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A31bis : l’heure de la synthèse pour la concertation, le Préfet a tranché

C’était l’heure de la synthèse pour la phase de concertation du projet d’A31bis, ce jeudi 2 février 2023 à Thionville. Une concertation qui a réuni, au cours de 14 rencontres successives depuis son lancement fin 2022, des centaines de participants, beaucoup de « contre » mais aussi des « pour » à chaque fois, dans une ambiance parfois studieuse, parfois houleuse.

Mises à part quelques huées, la réunion de synthèse qui clôturait le cycle des événements en public aura permis, effectivement, de faire le tour des avis et de résumer le travail de réflexion accompli par les techniciens de la DREAL1 Grand Est, les élus et les participants.

02/02/23. La salle se remplit pour la dernière rencontre de la concertation de l’A31bis. Objectif : permettre les échanges dans un climat d’écoute

250 personnes ont fait le déplacement pour refaire le tour du sujet et des avis, parmi lesquelles des élus, des représentants d’associations de riverains ou d’associations environnementales, et des représentants des milieux économiques. Seuls grands absents parmi les prises de parole : les frontaliers, pourtant particulièrement concernés par le projet… même si l’autoroute (s’il est confirmée au ministère) ne verra le jour que dans une grosse dizaine d’année.

18 avis, 3 axes de consensus, 1 conclusion

Argumentaires structurés, parole posée, propos résumés en 5 minutes chrono (ou presque) pour des éléments parfois très techniques… malgré une grande majorité d’opposants, les interlocuteurs ont globalement été écoutés avec respect, et tous les ingrédients étaient réunis pour accoucher d’un état des lieux assez clair.

Difficile de détailler ici l’intégralité des prises de parole de cette réunion. Elles étaient au nombre de 18, pour autant de « cahier d’acteurs » c’est à dire d’avis argumentés, rédigés et remis officiellement à la DREAL et au préfet de la Moselle, un formalisme permettant à la fois la concision, la structuration des propos, mais aussi leur pérennité.

Si l’on exclut le triple consensus général sur la situation des mobilités intenable, sur la nécessité de mettre en œuvre des solutions alternatives au plus vite malgré l’A31bis, et sur l’impératif environnemental autant que de santé publique, on retiendra deux groupes aux avis partiellement opposés.

D’un côté les élus et les milieux économiques, conscients d’être aujourd’hui en responsabilité face au résultat de décisions (ou d’absence de décisions) d’une période antérieure, et résolus à ne pas pour autant laisser tomber le projet, comme ce fut le cas à une époque où la thrombose actuelle aurait dû être anticipée. Nombre de motions ont ainsi été détaillées pour soutenir le projet, voire un tracé en particulier (« F4 tunnel profond » tenant visiblement la corde malgré le surcoût qu’il représentera au péage), toutes demandant le respect d’un cadre environnemental, mais toute demandant d’aller au plus vite, afin de disposer d’une solution essentielle pour les déplacements et le soutien à l’activité économique.

02/02/23. Une brochette d’élus au premier rang de l’auditoire, ils prendront la parole pour soutenir le projet d’A31bis, à l’exception du député d’extrême droite Laurent JACOBELLI (RN) venu caresser les opposants dans le sens du poil en demandant que l’on recommence tout à zéro alors que toutes les solutions de tracé ont été étudiées depuis 30 ans.

De l’autre côté, des groupes et associations de riverains du projet, chacun pointant du doigt les différents impacts négatifs des 4 tracés restant en lice ainsi que, finalement à leur yeux, l’inutilité d’une telle infrastructure « déjà dépassée par rapport au 21ème siècle ». Conséquences directes sur la santé, sur le paysage, sur les pollutions, sur l’environnement, tarifs (voire principe) du péage inacceptable… et « une note qui sera réglée par la prochaine génération »… Les raisons pour dire non vont au-delà d’un rejet par défaut, mais sont la conséquence d’une réflexion aussi poussée que possible sur la somme des désagréments, émotionnels ou techniques, d’un projet que l’urbanisation n’a pas attendu pour laisser une place à son emprise.

02/02/23. L’une des associations opposées au projet d’A31bis prend la parole pour expliquer son point de vue et mettre en avant ses arguments lors de la réunion de synthèse de la phase de concertation.

Alors que Thibaud PHILLIPS, maire d’Illkirch-Graffenstaden et vice-président du Conseil Régional, bouclait en quelques minutes et en fin de concertation des propos dépeignant un transport ferroviaire et de bus en voie d’amélioration pour juguler le trafic transfrontalier ou tout du moins y participer, les garants du débat ont expliqué la suite du processus, à savoir la publication d’un rapport public détaillant objections et propositions, pour lesquelles une réponse argumentée devra impérativement être produite (expliquant par exemple pourquoi une solution proposée n’a pas été retenue).

Fin de partie ?

Ce fut enfin au Préfet de la Moselle, Laurent TOUVET, de conclure. Indiquant d’emblée qu’il ne s’agissait pas d’émettre à cet instant la moindre préférence pour l’un des 4 scénarios, il a indiqué que plusieurs améliorations issues de la concertation seraient intégrées dans les projets de tracé.

Douchant les espoirs de celles et ceux qui avaient rêvé d’un avis négatif sur le sujet, le Préfet a précisé avoir bien écouté tous les arguments, et vu le constat partagé du caractère insatisfaisant de la situation. Mais d’ajouter :

« Sur un point je n’ai pas été ébranlé par ce que j’ai entendu, c’est sur l’utilité publique de construire cette infrastructure. On ne peut pas ne rien faire et en rester là, je vais donc transmettre au ministre des transport une proposition parmi les 4 présentes. »

Laurent TOUVET, Préfet de la Moselle, le 02 février 2023 lors de la réunion de synthèse de la concertation A31bis à Thionville

Le ministère des transports, comme prévu, devra donc trancher entre le tracé proposé par le Préfet, et la possibilité de ne rien faire, un scénario pour lequel, nous le verrons dans un prochain article, on ne manque pas de propositions mais plutôt de données.

Le Préfet remettra après un dernier mois d’étude du dossier, sa préférence au ministère, qui devra à son tour statuer avant (sauf abrogation du projet) de faire revenir le dossier en Moselle pour une enquête publique qui permettra une nouvelle fois l’expression des habitants concernés.

La concertation A31bis en chiffres

  • 74 jours, 10 semaines de concertation
  • 14 événements, ateliers, visites, rencontres sur les marchés ou galeries commerçantes
  • 70.0000 flyers distribués dans les boites aux lettres, sans compter les tracts des associations
  • des messages tous les jours sur les annonces lumineuses des panneaux de l’A31
  • 8275 visiteurs différents comptabilisés sur le site web du projet
  • 1072 participations effectives lors des événements de concertation
  • 707 contributions écrites à ce jour via le site web

(1) DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement

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2 commentaires

  1. il n’est pas correct de dire que les frontaliers étaient absents! ils sont concernés et représentés dans les collectifs de riverains. j’en fais partie , étant frontalière et riveraine de Florange, tout comme de nombreux de mes voisins et membres de notre association. Nous sommes contre ce projet qui met en péril notre cadre de vie et qui nous fera, gagner au mieux 4 minutes de trajet pour nous rendre au travail, tout en nous rackettant de 180€ par mois !

    1. Bonjour,
      « Seuls grands absents parmi les prises de parole », au sens où, au milieu des 18 prises de parole de cette soirée (mais aussi au cours de réunions précédentes) les frontaliers n’ont pas été représentés en tant que collectif, et aucun cahier d’acteurs n’a été déposé au titre des frontaliers pour lesquels on étudie en bonne partie cette autoroute. Mais étant présent sur place, j’ai échangé avec plusieurs frontaliers, donc c’est écrit en connaissance de cause.

      Nous sommes donc , en réalité, d’accord. L’étonnement qu’illustre cette phrase est liée à l’absence d’une voix organisée par ceux qui sont dans les bouchons tous les jours.

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