Politique & social

Qui pour aider les aidants de Moselle ?

En Moselle, comme partout en France, les aidants jouent un rôle indispensable auprès des personnes âgées, malades ou handicapées. « Un aidant, c’est une personne qui vient en aide de manière régulière et fréquente à titre non professionnel, pour accomplir des actes ou des activités de la vie quotidienne d’une personne en perte d’autonomie, que ce soit du fait de l’âge, de la maladie ou d’un handicap », explique Cécile MICHEL, présidente de la Maison des Aidants 57.

Leur engagement quotidien se traduit souvent par un épuisement physique et psychologique. Alors, qui pour aider ceux qui se dédient quotidiennement à aider leur prochain ? Aujourd’hui, des acteurs professionnels et associatifs se mobilisent pour offrir des solutions à ces aidants. TOUT-METZ vous invite à découvrir quelques initiatives locales.

Cécile MICHEL, présidente de la Maison des Aidants 57, à gauche, en pleine discussion au sein de leurs locaux.

En France, on estime qu’ils sont entre 8 et 11 millions. Les aidants sont partout, et chacun est amené à être aidant ou aidée au cours de sa vie. Cette question est pourtant longtemps restée en marge du débat. Depuis quelques années, le sujet gagne en visibilité et les choses bougent, certes, parfois lentement, mais les projets de terrain se multiplient.

Une stratégie de mobilisation et de soutien 2023-2027 a été mise en place par le gouvernement dont une des mesure phare est la création d’un congé de proche aidant. Ce congé reste néanmoins accordé sous réserve (existence d’un lien familial ou d’une relation étroite avec la personne aidée, etc.) et est limité dans sa durée.

Pour en bénéficier, comme pour tous les autres dispositifs, il faut le connaître et être en mesure de le réclamer. C’est l’objectif des plateformes créées par l’État sur les territoires.

Une plateforme de répit pour soutenir les aidants

Créée en 2018, la Plateforme de répit 57, dirigée par Marika NEVILLE, est l’un des dispositifs phares en Moselle pour accompagner les aidants. Elle est issue de la stratégie du gouvernement, qui, pour faciliter les démarches des aidants, propose un interlocuteur unique par département. « On intervient surtout auprès des aidants des personnes âgées dans l’Est et sur les aidants des personnes handicapées sur toute Moselle » détaille la directrice.

La plateforme garantit un accueil sur le territoire et offre un soutien administratif pour que chaque aidant soit en mesure de bénéficier des aides mises en place. « Nous intervenons également à domicile, en proposant des solutions de répit adaptées comme des séances avec des assistantes de soins gérontologiques, du soutien psychologique ou encore des ateliers bien-être tels que le shiatsu ou la sophrologie en piscine », explique Marika NEVILLE. Ces services sont disponibles gratuitement grâce au soutien de l’ARS (Agence Régionale de Santé) et du département.

La mission première de la plateforme est de prévenir l’épuisement des aidants. « Nous tentons d’intervenir avant qu’ils ne nous sollicitent trop tard, lorsqu’ils sont déjà épuisés », précise Marika. En plus d’un soutien psychologique, la plateforme propose des formations pour aider les aidants à mieux comprendre leur rôle et à mieux s’organiser face aux défis quotidiens. 

Répit 57 accompagne activement plus de 150 personnes par an en Moselle et ses actions touchent un public bien plus vaste encore. Les profils des aidants pouvant varier, tout comme leur besoin, il faut s’adapter en permanence pour répondre aux enjeux. « Il n’y a pas une réponse globale à apporter. Les situations sont liées aux parcours de vie de tout un chacun. Il nous faut trouver les bonnes solutions ensemble » indique Marika NEVILLE. 

La Maison des Aidants de Metz rayonne sur la Moselle 

« Les professionnels font du bon travail, mais seul un aidant peut vraiment comprendre les incidences sur la vie de la personne. Le travail, la vie privée, les relations sociales, tout change quand on devient aidant », explique Cécile MICHEL, présidente de la Maison des aidants. Créée par le Collectif Handicap 57 en 2016, cette maison regroupe 21 associations œuvrant dans le domaine du handicap et des maladies invalidantes. « Nous sommes uniques en France : c’est une maison gérée par des aidants, pour des aidants », précise Cécile MICHEL. 

Photo de la Maison des aidants.

Pour elle, cela permet une réelle compréhension des problèmes auxquels ces familles sont confrontées. « On se déplace partout mais à nos frais. On donne du temps. On donne beaucoup d’énergie. Pourquoi ? C’est aussi un choix qu’on a fait en créant cette maison. On s’est dit qu’on connaissait mieux que personne les besoins des aidants » ajoute-t-elle. 

Des groupes de parole, des activités bien-être et un soutien psychologique par des professionnels sont proposés par la Maison des aidants. Le local contient également un espace d’information pour mieux comprendre l’impact d’un handicap ou d’une maladie sur son quotidien. « Lorsqu’une personne tombe malade, nous sommes là pour expliquer les répercussions sur la famille et l’orienter vers des solutions adaptées. Notre tissu associatif nous donne une expertise qui nous permet d’orienter les personnes vers le bon interlocuteur», développe Cécile.

Finalement, les missions sont assez similaires, et même complémentaires, à celles de la plateforme Répit 57. D’autres structures existent aussi, comme la Maison des aidants professionnelle à Freyming-Merlebach ou encore l‘hôpital de Dieuze, fortement engagé auprès de ce public.

Néanmoins, dans le milieu, l’ensemble des acteurs s’accorde sur l’écart colossal existant entre les moyens déployés et les besoins réels. « Tout le monde s’accorde à dire que les aidants sont indispensables et qu’il est essentiel de les soutenir. Cependant, les actions entreprises restent modestes, se limitant à des petits gestes ici et là. Bien que des progrès aient été réalisés, ils sont loin d’être suffisants pour permettre aux aidants de vivre dignement au quotidien », se désole Cécile MICHEL.

« Le répit est essentiel, mais les moyens manquent souvent quand on doit aider plusieurs aidants. Il faut aussi prendre en compte les personnes qu’ils aident, qui parfois ne peuvent pas rester sans assistance », acquiesce Marika NEVILLE, de Répit 57.

ALYS, une association de services aux personnes présente en Meuse, Meurthe-et-Moselle et en Moselle, joue un rôle essentiel en proposant notamment des services de garde à domicile. « C’est très utile, mais il y a quand même un reste à charge pour la personne. Chez les parents aidants, la mère arrête bien souvent son activité professionnelle. La précarité est malheureusement répandue chez les aidants », détaille Cécile MICHEL. 

« Un TEMPS pour AIDER » : un projet par et pour les aidants 

Marie-Hélène FAURE, présidente de l’association Agir pour les Aidants en Moselle, fondée en janvier 2024, porte deux projets destinés à améliorer le quotidien des aidants. Le 1er est la création d’un « bus aidants », qui se déplacerait sur les territoires pour apporter des solutions de répit. Le 2nd projet est la création de lieux de répit non institutionnels pour les aidants et leurs proches.

« Nous souhaitons proposer des séjours sur mesure dans des lieux adaptés, comme des gîtes, avec un accompagnement personnalisé et des activités bien-être », précise-t-elle. Ces lieux sont conçus pour apporter un véritable moment de détente aux familles, tout en bénéficiant d’un réseau professionnel à proximité (kinésithérapeutes, sophrologues, etc.).

Les Bobos à la ferme, à La Madelaine-sous-Montreuil (Pas-de-Calais), est l’exemple type de ce qu’elle souhaiterait proposer en Moselle. Découvrez une présentation du concept en vidéo :

Chaîne YouTube des Bobos à la ferme.

Mettre en place des projets de ce genre s’avère difficile au vu du contexte économique actuel. « Les dispositifs existent ailleurs en France, mais en Moselle, nous devons encore convaincre et mobiliser des financements », concède la présidente de l’association. 

Quel avenir pour les aidants ? 

Si des initiatives existent et que de nouvelles apparaissent régulièrement, le défi est immense. Avec une population vieillissante, les besoins des aidants ne cessent de croître : une personne sur quatre de plus de 60 ans est un aidant, selon les chiffres du gouvernement.

« Les aidants sont indispensables, mais nous ne faisons pas assez pour leur permettre de mener une vie normale », résume Cécile MICHEL. « Il y a une littérature que nous connaissons tous sur les aidants et sur la réalité du terrain. Les solutions concrètes pour réduire l’épuisement des aidants et l’isolement sont simples, mais en réalité, les besoins sont loin d’être satisfaits », affirme de son côté Marie-Hélène FAURE, présidente de l’association Agir pour les Aidants.

En attendant un meilleur accompagnement pour ces millions de Français, qui vivent parfois une grande souffrance, des gestes simples peuvent faire une grande différence. « Aider, ça peut tout simplement consister à lui permettre d’aller chez le coiffeur ou de faire des courses seul. Il ne faut pas accepter l’isolement de la personne », conclut Cécile MICHEL, présidente de la Maison des Aidants.

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