armistice est signé pour sceller la paix, alors que les premiers combats vers Metz étaient prévus le 13 novembre.

Metz redevient Française, c’est la prochaine étape de notre dossier histoire.

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Sommaire principal
Frise chronologique
Préhistoire
Époque Celte
Époque gallo-romaine
Haut Moyen âge
Moyen âge central
Bas Moyen âge
Début de l’époque moderne
Fin de l’époque moderne
Début du XIXème siècle
XIXème siècle
Début du XXème siècle
XXème siècle
Vers le XXIème siècle


Crédits des illustrations : Alphonse de Neuville ; Hermann Montanus ; journal « Le voleur » ; Wissen Media Verlag ; Manu

4 commentaires

  1. il n’y a jamais eu d’annexion de l’Alsace-Moselle en 1871. Ni au regard du droit international, ni au regard du droit français. Il y a eu une cession de territoires à l’Allemagne en vertu du traité de Francfort, cette cession avait ratifiée par le Parlement français dont la grande majorité (546 voix pour, 107 contre) a lâché les Alsaciens et les Lorrains du département de la Moselle (moins l’arrondissement de Briey) et d’ une partie de l’ancien département de la Meurthe (à savoir les arrondissements de Sarrebourg et Château Salins). Les faits, tous les faits, rien que les faits.

  2. Les chiffres semblent erronés. Ainsi, 200 000 Messins seraient partis en France, alors qu’en 1910 la ville compterait 100 000 habitants?

    Les chiffres indiqués par Wikipédia sont plus cohérents (même si leur fiabilité reste à voir):

    « départ d’une importante portion de ses élites et de dix à quinze-mille qui optent pour la France » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Metz#Histoire)

    « Une clause du traité de Francfort permet aux Alsaciens-Lorrains la possibilité de conserver la nationalité française s’ils quittent la région avant le 1er octobre 1872. Ainsi pour la seule ville de Metz ils sont 20 000 sur une population de 40 000 à demander d’en bénéficier et à opter pour la France » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Alsace-Lorraine)

    L’auteur semble s’être trompé d’un ordre 10… il aurait pu au moins indiquer ses sources et son identité.

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