À l’occasion de la présentation du budget primitif 2026 lors du conseil municipal de Metz de ce 18 décembre 2025, les élus de la majorité et de l’opposition ont pu prendre la parole pour donner leur avis sur le bilan financier du mandat, et l’expression concrète de celui-ci dans les rues de la ville et pour les habitants. Plus de 2h30 de débats leur ont largement permis de le faire.
Sans être anecdotique, la présentation relativement « compacte » du budget par Eric LUCAS, l’adjoint aux finances, n’aura laissé que peu de place à une ventilation précise des budgets d’une année prévue pour un potentiel renouvellement à la tête de la municipalité à la fin du premier trimestre.
Le montant de l’emprunt a été fixé à 31,6 millions d’euros, en hausse de 9,6 millions par rapport au budget 2025, dans le but de boucler les projets engagés sur le mandat en cours, mais restant à finaliser. On notera aussi le vote de la stabilité des taux de fiscalité directe locale.

L’essentiel des échanges n’aura pas été consacré à parler de l’avenir, que ce budget primitif est censé dessiner, mais du passé de 5 années d’un mandat, où les invectives n’auront jamais cessé entre les représentants désignés par les messins dans les urnes.
Alors que la métropole engrange toujours plus de responsabilités liées directement aux habitants des communes, sans pour autant que ces derniers aient d’ailleurs voté pour ces orientations sur la base d’un programme, les échanges ont réussi pour ce dernier conseil municipal de l’année, à rester dans le cadre des missions régaliennes de la ville.
La majorité est satisfaite de son bilan
La majorité a ainsi témoigné de son autosatisfecit pour décrire 5 années de succès dans tous les domaines, étant ainsi diamétralement opposée aux bilans des mandats précédents (de Dominique GROS et de « la gauche »), bilans qui auront grevé toute possibilité d’action de la municipalité depuis 2020, ou presque.
Nathalie COLIN-OESTERLE a ainsi fustigé « l’héritage catastrophique » de deux mandats successifs précédents, au cours desquels « ‘rien n’aura été fait », si ce n’est la « dilapidation » des emprunts et des dividendes de l’UEM, « cagnotte » incluse. Face à ce bilan à son arrivée, la députée a mis en avant « l’intelligence » des acteurs de cette mandature, chacun dans leur délégation, des « élus lucides et ambitieux », pour ne reprendre que deux des nombreux qualificatifs élogieux attribués aux élus de la majorité, dont le travail aura permis à Metz de devenir « une ville plus sûre, plus propre, plus animée, plus à l’écoute… Et nous partions de très très loin » évoquant ses souvenirs d’élue d’opposition jusqu’aux municipales de 2020.
Les élus de la majorité se sont succédé pour souligner les résultats de leur délégation. Anne DAUSSAN-WEIZMAN, en charge de l’attractivité, a ainsi vanté une ville rayonnante et éclatante aux multiples places avantageuses dans différents classements, » nous avons rendu les messins fiers à nouveau de leur ville » aura-t-elle souligné. Du côté de la propreté, Martine NICOLAS a elle aussi conclu à un bilan particulièrement positif de son action, notamment sur le centre ville, soulignant une mission difficile et « des actions à finaliser lors du prochain mandat ».
Au rang de l’écologie, Rachel BURGY a défendu une action en plusieurs points dont le plus visible est la rénovation de l’éclairage public. À ses côtés, Timothée BOHR, Jacqueline SCHNEIDER et Isabelle LUX ont évoqué un bilan social en nette progression vis à vis du mandat précédent, et le pragmatisme de leurs actions lié à l’écoute du terrain. Un argument repris par Béatrice AGAMENNONE sur le volet espaces verts, et Doan TRAN pour la politique de proximité. À ce titre, Laurent DAP a de son côté rappelé la progression de l’offre de soin dans les quartiers, notamment Magny, la Patrotte et la Grange aux bois, justement au menu du budget 2026.
Patrick THIL a conclu en déclarant à l’opposition
« vous nous en voulez d’avoir appliqué notre programme malgré les aléas et la très mauvaise situation laissée par nos prédécesseurs […], vous nous reprochez d’être à l’écoute des citoyens et de la demande sociale »
avant de vanter un bilan où « nous avons fait le nécessaire, pas le spectaculaire ». Ainsi, sur la sécurité, plus de police, 24/24, sur l’écologie un verdissement de fond, des mobilités douces en progression « sans idéologie d’empêchement », un patrimoine entretenu avec 130 millions d’euros investis sur la durée du mandat, et une ville plus propre, labels à l’appui, fustigeant le groupe UNIS qui serait contre la propreté, en demandant s’il « faut être sale pour être de gauche ».
L’opposition consternée par une gestion erratique et sans vision d’avenir
De son côté, l’opposition, chacun dans sa ligne de nage (gauche et RN), a fait la liste des résultats faméliques d’un mandat dont la marque de fabrique aura été caractérisée par une gestion financière « sans ambition, ni vision« . Un argument battu en brèche par François GROSDIDIER en rappelant la « situation financière sans marge de manœuvre » qu’il avait trouvé en arrivant aux affaires.
Côté extrême droite, Françoise GROLET a dénoncé un bilan prenant la forme d’une « antithèse de la gestion financière responsable », rappelant une « hausse sidérante de 43% de l’emprunt » entre son arrivée à la tête de la ville et l’année 2026, illustrée par ce budget. Une hausse destinée selon l’élue à « colmater les dépenses de son mandat », mais dont le coût des intérêts de l’emprunt a triplé en 5 ans, passant de 1,1 à 3,3 millions d’euros. « Un record dans l’histoire de la ville » alors même que les dividendes de l’UEM étaient en hausse, et que leur utilisation n’était pas bien identifiée.
En guise d’argument commun entre le RN et la gauche du groupe UNIS, on retrouve la hausse des impôts votée en conseil municipal en 2023, en contradiction avec les promesses données lorsqu’il était en campagne électorale en 2020. En guise de réponse, François GROSDIDIER a indiqué que cette augmentation avait été décidée afin de faire face aux dépenses engagées lors du mandat précédent, en plus de celles destinées à faire face aux coûts de la crise énergétique.
Le Groupe UNIS, par l’intermédiaire de Jérémy ROQUES, Danielle BORI et Denis MARCHETTI a dénoncé une « baisse notable des investissements structurants et d’avenir« , des budgets successifs marqués par un manque de résultats, tant sur les quartiers les plus pauvres que sur le volet des mobilités, avec une priorité budgétaire (à la hausse) donnée aux clubs professionnels quand les clubs associatifs restaient à budget constant. Au final, pour le groupe UNIS, le budget 2026 est à l’image des précédents, « pas un budget de transformation de la ville, mais de maintien de la ville, sans audace , sans ambition« .
Sauf coup de théâtre façon covid comme ce fut le cas en 2020, les élections municipales auront lieu dans moins de 100 jours. La campagne n’est pas encore vraiment engagée, mais au-delà des éventuels projets (ou de ceux déjà annoncés), ce vote du budget primitif de 2026 aura permis à chaque camp de confirmer leurs argumentaires.