C’est un petit comité d’accueil qui attendait ce jeudi 26 septembre la venue de François Hollande à Florange sur le site d’Arcelor Mittal. C’est sous les huées et les sifflets qu’une centaine de manifestants faisait le guêt, avec banderoles et drapeaux.
Cette visite, plusieurs fois annoncée et reportée, les manifestants l’attendaient. Mais à peine le temps de tourner la tête, la berline noire était déjà loin, pas le temps de s’arrêter pour échanger quelques mots.
Avant son discours dans les Grands bureaux d’Arcelor Mittal à Florange, le Chef de l’Etat s’est d’abord entretenu, à huis clos, avec les représentants des organisations syndicales puis un échange s’est fait en privé avec Edouard Martin, « d’homme à homme ».
Je viendrai chaque année
François Hollande est venu justifier ses décisions et surtout annoncer la création d’une plateforme publique de recherche sur la sidérurgie.
20 millions d’euros seront investis dès 2014 pour ce centre de recherche qui sera installé dans la vallée de la Fensch, centre pour lequel des partenaires privés se sont déjà manifestés, qui sera installé non loin du plus grand centre de recherche européen du groupe ArcelorMittal.
Un investissement qui pourrait monter à 50 millions d’euros, si un projet innovant venait à sortir de ce nouveau centre.
François Hollande s’engage :
Je viendrai chaque année pour veiller au respect des engagements qui ont été pris et pour m’assurer que ce centre produit les résultats escomptés.
Je crois à la sidérurgie comme filière d’avenir, je crois à la Lorraine
a-t-il dit, en faisant référence au Pacte Lorraine (qui vient d’être signé) qui engage l’Etat et la Région Lorraine à hauteur de 300 millions d’euros sur trois ans pour investir dans des projets lorrains innovants.
D’autres investissements en Lorraine sont attendus dans les prochaines années. L’Etat a prévu d’engager 15 millions d’euros pour le projet Lis (ex-Ulcos) et Mittal s’est engagé à investir 180 millions d’euros dans la filière froide.
Pour Edouard Martin, leader de la CFDT locale,
cette rencontre était musclée car il fallait crever l’abcès sans mâcher nos mots. On lui a dit toute la rancœur et notre amertume encaissées depuis le 30 novembre mais on ne va pas passer notre vie à pester et à ruminer, maintenant, regardons vers l’avenir.
Un sacré revirement après ce tête à tête, lorsqu’on se rappelle les propos tenus depuis plusieurs mois par le syndicaliste.
Et lorsque l’on demande à Edouard Martin si le Président assume ses décisions, il répond :
Hollande assume complétement les décisions prises en novembre dernier, il ne s’est pas défilé, il est revenu et il s’est engager à revenir chaque année.
Pour Edouard Martin, avoir un centre de recherche de développement publique dans cette vallée est une lueur d’espoir et une possibilité de reprendre la main sur des prédateurs comme Mittal.
François Hollande était venu à Florange, en tant que candidat à la présidentielle, en février 2012, suite aux menaces de Mittal de fermer les hauts fourneaux. Invité à monter sur une camionnette pour s’exprimer, c’est alors un accueil triomphal qui lui avait été offert, et l’occasion de donner un discours à l’époque plein de promesses et d’espoirs pour les salariés de Mittal… celui-là même que les sidérurgistes avaient en travers de la gorge.
Aujourd’hui, la pillule semble être passée, presque tous les salariés ont été reclassés, les syndicats et le Président Hollande semblent s’être réconciliés, il ne reste plus qu’à attendre son retour dans un an pour faire un premier bilan de ces nouvelles promesses.
