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A Metz, les motards ont défilé pour dire « non » au contrôle technique

A Metz comme un peu partout dans le pays, la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC) avait appelé ses adhérents et tous les autres motards à une manifestation itinérante les 10 et 11 avril 2021, afin de dénoncer la volonté de l’Europe d’imposer des contrôles techniques (CT) aux motos, via un texte (la directive 2014/45/UE) qui ne tiendrait pas compte de la réalité des pratiques et du marché.

Comme ce fut également le cas à Nancy, 300 à 400 motards se sont mobilisés sur le secteur messin ce samedi 10 avril 2021, se donnant rendez-vous devant un magasin de motos de la ZAC d’Augny pour rejoindre la place de la comédie à côté de la préfecture de la Moselle, après un passage devant quelques enseignes de contrôle technique… le tout sous la surveillance de leurs alter ego motards de la Police Nationale.

Une mobilisation plutôt conséquente donc, les conditions météo n’ayant pas découragé les participants, qui ont pour la plupart utilisé leurs casques de moto en guise de masques anti-covid, en plus du respect de la distanciation et des gestes barrière, comme le souhaitait la FFMC.

Pour quoi « non au contrôle technique » pour les motos ?

Il pourrait paraître surprenant que les motards, qui sont bien plus exposés aux dangers sur leurs deux-roues motorisés (2RM) que les voitures, qui elles, ont un contrôle technique régulier qui leur est imposé par la loi pour pouvoir utiliser les routes, soient ceux-là même qui ne souhaitent pas que leurs motos soient vérifiées du point de vue de la sécurité.

Ce que pensent et ce que disent les représentants de la FFMC en Moselle, au sujet de la directive européenne sur le contrôle technique des motos

Le désaccord part déjà d’un constat d’inutilité. Si l’on en croit la FFMC, les études réalisées sur le sujet montrent que l’état technique des deux-roues motorisés est une cause d’accident rare. Le rapport MAIDS cité par l’organisation fait état de 0.3 % des accidents étudiés, où un problème technique sur la moto serait en cause.

Oublié ou ne tenant pas compte de la réalité, le texte de Bruxelles pose également de grandes difficultés pour les modifications apportées par les préparateurs motos spécialisés aux deux-roues qui leur sont confiés. Pot d’échappement, redesign ou changement de position d’éléments (clignotants, rétroviseurs, etc…) permettent que chaque moto, bien qu’ayant la même base, soit finalement différente. Or cette économie qui constitue également un facteur de motivation d’achat et de plaisir des motards, seraient mis en grand danger du fait de la nécessité de standardisation imposé par le contrôle technique.

Au-delà de ces aspects, la fédération des motards en colère point du doigt une cause bien moins reluisante que la sécurité des personnes :

« La FFMC appelle à manifester contre le CT moto ces 10 et 11 avril, c’est bien pour dénoncer le scandaleux lobbying des opérateurs de contrôle technique ! Ces opérateurs, qui bénéficieraient financièrement d’un CT moto, sont les mêmes qui font tout pour que le parlement européen le mette en place : ils sont donc juges et parties ! C’est inadmissible ! »

communiqué de la FFMC du 06 avril 2021

Mise en place au 1er janvier 2022, contre l’avis de la France ?

En France, l’assemblée nationale et le Sénat ont voté contre le contrôle technique moto. Au niveau européen, la France a défendu cette position de refus devant le parlement européen, mais sans suffisamment emporter d’avis de son côté.

C’est ainsi que la directive 2014/45/UE, qui préconise la mise en place d’un contrôle technique moto à compter du 1er janvier 2022 en Europe a été votée à Bruxelles.

Cette directive prévoit cependant une possibilité d’y déroger. Et la FFMC souhaite se faire entendre par le type d’actions de ce weekend car, justement, cette possibilité de déroger à la directive européenne semblerait être exploitable. Elle s’appuie, en résumé, sur la possibilité de ne pas imposer de CT si le nombre d’accidents a baissé dans le pays en vertu de mesures prises à cet égard.

La FFMC a donc fait les comptes. Pour elle, des mesures « alternatives » pour améliorer la sécurité routière des deux-roues motorisés (2RM) ont été prises en France, et il est possible de démontrer que l’accidentalité 2RM a baissé :

Bien des mesures ont été prises en France en vue de faire baisser l’accidentalité 2RM. En particulier, le permis moto a fait l’objet d’une refonte complète, mise en place courant 2020. La FFMC et l’AFDM (association pour la formation des motards), qui défendent l’idée que l’éducation et la formation sont primordiales, y ont activement participé.

Bien d’autres mesures, pas toujours avec l’accord de la FFMC d’ailleurs, ont été prises dans ce but. Au final, malgré une augmentation notable du parc roulant des 2RM, l’accidentalité a bel et bien baissé !

Dans ces conditions, pourquoi mettrait-on en place un CT moto en France ?

Communiqué de presse de la FFMC du 06 avril 2021

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