Politique & social

Municipales 2020 : J-100, dates, enjeux, critères de choix et statistiques

Vous pouvez d’ores-et-déjà noter les dates des prochaines élections municipales en 2020 dans votre agenda, si cela n’est pas déjà fait. Le premier tour se tiendra le dimanche 15 mars 2020, et le second tour (s’il y a lieu) le dimanche 22 mars. Ce 6 décembre 2019, nous sommes donc à exactement 100 jours du scrutin du 1er tour.

Au soir du second tour, les citoyens qui auront glissé un bulletin valide dans l’urne auront désigné démocratiquement la ou le maire qui présidera aux destinées de leurs villes ou communes pour les 6 années à suivre, c’est-à-dire jusqu’en 2026.

Les enjeux des élections municipales de 2020 : quelles priorités ?

Quels seront les sujets les plus importants pour les électeurs français lors des élections municipales de 2020 ? C’est, en partie, sur la base des réponses à cette question que se constituent les programmes des candidat(e)s briguant le mandat de maire. Qu’on leur accorde du crédit ou non, ce sont bien les sondages d’opinion qui constituent l’outil pour décrypter les attentes des citoyens, loin des apparentes tendances que l’on retrouve sur les réseaux sociaux, miroirs déformants d’une réalité facile à biaiser.

Une étude de l’IFOP auprès des électeurs français (enquête réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 13 au 14 novembre 2018 auprès d’un échantillon de 1006 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine, à télécharger plus bas) a établi le classement des priorités générales des électeurs pour les prochaines municipales.

A la question « au moment de votre choix, chacun des enjeux suivants relatifs à votre commune va-t-il jouer dans votre vote un rôle ? », dix-huit critères ont été étudiés et classés.

Des critères qui peuvent avoir évolué au cours de l’année écoulée depuis la réalisation de l’enquête, qui doivent être « adaptés » à la réalité de chaque ville, et qui ne tiennent bien évidemment pas compte de ce que les projets, discours et programmes des campagnes pourront modifier dans l’esprit des électeurs au moment du choix.

18 critères, 7 enseignements

Si l’on garde le point de vue national de l’enquête en question, les 7 enseignements à en tirer peuvent être :

  • Les aspects financiers sont prioritaires dans les préoccupations des citoyens : qualité de la dette (des investissements) et donc de la gestion passée pour les élus qui se représentent (ou se présentent ailleurs), grands projets envisagés (plus ou moins bien décrits et documentés au niveau du financement) ou réorientation des priorités budgétaires (proportions précisées) vont, a priori, être scrutés dans les programmes.
  • Sécurité, emploi et propreté occupent 3 des 6 premières places du classement des attentes, pas étonnant qu’on retrouve ces axes brandis par les candidats dans la plupart des grandes villes
  • Les aspects liés à la famille et aux enfants peuvent paraître plus secondaires, à tort : ce qui pourrait paraître comme paradoxal dans le classement des priorités, puisque la cellule familiale reste la base de la société, n’est en fait que le reflet du « morcellement » des différentes phases des besoins des enfants. Mais cumulés, ces critères sont importants (crèche, puis écoles primaires, activités et animations culturelles, action pour les jeunes, et en partie les transports en commun)
  • Regroupés, les aspects sociaux forment un pool important d’attentes avec les services de santé assez haut dans la liste, suivis de l’action sociale (personnes âges, solidarité)
  • Les déplacements urbains sont placés en milieu de tableau, avec une priorité sur le sujet des transports en commun, devant la circulation et le stationnement, et donc devant la voiture.
  • L’offre culturelle est reléguée en bas de la liste, un critère à modérer par l’aspect global de l’étude : on trouvera forcément une différence entre les communes rurale ou péri-urbaine, et les grandes villes disposant des équipements pour elles-même et leur périphérie.
  • Les aspects environnementaux n’entreraient pas dans les préoccupations liées aux municipales. Un point de vue à modérer car l’appétence écologique a considérablement évolué récemment, et le critère n’est tout simplement pas présenté dans cette étude.

Gros renouvellement des maires en vue

Le gouvernement travaille actuellement et depuis plusieurs mois à la finalisation d’une loi relative à l’engagement dans la vie locale et à la proximité de l’action publique, dont l’objectif est tout autant de rationaliser les missions et responsabilités en lien avec les intercommunalités, que de laisser aux maires un champ d’action suffisant pour que la fonction reste attractive.

En effet, de nombreux maires ont affirmé ne pas vouloir se représenter en 2020. Les raisons avancées sont personnelles (âge, usure physique, retour à la vie familiale…), mais aussi en lien avec leurs responsabilités grandissantes (désengagement de l’Etat, attitude des administrés…), ou à l’inverse moins intéressantes du fait de la montée en puissance des intercommunalités vers lequel converge le pouvoir, la gestion technique et juridique des dossiers, et la concentration des moyens suffisants pour engager des investissements infrastructurels partagés.

Alors que 40% des maires avaient été renouvelés aux élections municipales de 2014, une étude de l’Observatoire de la démocratie de proximité précisait ainsi en 2018 (pour les petites communes), pourquoi et dans quelles proportions les maires ne souhaitait pas briguer un nouveau mandat.

En janvier 2019, selon une étude IFOP pour le groupe Les Républicains au Sénat (enquête menée du 22/11 au 17/2018 auprès de 609 maires (représentatif des maires des communes de France métropolitaine), seuls 15% des maires affirmaient avec certitude qu’ils se représenteraient, 27% le pensaient probablement.

Des maires sortants encore le plus souvent plébiscités

L’étude  » Les Français et leur maire  » de l’IFOP auprès des électeurs français déjà citée plus haut dans cet article, révèle le taux de satisfaction ou de mécontentement des habitants quant au travail accompli par le maire et son équipe depuis mars 2014 : 63% des français interrogés indiquent être satisfaits, 62% estimant que la municipalité avait tenu ses engagements sur le mandat.

A la question « Souhaitez-vous que le maire de votre commune se représente lors des prochaines élections municipales en 2020 ? », en moyenne 58% des français interrogés dans cet échantillon ont répondu « oui« . Un pourcentage qui chute à 49% pour les électeurs résidents dans la ville centre, mais qui reste aux alentours des 60% dans les communes situées en banlieue des grandes villes.

L’abstention : arbitre mais grande inconnue pour l’instant

Quel sera le taux d’abstention pour les municipales 2020 ? Mystère pour le moment, à 100 jours des élections et Noël arrivant, les préoccupations des citoyens sont ailleurs.

De nombreux événements peuvent encore survenir au cours de cette période, que ce soit localement pour les candidats (révélations, mises en examen, alliances, phrases de trop, surprises…) ou pour les communes (incidents majeurs, négligences avérées…) mais aussi nationalement (réforme des retraites, actes de terrorisme en province, situation économique…) et même internationalement (conséquences géopolitiques, polarisation des débats, réactions de dirigeants de partis…).

A titre d’illustration, pour la ville de Metz, le taux d’abstention au 2nd tour en 2008 était de 47,64%, il est apparu en légère baisse à 47% pour le second tour de 2014 (50,08% au 1er tour).

Quand on sait qu’une liste peut se maintenir dès lors qu’elle a recueilli plus de 10% des votants, cela signifie sur cette simple base, qu’à Metz (env. 72.000 inscrits) une liste pourra vouloir aller au bout du second tour à partir de 3.800 bulletins glissés dans l’urne au 1er round. On retiendra aussi que les listes ayant obtenu au moins 5% des suffrages exprimés peuvent fusionner avec une liste ayant obtenu plus de 10%.

Enfonçons une porte ouverte : cela signifie que plus l’abstention sera importante, plus un petit nombre de votants pourra faire entrer « ses » élus au conseil municipal, ou même remporter la ville sur une répartition des votes en sa faveur face à des opposants divisés et sans « leader » marqué.

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