Les représentants d’Holosolis, la future usine de fabrication de panneaux photovoltaïque qui va être construite à Hambach, étaient présents ce mercredi 8 novembre 2023 au Moselle Open pour présenter leur projet aux acteurs politiques et économiques mosellans.
Avec plus de 18 hectares de bâtiments, 1700 emplois prévus et un investissement de plus de 700 millions d’euros, Holosolis Hambach doit devenir la plus grande usine photovoltaïque d’Europe.
Annoncé en grande pompe par le président de la République, Emmanuel Macron, lors du sommet Choose France de Versailles le 15 mai 2023, le projet Holosolis prend forme et franchit les étapes pour s’approcher progressivement, mais rapidement, de sa phase opérationnelle.
L’entreprise, qui attend encore la validation des permis de travaux, espère lancer la construction en 2024 pour un début de production en 2025, et une arrivée à pleine capacité en 2027.
À terme, l’usine doit produire 10 millions de panneaux solaires par an, l‘équivalent d’un million de logements équipés chaque année. Côté puissance, cette surface permettrait de produire 5 GigaWatts d’énergie, c’est-à-dire à peu près l’équivalent d’une centrale nucléaire.
Holosolis veut contribuer à la souveraineté énergétique européenne
La crise du Covid et la guerre en Ukraine ont profondément impacté les pays européens, en faisant au passage ressortir leur dépendance énergétique par rapport aux pays d’Asie pour le photovoltaïque, du Moyen-Orient, et à la Russie, pour ce qui concerne le gaz. En Europe, plus de 1000 milliards d’euros partent ainsi chaque année à l’étranger pour acheter de l’énergie, ce qui ajoute un appauvrissement grandissant à la dépendance.
Les énergies renouvelables apparaissent comme la solution idéale pour retrouver une souveraineté énergétique, tout en participant à la transition écologique. Mais, à l’heure actuelle, l’écrasante majorité des panneaux photovoltaïques installés en France et en Europe proviennent de Chine. Un comble quand on sait que la technologie a été découverte par un français (Edmond Becquerel) en 1839.
Avec l’amélioration de la technologie (« qui n’a pas besoin de soleil mais juste de lumière » pour produire de l’énergie), l’intérêt économique s’est amélioré, faisant du photovoltaïque (si l’on en croit Jan Jacob BOOM-WICHERS, président d’Holosolis) la technologie énergétique la moins chère, et qui pourrait à terme supprimer la dépendance à la Chine pour être fabriquée en Europe.
Jan Jacob BOOM-WICHERS présente à notre micro la future usine d’Hambach et les objectifs de la société :
Alors que la demande en énergie solaire va potentiellement doubler, voire tripler, d’ici 2030 au sein de l’UE, les projets d’usines européennes se multiplient. L’Union européenne s’est saisie de la question et a fait évoluer le cadre légal pour favoriser la production intra-européenne.
Selon ces nouvelles règles en cours de déploiement, en 2030, 40 % des panneaux photovoltaïques installés en Europe devront provenir d’Europe. La production de panneaux photovoltaïques sur le territoire européen n’en est donc qu’à ses débuts. Holosolis, groupe à l’actionnariat 100 % européen, veut s’inscrire comme pionnier de la production solaire européenne, en y construisant la plus grande usine de production d’Europe.
Reste cependant à régler le souci de l’approvisionnement en matériaux. Si celui-ci (la silice, qui vient du sable) est bien disponible dans les sous-sols européens, il n’y a malheureusement quasiment aucune unité de production implantée dans l’UE. C’est donc toute une filière qui est à construire, un peu à l’image de celle des batteries de véhicules qui se déploie de façon accélérée, pour permettre à une usine telle que celle d’Hambach de couper le cordon avec la Chine à laquelle elle devra encore acheter sa matière première, au moins dans un premier temps, un autre comble.
Le pari des collectivités pour la réindustrialisation
Le site d’Hambach était en concurrence avec près de 40 sites en France et en Europe, mais la société Holosolis a finalement choisi la Moselle pour y établir son usine. Le soutien de l’État français et des collectivités locales n’y est pas étranger, notamment via l’accélération des procédures en donnant la possibilité de les réaliser de façon simultanées et plus uniquement successives.
Mais un autre argument de poids a joué un rôle déterminant avant cela. Celui de l’existence d’un site industriel clés en main exploitable sans délai. Un témoignage de la culture industrielle qui existe toujours en Moselle tel que l’a souligné le président d’Holosolis, et dans le même temps un pari sur le futur fait par des élus à la fin des années 90 en préparant l’arrivée potentielle d’un projet, sans savoir s’il y en aura un qui viendra s’implanter un jour.
Et ce jour est arrivé. La communauté d’agglomération Sarreguemines Confluences avait préparé le terrain en menant des investissements stratégiques pour permettre aux futurs industries de s’installer sur un Europôle prêt à l’emploi. La position de la Moselle, située au cœur de l’Europe, et sa tradition industrielle, ont fini par convaincre le groupe Holosolis.
Patrick WEITEN, président du département de la Moselle, évoque à notre micro l’importance d’Holosolis pour le territoire mosellan, et son souhait de poursuivre la préparation d’autres friches industrielles :
Après une année record avec 1,3 milliards d’euros investis en Moselle en 2021/2022, l’investissement industriel dans le département s’élèvera à 1,8 milliard d’euros en 2023. Une dynamique que le président du département souhaite amplifier.
Après l’abandon du projet Rec Solar fin 2022, déjà une entreprise de panneaux photovoltaïques qui promettait de créer 2 500 emplois à Hambach, la Moselle tient enfin son grand acteur de l’industrie solaire et souhaite désormais capter dans son sillage autant l’ecosystème qui va se créer autour d’Holosolis, que les autres projets industriels à la recherche d’un territoire pour les accueillir et s’y développer.
