Politique & social

Les élus tentent d’imaginer les 25 prochaines années de Metz Métropole

À l’occasion du conseil communautaire du 8 juillet 2025 les élus ont débattu de l’avenir de la collectivité. Après avoir élaboré les contours d’un « socle métropolitain » en 2017, il est apparu évident que suite à la crise sanitaire, l’émergence de l’intelligence artificielle et la menace grandissante du changement climatique, il fallait revoir la copie. Si tous s’accordent sur le besoin de « prévoir demain », les échanges ont été houleux. 

Tout-Metz vous propose de mieux comprendre en quoi consiste cette « Stratégie métropolitaine 2030-2025 » officiellement votée par les élus de la majorité.

Photo du conseil métropolitain du mercredi 8 juillet 2025.

Depuis septembre 2023, les services de la métropole travaillent à la création d’un document stratégique, une « vision globale » traitant de tous les sujets en transversalité. Les élus métropolitains et les maires des 46 communes ont tout d’abord été sollicités avant le lancement de plusieurs consultations de membres des comités de quartier, des conseils de ville, dont celui des seniors et des enfants. 

Ont également été consultés les acteurs de l’économie comme la Chambre de commerce et d’industrie, la Fédération du BTP, l’Union des entreprises de Moselle et bien d’autres. 

Afin d’entendre la voix des citoyens, un sondage a également été réalisé du 21 février 2024 au 1 er mars 2024 auprès d’un millier d’habitants. Ce sondage a permis de réaliser une photographie de notre métropole à l’instant T, et de se projeter dans l’avenir. 800 personnes ont été interrogées par téléphone et 200 par mail. Ce sondage a été complété par un questionnaire en ligne, ouvert en mai 2024 et articulé autour des questions posées aux élus métropolitains et municipaux. 

document du conseil métropolitain du mardi 8 juillet 2025

Anne FRITSCH-RENARD en charge de l’élaboration de la stratégie a dressé le portrait d’une société crispée, qui ne rêve plus comme avant. « Le contexte a été bouleversé ces dernières années. On sent moins d’enthousiasme et de dynamisme quand on imagine le futur », indique-t-elle. Le logement et les transports s’affichent comme les premières préoccupations des habitants de la métropole. 

« On est arrivé à la conclusion que finalement pour que cette stratégie parte sur les bonnes bases, il faut que les gens se sentent heureux et qu’on réussisse à obtenir un point qui va les rassurer, les aider. C’est ainsi qu’on a défini ce plan, cette structure, que l’on veut protectrice, proche, prévoyante, prospère, naturelle et culturelle. »

déclaration de Anne FRITSCH-RENARD, 16ème vice-présidente déléguée Stratégie métropolitaine

Où va la métropole ? 

La stratégie présentée au sein du document se résume en trois promesses : une métropole « protectrice et proche », une métropole « prospère et prévoyante », une métropole « naturelle et culturelle ».

Prenant en compte les réalisations du mandat, elle dresse des pistes. Certaines ambitions sont claires et chiffrées. D’autres apparaissent plus comme des lignes directrices ou de simples prévisions. Le document n’a pas vocation à être suivi à la lettre par la majorité, mais à donner un cap, une vision globale, qu’il appartient aux responsables de suivre, ou d’amender en fonction des réalités politiques, économiques ou financières.

« L’enjeu n’est pas de savoir si ces changements auront lieu, mais comment nous prendrons ensemble ce virage », indique la conclusion du rapport.

Une métropole « protectrice et proche »

Le premier axe se consacre au besoin de logement, à la question de la sécurité, mais traite aussi des questions d’alimentation et de commerces de proximité. La crise du logement doit être endiguée par la rénovation massive des logements vétustes, la lutte contre la vacance et les nouvelles constructions. L’objectif est de garantir l’accès à un logement abordable sur les deux décennies à venir alors que la métropole pourrait accueillir 7 000 habitants supplémentaire à l’horizon 2030 et 12 000 d’ici 2050.

Sur la question sécuritaire, le développement de la nouvelle police métropolitaine, de la vidéosurveillance et l’utilisation de l’intelligence artificielle sont vues comme des nécessités. Le Centre de supervision urbain sera amené à être une pierre angulaire de la sécurité à Metz et sur sa métropole. « En 2050, notre police métropolitaine comptera plus de 50 agents et 3 brigades cynophiles », indique le document (page 13).

Photo du CSU métropolitain.

Pour encourager le développement d’une production agricole de proximité, la part des achats en circuit court réalisés par la métropole de Metz est appelée à évoluer considérablement. Elle se situe actuellement à 5 %. La stratégie prévoit de porter ce chiffre à 15 % en 2030 puis à 30 % en 2050. Une trajectoire qu’il faudra concrétiser alors que près d’un tiers des agriculteurs ont actuellement plus de 55 ans. Le Projet Agricole de Territoire (PAT) de la métropole vise notamment à répondre à ces enjeux.

Concernant les commerces de proximité, l’idée est de faire vivre les centres-villes en contribuant à leur attractivité afin que les clients viennent avant tout « flâner, boire un café, se détendre sur un banc ombragé » avant de se diriger vers les commerces. Une offre de stationnement accessible et une gestion toujours plus qualitative des déchets sont également vus comme des axes de travail.

Une métropole « prospère et prévoyante »

Ce deuxième pilier place l’emploi, la formation, la santé et la mobilité au cœur de la stratégie de la collectivité. Une priorité est établie : garder les jeunes talents sur le territoire. L’ambition est de renforcer le pôle d’enseignement supérieur, notamment dans des filières d’excellence comme l’ingénierie et la photonique, et d’obtenir l’ouverture d’une école vétérinaire, actuellement dans les cartons.

Pour lutter contre le dérèglement climatique, la stratégie métropolitaine prévoit de développer les énergies renouvelables (solaire, biogaz), d’étendre le réseau de chaleur urbain, de planter 10 000 arbres par an, et de protéger la ressource en eau en désimperméabilisant les sols, en lien avec le Plan pluie, adopté officiellement ce mardi 8 juillet 2025.

Chaîne YouTube de l’Eurométropole de Metz

Garantir un accès au soin pour tous apparaît comme une priorité. Le document précise (page 33) que si l’offre médicale libérale sera « en tension en 2030 », la formation de médecins supplémentaires permettra de résoudre le problème à long terme.

L’objectif fixé est particulièrement ambitieux :

En 2050, chaque habitant de l’Eurométropole disposera d’un médecin traitant à moins de dix minutes d’un panel diversifié de spécialistes à moins de quinze minutes de son domicile.

Au vu des conurbations existantes, le bassin de vie métropolitain est amené à s’étendre vers les intercommunalités du nord lorrain et jusqu’au Grand-Duché de Luxembourg. La stratégie fait référence à de potentielles lignes F et G du Mettis qui pourraient être en 2050 supra-métropolitaines (page 35).

Carte de l’Aguram (page 38)

La capacité des lignes ferroviaires entre la France et le Luxembourg devrait dans le même temps avoir doublé, tandis que l’A31 Bis devrait venir fluidifier le trafic.

Une métropole « naturelle et culturelle »

La troisième partie de la stratégie met le « bonheur du quotidien » au centre des préoccupations, en pensant une métropole où il fait bon vivre grâce à son cadre de vie et aux activités qu’on y retrouve. Depuis la crise Covid, le besoin de nature en ville est plus fort que jamais. Dans cette optique, des projets d’aménagement sont prévus pour valoriser le Mont-Saint-Quentin et les étangs de Saint-Rémy.

Carte de l’Aguram (Page 44)

Les jeunes Messins devront être formés dès le plus jeune âge à l’écologie pour prendre conscience des enjeux. Le pavillon de la biodiversité du musée de La Cour d’Or et les Récollets, nouveau « haut lieu » de l’écologie urbaine, sont deux outils qui pourront être utilisés en ce sens.

Metz se voit comme une capitale européenne de la culture à l’horizon 2050 en s’appuyant sur ses grands acteurs comme le Centre Pompidou-Metz et l’Opéra-Théâtre, actuellement en cours de rénovation. L’obtention du label « Ville et Pays d’Art et d’Histoire » pour l’ensemble de la métropole est en projet.

Cette distinction doit contribuer à mettre en lumière le petit patrimoine des communes encore méconnu.

Carte de l’Aguram (page 52)

Surfant sur une dynamique positive et de bons résultats en 2024, Metz, sa métropole et la Moselle doivent s’imposer comme une destination touristique de premier plan :

Nous consoliderons un tourisme « quatre saisons » qui ne s’arrête pas à l’été culturel et aux marchés de Noël de l’hiver.

Page 51 de la stratégie métropolitaine

La métropole de demain est aussi une terre de sport avec des clubs forts et des infrastructures de qualité. Après celle de Woippy, une deuxième piscine métropolitaine devrait voir le jour sur le Sud de la collectivité. « En 2050, l’Eurométropole de Metz sera une référence nationale en matière de sport/santé », indique la stratégie (page 47)

La conclusion est intitulée une métropole « européenne et innovante ». La collectivité veut assumer pleinement sa position frontalière dans les décennies à venir avec une coopération continue avec le voisin luxembourgeois et la Sarre, au point d’être reconnue comme modèle européen.

Les visions s’opposent 

Si tous les groupes politiques ont salué le bien-fondé de l’exercice, le débat autour de la stratégie s’est révélé particulièrement animé. Pendant plus d’une heure et demie les prises de paroles se sont multipliées, chacun évoquant l’un ou l’autre point de la stratégie.

« Il est évoqué des lignes F et G du Mettis, mais rien n’est dit sur les D et E », s’interroge Jérémy ROQUES, président du groupe Unis pour Metz. Il a dans le même temps critiqué un double discours sur la question écologique, dénonçant un Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi) bétonnisateur en contradiction avec les enjeux de préservation des sols et de développement d’une agriculture en circuit court.

« Vous êtes dans une posture de confrontation permanente. Nous, nous faisons de l’écologie concrète et réaliste, pas idéologique », lui rétorque François GROSDIDIER, président de la métropole.

Marie-Claude VOINCON, du Rassemblement national, félicite les services pour cette « base de travail sérieuse », mais regrette « qu’il n’y ait aucun plan de financement clair » des mesures évoquées au sein de la stratégie.

Les questions sécuritaires, universitaires, démographiques et les mobilités ont animé les débats, sans qu’aucun consensus n’émerge. À moins d’un an des prochaines municipales, l’heure est à la crispation des débats. 

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