Metz de Louis XIV à la révolution française

Metz, capitale de l’est du royaume français (1648-1789)

Après la protection puis le contrôle total de Metz par la France de la mi-XVIème siècle à la mi-XVIIème siècle, la ville devient un poste militaire stratégique, au coeur d’une lorraine indépendante.

Et c’est ainsi à Metz que Louis XIV, le roi-Soleil, prépare le rattachement au pays du duché de Lorraine, qui sera accompli par son successeur Louis XV.

Mais après les guerres du XVIIème siècle, on profite de la paix du XVIIIème siècle pour transformer et améliorer Metz, jusqu’à la Révolution Française.

Louis XIV et la guerre de trente ans

C’est la guerre de Trente ans, entre les plus grands états européens.

Au centre des batailles : Metz, toujours carrefour de l’Europe, pour le meilleur comme pour le pire.

Non seulement il faut supporter les attaques ennemies, mais aussi le pillage des troupes, amies ou étrangères, qui vivent sur le pays.

Pour se nourrir, il pillent les campagnes, tout en opérant les pires exactions. Et les brigands profitent de ces troubles.

Les Suédois et les Croates sont les plus terribles. Ils arrivent jusqu’au Pontiffroy et au pont des morts, mais la ville paie leur départ avant qu’ils n’entrent en ville.

Accompagnant la guerre, c’est la famine, puis la peste qui ravage tout. On en arrive à attaquer ses propres voisins et amis pour survivre : les Messins brûlent Luttange, puis Hettange…

Comme toujours, quand tout va mal, on cherche un bouc-émissaire. Et ainsi, c’est une vraie chasse aux sorcières qui commence. Elles sont les représentantes du diable, celui qui cause tous les problèmes.

En 1635, deux femmes sont poursuivies par plus de 200 gamins, elles finiront tuées, l’une lapidée, l’autre jetée dans la Moselle.

Après la paix en 1648 (traité de Westphalie), la ville commence à se redresser. Une communauté de protestants Calvinistes se forme, pour arriver à un tiers de la population. Depuis l’édit de Nantes et la liberté de culte, ils prospèrent.

On pourra assister à des débats polis entre Bossuet le catholique (qui connaîtra un grand destin) et Paul Ferry, pasteur. Opposés, ils en seront néanmoins de grands amis.

Mais une fois l’édit de Nantes révoqué en 1685, les persécutions se déchaînent.

Les protestants s’enfuient et s’installent aux Pays Bas, en Allemagne. 3.000 Messins s’exilent à Berlin. On les y accueille, et on leur confie des postes.

En Lorraine, ce sont les dragonnades par le régiment de Thionville : les soldats sont logés de force chez les habitants, et les obligent entre viols et vols à revenir au catholicisme.

Une autre communauté : les Juifs de Metz.

Très ancienne à Metz, elle avait quasiment disparu pendant deux siècles avant de réapparaitre au XVIIème siècle. Et là, elle explose.

A la révolution, un dixième des juifs de France vivent à Metz. Ils vivent regroupés dans un quartier, et une certaine tolérance les accepte.

Mais ils sont interdits de posséder des terres, d’exercer des magistratures, faire partie de l’artisanat, ils développent alors l’activité économique – avec un succès phénoménal.

Par exemple, ils dirigent un grand commerce de chevaux et de grains à Metz. En 1723, ils vendent 7.000 chevaux au roi Louis XIV. Et lors des famines, ils sont les seuls à pouvoir faire venir plus de blé de l’Allemagne.

Autre aspect : au coeur d’un pays entouré de frontières, ils font le « change » avec les Lombards, c’est à dire les échanges entre monnaies étrangères.

Le pouvoir royal est représenté par l’intendant du roi. Il surveille tous ce qui se passe à Metz, aidé par le gouverneur.

Par ailleurs, une école d’artillerie, de cadets-gentilshommes, de cavalerie, s’installent. La garnison militaire de Metz, la plus importante du pays, est égale à la moitié de la population.

Le Parlement, où l’on débat et l’on prend les décisions, devient de plus en plus important. Son aire d’influence s’agrandit jusqu’à atteindre son apogée à la fin du XVIIème siècle.

Contrôlant de vastes terres, les meilleurs viennent s’y former à la politique, de Fouquet à Colbert.

Avec toutes ses forces, le roi décide donc d’attaquer le duché de Lorraine, qui finit par perdre son indépendance. Pendant l’occupation, on démolit les châteaux.

En 1683, l’occupation devient annexion. Pour calmer les protestations, l’ex-roi de Pologne et beau-père de Louis XV, Stanislas, est installé en 1738.

A sa mort, le duché finit totalement rattaché à la France. A cette époque, le maréchal de Fabert, né à Metz, montre son talent.

La paix et l’urbanisme sous Louis XV

Quand Louis XV en visite dans la ville, tombe malade, le peuple est en larmes et en prières, et le surnomme à sa guérison « Louis le bien-aimé », surnom qui lui restera.

Vauban avait voulu fortifier la ville en 1675, son élève Cormontaigne le fera de 1728 à 1749.

Les vieux murs et portes sont détruits. Une double couronne de fortifications est construire sur la rive gauche de la Moselle et la rive droite de la seille. Des casernes et un hôpital militaire sont édifiées.

Le XVIIIème siècle voit également Metz, dans un contexte général d’urbanisation, élargir ses rues et créer ses places, aider à la circulation des hommes et à la distribution de l’eau. Les monuments publics vont eux, aider à embellir la ville.

Ainsi, le gouverneur du moment, le Duc de Belle-Isle, va avoir des projets ambitieux.

Le petit Saulcy par exemple, est aménagé pour lier la ville haute de la cathédrale à l’île Chambière. La place d’armes, la place de la comédie sont construites.

L’île du Saulcy, un vrai marais peuplé de saules (d’où son nom) est asséchée, pavée, et rattaché par plusieurs ponts.

Le théâtre, l’hôtel d’intendance, l’hôtel de ville, le corps de garde et le parlement datent de ces travaux… tout comme le palais de l’évêque, le palais de justice

Un renouveau de l’activité intellectuelle apparaît, entre peintres et savants.

Notons l’importance de l’enseignement, des oeuvres en patois… Une académie royale des beaux-arts est créée, tout comme plusieurs sociétés d’art. C’est l’époque de Pilatre de Rozier.

Le commerce se réorganise, notamment grâce à la consommation de la garnison. La draperie, la tannerie, se re-développent, l’imprimerie et la chapellerie aussi (les chapeaux de Metz feront fureur !)

Le vin est toujours très important. On ne retrouve certes pas la richesse d’une époque révolue, mais les blessures ont étés soignées, et Metz gagne le rang de 10ème ville de France.

Metz était alors la grande ville de l’Est pour le roi de France. Mais les rois vont connaître la Révolution Française de 1789, prochaine étape de notre dossier.

Navigation rapide dans le dossier « Histoire de Metz » :

 

Sommaire principal
Frise chronologique
Préhistoire
Époque Celte
Époque gallo-romaine
Haut Moyen âge
Moyen âge central
Bas Moyen âge
Début de l’époque moderne
Fin de l’époque moderne
Début du XIXème siècle
XIXème siècle
Début du XXème siècle
XXème siècle
Vers le XXIème siècle

 


Crédits illustrations : bataille de Rocroi ; Musée virtuel du protestantisme français ; Manu ; Maurice Quentin de La Tour

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page