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Centre des Congrès de Metz : bonne ou mauvaise idée ? Point complet sur le projet

Le projet de nouveau Centre des Congrès de Metz est au coeur du débat des municipales 2014. Sa sortie de terre, aux côtés du Centre Pompidou Metz, dépend en partie du choix des messins pour la prochaine mandature, et bien des informations contradictoires circulent à son sujet.

Pour cela, nous faisons aujourd’hui le point sur ce projet, sur les arguments avancés par ceux qui le contestent, et sur les points de vue de ceux qui sont convaincus de l’intérêt de sa réalisation.

La situation à ce jour

Actuellement, le projet en est au stade de l’appel d’offres de conception, construction, entretien et maintenance du bâtiment. Les lauréats de ce concours, qui permettra entre autres de déterminer les architectes du projet, seront connus au mois d’octobre 2014.

La société qui gérera le futur centre des congrès a, elle, déjà été désignée. Il s’agit de GL Events, qui s’occupe déjà de Metz expo, le Parc des expositions « historique » de Metz Grigy.

Les travaux du futur Centre des Congrès de Metz devraient débuter d’ici fin 2015, et son ouverture est prévue au premier semestre 2018.

Lieu d’implantation

Le centre sera installé à l’arrière de la gare de Metz (au sud), au niveau de l’actuel parking des taxis, dans le quartier de l’Amphithéâtre.

Le plan de masse dans sa dernière version (03/2014). Crédits : Agence Nicolas Michelin et associés / ANMA Architectes Urbanistes
Le plan de masse dans sa dernière version (03/2014).
Crédits : Agence Nicolas Michelin et associés / ANMA Architectes Urbanistes

Il sera situé à droite de la passerelle reliant le parvis du Centre Pompidou Metz au dépose minute de la gare SNCF, et mordra sur les anciens bâtiments de la SNCF en contrebas (avec un bout de bâti, et un parvis), voués à disparaître. Le PEM (Pôle d’Échanges Multimodal) situé à l’arrière de la gare ne sera donc pas supprimé.

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La bonne position

La position du bâtiment a changé depuis les premiers jets du projet (notamment des plans datant de 2010 que nous avons pu consulter), qui positionnaient justement le bâtiment à la place du parking dépose minute côté sablon/amphithéâtre.

Cette évolution (normale pour un projet) génère beaucoup d’approximation dans les avis des messins, chacun y va un peu de son estimation. Il existe aujourd’hui des plans en circulation, qui ne sont plus à jour, mais qui alimentent les débats.

D’après nos informations, le choix de le repositionner à droite de la passerelle permettra aux visiteurs de conserver la vue privilégiée depuis le musée d’art contemporain, notamment sur le bâtiment de la poste centrale, sur le château d’eau, et bien sûr, la cathédrale. La future architecture du palais des congrès devra d’ailleurs tenir compte de ces contraintes, pour venir s’intégrer au mieux dans l’existant.

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Quelques chiffres

L’espace prévoit une surface de 15.000m² qui seront répartis de la manière suivante :

  • Un grand auditorium de 1200 places
  • Deux halls d’exposition de 4300m² en tout, avec l’installation de 215 stands possible
  • 17 salles de commission (dont une de 400 places) qui accueilleront jusqu’à 1600 personnes au total
  • Un restaurant capable de servir entre 150 et 170 personnes
  • Une cuisine pour les banquets (qui pourront avoir lieu dans les halls d’exposition) capable de restaurer 1200 personnes

D’après GL Events, au cours de sa première année d’existence, le Centre des Congrès devrait accueillir 193 événements. Puis, une moyenne de 200 événements est envisagée à l’année, d’envergures différentes : cela peut aller, à titre d’exemple, de l’entreprise qui a besoin d’une salle de réunion au congrès scientifique, ou encore la convention annuelle de grands groupes.

Des congrès ?

La mission du futur palais des congrès de Metz sera d’accueillir des événements professionnels ou encore associatifs, mais aussi des séminaires et des congrès de type médicaux ou scientifiques, par exemple.

Dans un congrès type, les congressistes peuvent commencer par se réunir dans le grand auditorium pour assister à des conférences importantes, avant de se retrouver en groupes de travail dans les salles de commission.

Avant de se rendre dans ces fameuses salles, les congressistes passent par les halls d’exposition. A cet endroit, ils peuvent découvrir plusieurs stands où les entreprises et spécialistes peuvent présenter leurs travaux, produits et services.

Combien ça coûte ?

Le budget du futur Centre des Congrès de Metz s’élève à 70 millions d’euros et englobe (selon l’équipe municipale sortante) tous les frais, dont l’acquisition du terrain.

Le budget est financé par plusieurs acteurs parmi lesquels la Ville de Metz, à hauteur de 30 millions d’euros, le Conseil Général de Moselle et Metz Métropole à hauteur de 10 millions d’euros chacun.

La Chambre de Commerce et d’Industrie de la Moselle, quant à elle, investit 2,5 millions d’euros. Enfin l’Etat, via le contrat de redynamisation des sites de défense (la contrepartie du départ des militaires), a budgété 5 millions d’euros pour financer ce projet.

Un projet contesté

Si le projet est contesté ça et là, les raisons qui reviennent le plus souvent sont tout d’abord d’ordre financier : une Ville de Metz en difficulté par ces temps de crise, et une Métropole déjà assez endettée, sont des arguments souvent amenés en la défaveur du projet.

Sur ce terrain, Marie-Jo ZIMMERMANN (UMP-UDI-MODEM) propose « de mettre les messins face à leurs responsabilités » et de soumettre le projet à un référendum avant d’engager les fonds de la ville dans ce nouveau chantier, source potentielle d’augmentation des impôts.

Françoise GROLET, candidate FN aux prochaines élections Municipales, avoue ne pas être contre le projet, mais estime que :

« Ce n’est ni le moment ni le lieu »

Jacques MARECHAL (PC/FDG) n’en veut pas, il préférerait ré-allouer le budget pour d’autres dépenses. Même discours pour Stéphane AUROUSSEAU (Basta), et pour Marie-Jeanne BECHT (POI), une consultation des messins est nécessaire, rejoignant par là MJZ, de l’autre côté de l’échiquier politique.

Autre argument levé par les « contre », celui du double emploi : avec Metz Expo, l’agglomération dispose déjà d’un espace pour accueillir les congrès, bien que celui-ci soit de dimension plus modeste, ne soit pas dernier cri, et soit situé assez loin du centre ville… mais directement sur la ligne du tout nouveau Mettis.

L’emplacement du futur Centre des Congrès de Metz, aux abords du Centre Pompidou-Metz, dans le quartier de l’Amphithéâtre, ne fait pas l’unanimité auprès de certains des acteurs locaux.

Les abords directs de Pompidou Metz, avec la position des éléments futurs et existants. Crédits : Agence Nicolas Michelin et associés / ANMA Architectes Urbanistes
Les abords directs de Pompidou Metz, avec la position des éléments futurs et existants.
Crédits : Agence Nicolas Michelin et associés / ANMA Architectes Urbanistes

L’idée de « sur-densifier » le quartier (certains diront même « d’étouffer Pompidou Metz »), et d’éclater le centre-ville pour en créer en quelque sorte un deuxième, n’emballe pas l’ensemble des élus, ni certains candidats aux municipales. Ils considèrent le projet comme inintéressant pour la vitalité de la ville.

Du côté de certains élus, c’est aussi la question de la transparence qui est mise sur le tapis. En effet, la participation de la mairie à hauteur de 30 millions d’euros a été votée en conseil municipal, mais les détails de l’étude n’auraient pas été communiqués aux élus par GL Events, le prestataire en charge de la gestion du futur Centre des Congrès.

Le maire sortant est convaincu

Du côté du maire sortant, qui défend ce projet avec bec et ongles, le discours est différent.

Prévu dès 2004 comme « volet économique » aux côtés du Centre Pompidou Metz à grand renfort d’études, le futur centre des congrès est brandi comme l’un des marqueurs de la redynamisation globale de la ville de Metz, favorisant l’attractivité de l’agglomération, et générant un chiffre d’affaires direct non négligeable pour les hôteliers et les restaurateurs, mais aussi indirect pour les autres services consommés, et les sous-traitants du milieu touristique.

Avec une dépense moyenne de 230€ par jour et par congressiste, le tourisme d’affaire est présenté comme un potentiel à double détente : d’abord professionnel avec la dépense en cours de congrès, et pour une frange de ces personnes qui ne connaissaient pas Metz, à titre privé avec le retour d’une partie des visiteurs, mais en famille cette fois-ci.

Les études annoncent 15 millions d’euros de retombées économiques par an pour les entreprises locales.

Si ce n’est pas « son » projet, puisque celui-ci est né avant son arrivée à la tête de la vile, Dominique GROS s’appuie sur l’expérience et les connaissances acquises au cours de ses 6 années de mandat, pour dire que c’est un projet majeur pour l’avenir de la ville.

L’avis des messins

Les messins n’ont peut-être pas toutes les informations en main pour juger de la pertinence d’un projet tel que celui du centre des congrès. Ce n’est pas pour autant qu’ils n’ont pas un avis sur la question.

Nous avons tendu notre micro à certains d’entre eux…

Le résultat des municipales peut-il remettre en cause le projet ?

A la question de savoir si les municipales pourraient remettre en cause le projet, la Directrice de projet du Centre des Congrès, Bénédicte de Montgolfier, nous explique que le centre des congrès de Metz est certes bel et bien sur les rails, mais que les élections pourraient en effet avoir un impact sur son avenir.

Comme évoqué plus haut, la première phase de l’appel d’offres est en cours et concerne les candidats. La seconde, celle qui concerne le choix du projet proposé par les candidats sélectionnés, aura lieu après les municipales, et le maire qui sera élu (ou ré-élu) récupérera le dossier. Selon la personne et ses engagements de campagne, une période de flottement pourrait alors arriver.

Ce sera donc à la prochaine équipe municipale de choisir le projet parmi les 4 qui seront proposés, si le projet n’est pas tout simplement suspendu en plein envol.

Si aucun d’entre eux ne plaît, certaines modalités pourront être remises en question. Concrètement, cela peut aller à de simples modifications jusqu’au relancement de la phase d’appel d’offres.

Il est aisé d’imaginer les conséquences financières de cette option, qui pourrait aussi engendrer du retard dans le début des travaux, s’ils débutent un jour… Du coup, ne pas faire le centre des congrès représentera de toutes façons un volume important de dépenses engagées pour rien.

Finalement, bonne ou fausse bonne idée ?

Cette question ne trouve pas de réponse facile et rapide de type « oui » ou « non ».

Un équipement manquant ou un double emploi ?

Lorsqu’elle nous présente le projet, Béatrice de Montgolfier explique qu’aucun espace à Metz n’est pour l’instant en mesure d’accueillir de véritables congrès. Bien sur, des événements de petite taille ont déjà lieu aux Arènes, à l’Arsenal ou encore à Metz Expo (Grigy), mais ces lieux sont limités par des jauges moindres.

Pour autant, certains événements à caractère professionnel, qui se déroulent actuellement à Grigy ou dans d’autres salles, seront probablement redirigés vers le nouvel équipement, et ce jeu de vases communicants aura un impact sur le budget de ces autres lieux, qui devront s’adapter. Dans la bouche des détracteurs, on appelle cela « déshabiller Paul pour rhabiller Jacques ».

Enfin, lorsque la question du (tout nouveau) Centre des Congrès de Nancy est posée (il ouvrira ses portes en 2014), on parle immédiatement de concurrence. La Directrice en charge du projet affirme que :

« Le gâteau des Centres des Congrès est un gros gâteau, il y a de la place pour tout le monde. »

Quel impact pour Metz et les messins ?

Béatrice de Montgolfier aborde tout d’abord la question de l’emplacement. L’espace, situé en sortie de gare, est bien positionné selon elle. Les venues des hommes d’affaires et des congressistes, avec ce que cela engendre comme frais (d’hôtel et de restauration) devraient être bénéfiques pour le dynamisme commercial de la ville, et donc pour l’emploi local.

Si personne ne doute que la venue de congrès d’ampleur (ou pas d’ailleurs) à Metz génère nécessairement un chiffre d’affaires, le doute est permis sur la zone d’impact réelle de cette hausse de chiffres d’affaires, alors même que la position du bâtiment permettra de se rendre du train aux événements sans même voir la ville… sauf pour les congrès de plus d’une journée.

A cet argument évident, on peut cependant opposer qu’aucune autre possibilité (d’une telle jauge) n’existe au centre ville, et que ce n’est pas en allant à Grigy (fut-ce en Mettis) que les congressistes découvriraient le coeur historique de Metz. Du coup, si les visiteurs professionnels mettent les pieds à Pompidou, le point de vue des galeries leur donnera peut-être l’envie de s’aventurer vers la cathédrale.

Du côté de GL Events (le futur gestionnaire du lieu), le témoignage apporté notamment lors des états généraux du commerce de Metz Métropole en février 2014 était clair : le groupe n’est pas un nouveau venu dans le business, et il pense que le potentiel de faire vivre le lieu est réel. Son implication dans le projet est telle, qu’il a tout intérêt à ce que cela soit vrai.

Le centre des congrès est donc un pari, un pari à 70 millions d’euros, dont 30 pour la seule ville de Metz. C’est aussi le pari d’attirer des professionnels en masse dans la capitale de la lorraine, de changer leur opinion sur cette ville, les séduire, et les faire revenir en 82 minutes depuis Paris si possible.

Qui n’avance pas, recule ?

Il n’y a donc pas de bonne ou de mauvaise réponse à cette question de la pertinence de l’idée.

Il y a surtout une question de différence de vision et de stratégie politique pour l’avenir de Metz. D’autres scénarios existent pour le quartier de l’amphithéâtre. Ils ont eux aussi leurs avantages et leurs inconvénients.

C’est fou comme tout ceci peut tenir à peu de choses. Si dans quelques années, le centre des congrès de Metz est un succès, on parlera de politiques visionnaires. Si c’est un désert, on parlera de l’échec d’une ambition démesurée et inadaptée. Et si c’est un autre scénario (que ce centre) qui se réalise, on ne saura jamais si le palais des congrès n’aurait pas du, tous comptes faits, être construit.

Quelles que soient les études de pertinence, pour un tel projet ou pour n’importe quel autre projet d’ampleur, les paramètres économiques pourront changer la donne à chaque instant : demain, il est possible que la crise prenne fin, et qu’une nouvelle dynamique entraîne la ville vers le haut, pour retomber quelques mois ou quelques années plus tard.

La bonne réponse sur le nouveau centre des congrès de Metz, nous la connaîtrons peut-être dans 10 à 15 ans…

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6 commentaires

  1. Pour un « dynamisme » commercial il faudrait déjà qu il y est plus un minimum de parkings gratuits (non messieurs, tout le monde ne prend pas le Mettis) !! Metz n a que ce qu elle récolte (à savoir des dettes) ne parons surtout pas du centre Pompidou (1 millions d euros de déficit pour l année 2013) !!! Un centre Pompidou qui végète d ailleurs car bien trop peu de roulements au niveau des expositions…. Mais aussi plus de 300 arbres achetés suite à la coupe de tous ces arbres magnifiques (près de 300) …faire et défaire c est toujours faire n est ce pas ?! Vaste fumisterie au détriments des messins qui sont de plus en plus « saignés » à blanc !

  2. Moi je vois 57.5 millions d’€ de financés sur 70 de dépenses prévues. Il manque donc dès le départ 12.5 millions et quand on sait que les prix de départ ne sont jamais tenus, je me demande bien qui va payer la différence (une « petite » trentaine de millions sans doute).
    Le budget est financé par plusieurs acteurs parmi lesquels la Ville de Metz, à hauteur de 30 millions d’euros, le Conseil Général de Moselle et Metz Métropole à hauteur de 10 millions d’euros chacun.
    La Chambre de Commerce et d’Industrie de la Moselle, quant à elle, investit 2,5 millions d’euros. Enfin l’Etat, via le contrat de redynamisation des sites de défense (la contrepartie du départ des militaires), a budgété 5 millions d’euros pour financer ce projet.

  3. Ce projet est absolument nécessaire. Madame Zimmermann, lorsqu’elle ne se fait pas conseiller par Jean-Louis Masson doit sans aucun doute demander son avis à L Hénart ou M Klein à Nancy… « Mais non inutile pour Metz, vu qu’il y en a déjà un à Nancy ». Ils doivent bien rire…

    Avec un potentiel futur maire de Metz à ce niveau de réflexion la ville aura de toute évidence, bien des difficultés à se développer dans le futur, dans un contexte de concurrence régionale…

  4. Inutile . De plus il y a bien d autre lieu ou le faire
    Bonscour par exemple.
    Et le depose minutes si il est supprimé c est toute la circulation du cartier qui va en patir . Sans parler du côté pratique de la gare de Metz qui va disparaître.

  5. Un Palais des congrès sans perspective

    Nous découvrons dans le RL quatre projets pour un palais des congrès.
    Le projet « WILMOTTE » retenu est non seulement vintage, mais de plus, il ne communique pas avec son environnement urbain.
    La gare de Metz voit passer sept millions de visiteurs par an, son architecture, en particulier le hall des départs est vraiment remarquable. Le passage KRÖGER récemment ré-ouvert permet d’accéder au quartier de l’Amphithéâtre.
    L’architecture comme la politique doit ouvrir des perspectives, une passerelle était initialement dessinée pour rejoindre le parvis Pompidou sans différence de niveaux (accès PMR). C’était l’occasion rêvée de créer une nouvelle promenade d’architecture.
    Le hall des départs XIX°, le passage KRÖGER, la traversée du palais des congrès animée éventuellement par une brasserie aurait permis aux Messins de découvrir et de s’approprier ce bâtiment et enfin de déboucher sur le parvis surplombant Pompidou.
    Rien de tout cela avec le projet « WILMOTTE », l’accès est ramené au niveau de l’avenue, vue sur la circulation automobile, mais pas de passage piéton. La perspective depuis le hall des départs se termine en impasse !
    Deux des projets non retenus (GTM-HALLE et DEMATHIEU- BARD) avaient bien vu cette possibilité de cheminement direct.
    Choisir à l’économie, c’est prendre le risque de ne pas être satisfait du résultat, si l’objectif d’urbanité, de mise en relations avec la ville est oublié.
    JP GRETHEN Architecte 12/2014

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