Après une annulation en 2023, et une édition 2024 remplacée par une fête du sport sur le plateau de Frescaty, le marathon de Metz est une nouvelle fois plongé au cœur d’un imbroglio qui pourrait menacer a minima la tenue de l’édition 2025.
La société RNK, qui avait été désignée par l’Eurométropole pour organiser l’événement en 2025 et 2026 est en effet sous la menace de plusieurs procédures judiciaires, par deux acteurs différents. La métropole étant elle aussi ciblée.
Le marathon de Metz s’est transformé en calvaire pour François GROSDIDIER, tant cette affaire n’en finit pas d’empirer depuis qu’il a décidé de s’en occuper.
Les sportifs, censés être les principaux concernés, ne savent plus quoi en penser, les craintes et la grogne s’amplifient. Les membres bénévoles de l’association sont bien décidés à ne pas se laisser marcher dessus par le maire de Metz.
[edit du 10/02] article mis à jour en intégrant la réaction de François GROSDIDIER via communiqué.

Au point de départ, en 2023, un conflit interne opposant Michel VILAULT et Hubert EHRMINGER, tous deux revendiquant la présidence de l’association Metz Marathon, est à l’origine de la décision de François GROSDIDIER de couper le financement de la métropole, empêchant toute forme d’organisation.
L’association historique se dit dépossédée de son marathon par la métropole
A la stupeur et contre l’avis des membres de l’association historique organisatrice du marathon voyant leur événement leur échapper après 14 années à la manœuvre, François GROSDIDIER avait souhaité remettre les choses à plat en lançant un appel d’offres pour la gestion de l’événement. Un appel d’offres remporté par la société parisienne RNK, retenue pour les éditions 2025 et 2026.
Depuis, l‘association Metz Marathon lutte pour se faire entendre, refusant de se voir retiré le marathon pour lequel elle avait été créée. Ne cessant de revendiquer être le seul acteur légitime, et se déclarant comme d’habitude auprès des instances fédérales pour organiser la manifestation le 12 octobre 2025, l’association a même adressé une demande de subvention à la métropole, une requête restée sans réponse.
Décidée à ne pas se laisser faire ou ignorer, et constatant les annonces de RnK, Metz Marathon pointe (dans un communiqué daté du 7 février 2025) des « similitudes troublantes » entre son marathon et le nouvel « Euro Marathon Metz » organisé par RNK, et accuse la métropole de vouloir lui « subtiliser » l’événement :
La date, le format, le territoire et les points de singularités de cet événement sont, à tout le moins, similaires à ceux du « Marathon Metz Mirabelle » (anciennement « Marathon Eurométropole de Metz »), événement incontournable que notre association a initié et porte avec succès depuis plus de 14 ans et dont elle a entamé les préparatifs pour son édition 2025 prévu le 12 octobre, conformément à l’enregistrement effectué auprès des instances fédérales.
François GROSDIDIER, par voie de communiqué, s’émeut en retour des « accusations graves portées par l’association », et rappelle que « la collectivité a fait le choix de recourir le 22 février 2024 à une procédure de mise en concurrence pour l’organisation du « Marathon Eurométropole Metz » en 2025 et 2026 […] pour garantir le bon emploi des deniers publics » et pour laquelle « l’association Metz Marathon n’a pas souhaité déposer d’offre ».
C’est justement ce que conteste l’association : organisatrice historique de l’épreuve du marathon à Metz, elle voit la métropole préempter l’organisation sans autre forme de procès, écartant ce lien du revers de la main :
« Aucune association ne peut prétendre à détenir le monopole d’organiser un marathon sur le territoire de l’Eurométropole. Le recours de l’association est fantaisiste. Une collectivité a tout à fait le droit d’organiser un marathon ou tout autre manifestation sur son territoire. Par ailleurs, la notion de plagiat est elle aussi fantaisiste : un marathon est un marathon en termes de kilomètres. Ce n’est pas une marque déposée. »
François GROSDIDIER dans son communiqué du 08 février 2025
Les membres bénévoles de l’association Metz marathon ne l’entendent pas de cette oreille, indiquant que leur objectif est « de défendre notre travail, notre projet et notre identité, et de nous opposer vigoureusement à cette prise de contrôle qui constitue une véritable appropriation de notre initiative sans fondement légitime. »
Dans son communiqué, l’Association indique « défendre sa survie face aux actions du Président de la Métropole, François GROSDIDIER, qui dans une démarche belliqueuse, depuis deux ans, semble tout mettre en œuvre pour discréditer et disqualifier notre organisation, l’empêcher de mener à bien sa seule activité et raison d’être, et ainsi provoquer sa faillite et sa disparition. »
Et de conclure : « Notre détermination à contester ces pratiques déloyales, autoritaires et abusives sera à la hauteur de la passion et de l’engagement que nous déployons bénévolement depuis plus de 14 ans pour offrir à notre territoire cette belle fête du sport qu’est le marathon de Metz ».
Sous la menace de trois procédures judiciaires
Contacté par téléphone, le 7 février, Me Étienne MANGEOT, avocat de l’association, précise qu’il n’y a pas encore de procédure judiciaire formellement engagée, mais Metz Marathon a mis en demeure la société RNK pour qu’elle « cesse ses actes de parasitisme », et faire désinscrire le marathon de RNK du calendrier de la Fédération Française d’Athlétisme.
Une réponse est attendue sous 15 jours. Sans issue favorable, deux procédures sont prêtes à être déclenchées : la saisie d’un juge de fond pour apprécier les actes de parasitisme reprochés à RNK, et la saisie du juge des référés pour tenter d’interdire l’édition 2025 de RnK.
Une troisième action en justice, à l’encontre de la métropole cette fois-ci, est également en préparation pour rupture abusive des pourparlers en 2023. L’association soutient que le retrait de la participation de l’Eurométropole était injustifié au vu des réunions de calage qui avaient déjà eu lieu, et de l’inscription de ladite subvention au budget primitif.
Contacté par la rédaction pour une réaction, la métropole n’avait pas répondu à nos sollicitations lors de la publication de cet article. Toutefois, François GROSDIDIER [NDLR avant d’envoyer un communiqué dont le contenu a permis de mettre à jour cet article], avait indiqué à nos confrères du Républicain Lorrain, qu’il jugeait cette mise en demeure « dérisoire ». Selon lui, « tout le monde a le droit d’organiser un marathon » et l’association ne peut prétendre à une exclusivité.
Pour l’instant, les coureurs restent dans l’incertitude, attendant des éclaircissements sur l’avenir du marathon et de son édition 2025. En ligne, nombreux sont celles et ceux qui se demandent s’ils doivent patienter avant de s’inscrire, alors que 800 dossards ont déjà été réservés. Les malheureux inscrits de 2023 (pour rien) gardent, eux, un souvenir amer de cette intrusion de la politique dans leur sport.
Une seconde accusation à l’encontre du marathon 2025, par un autre acteur du dossier
Alors que Metz Marathon met la pression sur la Métropole et RNK, une deuxième accusation vient troubler encore davantage la situation en général, et l’organisation de l’édition 2025 en particulier. En effet, Hubert EHRMINGER, candidat à l’appel d’offres et ancien président de l’association Metz Marathon avec laquelle il a d’ailleurs encore un contentieux en cours, dénonce de son coté un possible plagiat de sa propre proposition.
Dans un communiqué du 26 janvier 2025, il affirme que le concept même du « nouvel » Euro Marathon Metz repose sur des idées et des projets qu’il avait lui-même développés dès 2019. Il cite notamment l’utilisation du nom « Euro Marathon Metz », qu’il revendique comme étant protégé par son association, ainsi que le passage des coureurs par le stade Saint-Symphorien :
J’en ai fait étudier la faisabilité par la Fédération Française d’Athlétisme (et j’ai présenté cette idée à son actuel Président qui a adoré…, ainsi qu’au Président SERIN), le FC Metz, et la direction de la société FC Metz Stadium. Là aussi en 2020.
L’ensemble de ces éléments figureraient dans le dossier que son équipe a présenté lors de l’appel d’offres pour le choix du nouvel opérateur. Hubert EHRMINGER indique penser que ces similitudes avec le format du nouveau Marathon de RNK ne sont pas dues au hasard et envisage, lui aussi, une action en justice.
« Je vais faire étudier une saisine judiciaire pour défendre les équipes qui ont travaillé avec moi, donné de leur temps et de leur énergie à la candidature de notre dossier pour la reprise et la gestion du marathon de Metz. Je laisserai à la justice le soin de constater s’il y a bien plagiat et d’établir qui en sont les auteurs et les acteurs. Elle déterminera les conséquences et les éventuelles réparations ».
précise-t-il.
Le marathon de Metz se retrouve donc embarqué dans des eaux tumultueuses, avec pour me moment aucune possibilité de sortir des remous. Au-delà des réactions des uns et des autres, par-delà même les éventuelles décisions de justice, c’est surtout une image déplorable qui se constitue autour de l’épreuve, pas de quoi donner envie de venir, et donc de s’inscrire.