L’Urssaf a convié la presse à son traditionnel point presse annuel sur la situation économique de la Lorraine le vendredi 23 mai. Un bilan détaillé pour l’année 2024 a été présenté. Le constat est sans appel : si la situation nationale n’est pas reluisante, la Lorraine est plus touchée que la moyenne.
Retour sur quelques chiffres clés.

En France, l’emploi salarié est en recul sur l’année 2024. « Sur un an, le pays a perdu 23 000 postes salariés, soit -0,1% du total. En Lorraine, c’est pire. On compte 4 400 postes en moins, soit -0,8% », détaille Christophe FRANCESCHI, directeur régional de l’Urssaf Lorraine. La Moselle et les Vosges sont les départements les plus fortement impactés avec une diminution de 1% du nombre d’emplois salariés sur l’année. Suivent les départements de la Meuse (-0,7%) et la Meurthe-et-Moselle (-0,5%).
Certains secteurs sont en souffrance. Les pertes les plus significatives concernent l’intérim avec une diminution de -9,7% des effectifs, soit 2 330 postes de moins. En Moselle, c’est une diminution de -14,6 % qui est à signaler.
La construction accuse une baisse notable : 1 100 postes ont été supprimés en 2024 en Lorraine, soit une baisse de -2,4%. « On est sur une tendance enclenchée depuis fin 2022 », précise Laurence OUDOT, correspondante statistique régionale à l’Urssaf Lorraine.
L‘industrie n’est pas épargnée avec plus de 710 postes en moins. Une baisse de -0,7% des effectifs qui se traduit notamment par des pertes d’emploi dans l’automobile et la métallurgie. Les pertes d’emplois touchent également les services (-600 postes) et le commerce (-310 postes).
Seul le secteur de l’hébergement-restauration tire son épingle du jeu. Il affiche une hausse de 620 emplois sur un an, soit +1,9%. Selon les indications de l’Urssaf, les nouveaux postes sont majoritairement à attribuer au dynamisme de la restauration, qui se remet après des années compliquées liées à la crise sanitaire.
Les indicateurs observés traduisent une dégradation du marché de l’emploi en Lorraine. La diminution drastique du nombre d’intérimaires est d’autant plus inquiétante qu’elle est généralement un indicateur avancé sur la situation de l’emploi. « Quand une entreprise anticipe une baisse d’activité, elle commence par réduire l’intérim avant de toucher aux CDI », explique Christophe FRANCESCHI.
Son intervention est à écouter ci-dessous :
Un facteur qui lui peut paraître rassurant : les déclarations préalables à l’embauche (DPAE) sont en hausse de +4% sur un an en Lorraine. La Meuse connaît certes une diminution (-1%), mais la Moselle et les Vosges (+4%) et la Meurthe-et-Moselle (+5M%) sont en dynamique.
Le phénomène est provoqué par une recrudescence des contrats courts avec +9% pour les CDD de moins d’un an. Au contraire, les embauches en CDD ont baissé de -4% sur un an. « Leur volume reste supérieur de 21% à celui de 2019 », nuance l’Urssaf Lorraine.
Focus sur l’emploi agricole
Les représentants de la Mutualité sociale agricole (MSA), sécurité sociale agricole, étaient eux aussi présents au point presse pour apporter un complément au rapport de l’Urssaf, qui n’intègre pas le domaine agricole.
Une progression encourageante est observée. Le rebond du nombre de salariés agricoles entamé en 2023 se poursuit. Fin septembre 2024, l’évolution était positive avec des effectifs de +3,9% en Lorraine, contre +6% au niveau national.
Les explications de Arnaud HUET, directeur général MSA Lorraine :
Au premier trimestre 2025, 2893 déclarations d’embauche préalable ont été enregistrées dans le secteur, soit une baisse de -4,6% par rapport au premier trimestre de l’année précédente. L’évolution est donc à surveiller.
L’auto-entreprenariat en vogue
Dans le même temps, le nombre de travailleurs indépendants poursuit sa croissance avec une hausse de +5,8% en Lorraine, et de +6,6% en Moselle. Cette hausse est portée par l’explosion du nombre d’auto-entrepreneurs en hausse de 13,2%, portant le total à 66 350 en Lorraine. Le nombre de travailleurs indépendants classiques est en légère augmentation à + 0,6%, pour un effectif de 46 800 fin 2024.
Ces signaux positifs sont à relativiser. Le revenu moyen d’un indépendant « classique » est de 47 500 € tandis que celui d’un auto-entrepreneurs est de 7 000 €. L’auto-entreprise est souvent utilisée comme complément d’une activité principale.
« Un étudiant qui veut donner des cours particuliers peut en quelques clics devenir auto-entrepreneurs. S’ils décident finalement de ne pas le faire après avoir créé son compte, son profil reste actif deux ans avant clôture », développe Christophe FRANCESCHI. 40 % des auto-entreprises sont en réalité inactives et ne réalisent aucun chiffre d’affaires.