Le jeudi 20 novembre 2025, veille de l’ouverture du marché de Noël, l’ambiance n’était pas à la fête au conseil municipal de Metz, où a été mené le traditionnel débat d’orientation budgétaire (DOB) pour l’exercice 2026. Si la majorité a vivement défendu ses orientations, les critiques ont fusé du côté des oppositions.

La politique nationale s’est invitée au cœur des débats dès les premiers échanges. Les élus de la majorité dénonçant le désengagement de l’État. « L’adoption du projet de loi de finances 2026 reste pour l’instant incertaine, tout comme les mesures qui figureront dans le texte final en raison de l’instabilité politique », a rappelé Éric LUCAS, adjoint aux finances et rapporteur du point.
La hausse subie des cotisations retraite (CNRACL) devrait alourdir la facture de la collectivité de 1,2 million d’euros, et à cela s’ajoute la possible suppression du Fonds de compensation pour la TVA (FCTVA), et le risque d’une baisse des dotations de l’État. Le budget primitif 2026 est donc marqué par de grandes incertitudes.
Selon les projections de la collectivité, les dépenses atteindraient 241 millions d’euros, soit une baisse de 4,5 millions (-1,81 %) par rapport à l’exercice précédent. Si les dépenses de fonctionnement connaissent une très légère progression (+0,23 %) en raison de la hausse de la masse salariale, la section d’investissement accuse un recul. Elle s’élève à 70 millions d’euros, soit 4,9 millions de moins qu’en 2025 (-6,59 %).
Si la collectivité propose un budget primitif à l’équilibre, une baisse des recettes globales est aussi à noter.
Les recettes réelles de fonctionnement atteindront 194,3 M€, en baisse de 4,1 M€ (- 2,09 %), et les recettes réelles d’investissement hors emprunt se situeront autour de 15,4 M€, observant un retrait de 9,8 M€ (- 38,94 %) par rapport au BP 2025.
extrait du rapport d’orientation budgétaire 2026
Ce budget comprend donc un emprunt d’équilibre à hauteur de 31 millions d’euros. L’épargne brute passerait donc à 23 millions d’euros, en baisse de 4,6 millions par rapport à 2025. Aucune hausse d’impôt n’est prévue.
Une gestion budgétaire remise en question par l’opposition, et défendue par la majorité
Marie Claude-VOINÇON, la représentante du Rassemblement National au conseil municipal, s’inquiète du nouvel emprunt d’équilibre prévu par la majorité :
« C’est une vraie déflagration, avec un encours de la dette de 135 millions au 31 décembre 2025. Face à ce contexte nous considérons que la stratégie financière proposée manque de prudence. Oui, il faut investir, mais investir sans hiérarchiser des priorités c’est faire peser sur les prochaines années un endettement qui pourrait devenir difficilement soutenable. »
Elle appelle aujourd’hui la municipalité à « revoir sa copie » et lutter plus efficacement contre le gaspillage de ressources.
Selon Jérémy ROQUES, président du groupe Unis pour Metz, si la majorité se présente en bon gestionnaire, il n’en est rien dans les faits :
« Même si notre capacité de désendettement reste en deçà de la moyenne nationale, au cours de votre mandat nous n’aurons fait que nous en rapprocher. D’une situation financière exemplaire, citée dans tous les médias, nous passons à une situation moyenne et cela malgré le doublement des dividendes UEM et la hausse des impôts fonciers. »
Il pointe du doigt une gestion court-termiste de la ville et insiste sur le besoin d’investir pour la transition écologique, la lutte contre la vacance des logements et l’aide aux plus précaires.
Son collègue Denis MARCHETTI dénonce quant à lui une inégalité sur l’imposition entre les habitants de Metz et ceux du reste de la métropole. « L’effort fiscal appliqué aux Messins est supérieur de 36 % à la moyenne des communes de la métropole », explique-t-il.
« Monsieurr Roques nous indique 92 millions de dette lorsque Dominique Gros a quitté la mairie et 136 aujourd’hui, ce qui nous fait arriver à 44 millions. Il omet de partir du départ. 12 millions d’euros de dette à l’arrivée de Dominique Gros, rapportés à 92 millions à la fin de son mandat, c’est 80 millions de hausse, et on nous reproche 44. »
Eric LUCAS
« 130 millions d’euros ont été investis sur la rénovation du patrimoine et uniquement 21 millions sur des projets structurants neufs », précise-t-il. Selon lui, cet équilibre est dû à la « dette grise » laissée par un sous-investissement dans l’entretien du bâti lors des mandats précédents.
« On est arrivé dans une situation où on a constaté la dilapidation des finances de la ville, la grande braderie des biens municipaux et l’abandon du patrimoine et ça dans un contexte de Covid », abonde le maire de Metz. D’une estimation de 90 millions en début de mandat, les dépenses pour la rénovation du patrimoine municipal (édifices, écoles, mairies de quartiers, etc…) ont finalement grimpé à 130 millions entre 2021 et 2025, indique la majorité.
François GROSDIDIER réfute également l’accusation de mauvais gestionnaire. « On a augmenté la dette de 50 % certes, mais on a doublé l’épargne brute. Dans cette dette que nous avons augmenté c’est pour des investissements nécessaires. On a renoncé à certains projets, on a fait aucune dépense fantaisiste », affirme-t-il.
Les échanges reprendront à l’occasion du vote du budget. L’adoption ou non du budget de l’État pourrait alors venir s’immiscer de nouveau dans les débats sur les finances de la collectivité.