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Donald, intermittent du spectacle passionné (portrait)

L’été donne les pleins pouvoirs aux manifestations culturelles en tout genre, et dans le cadre de notre série de portraits sur les lorrains exerçant des métiers de l’été, nous vous emmenons dans les coulisses.

Donald, messin de 33 ans, est un des nombreux travailleurs de l’ombre, sans qui les concerts et festivals ne verraient pas le jour. Il a mis un pied dans le milieu du spectacle il y a 15 ans. Ce boulimique de travail a toujours eu une vie à 100 à l’heure.

Photo : DM
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Avant de se consacrer exclusivement au métier d’intermittent du spectacle, sa passion, il était chauffeur poids-lourd la semaine. Les week-ends, il les passait à monter et démonter des scènes et a finalement choisi, il y a un, de s’y consacrer pleinement.

Peux-tu te présenter en quelques mots et retracer brièvement ton parcours académique et/ou professionnel ?

« A l’origine, j’ai un bac professionnel vente, mais je n’ai jamais exercé dans le milieu. Je me suis rabattu très rapidement sur le transport et la manutention. J’ai également fait quelques sessions d’intermittent du spectacle.

J’ai travaillé en tant qu’ouvrier de presse, dans la boîte à messagerie, dans une charcuterie, j’ai un peu tout fait en somme. Par la suite, j’ai bossé dans le transport puis j’ai fini par reprendre l’intermittence. »

Qu’est-ce qui t’a poussé vers le monde de l’intermittence ? Est-ce une histoire de famille ?

« On ne fait pas ce choix de vie sans être passionné de musique. Quand tu finis un festival, tu es exténué, mais tu tires une certaine satisfaction du travail accompli, et cela, la personne lambda ne le voit pas.

Je suis le vilain petit canard de la famille, personne n’est dans le milieu. »

Faut-il être nécessairement musicien pour être intermittent du spectacle ?

« Tout technicien est un musicien transi, on est tous fans de musique à la base. Chacun monte son projet, met sa pierre à l’édifice. Moi je travaille comme technicien plateau aux côtés du groupe Abstract Sound Project, deux DJ messins qui font des live en 3D. On a entre autre joué à la dernière Nuit Blanche à Metz et récemment à Paris, à la Gaîté Lyrique »

Le métier d’intermittent du spectacle « saisonnier » diffère-t-il de celui d’intermittent professionnel ?

« J’ai eu du bol car j’ai connu assez vite de gros techniciens, ceux qui font Khaled ou Dubosc. J’ai donc eu rapidement des responsabilités, mais généralement, quand tu es saisonnier, tu en as moins.

Dans 90% des cas, le travail est le même, que ce soit au niveau des horaires ou des compétences. Soit tu fonctionnes en contrat intermittent, soit en association, soit bénévolement, ce que j’ai beaucoup fait.

Dans le premier cas, tu as des cachets normaux. Quand tu es lié à une association, tu es en CDD et en tant que bénévole, tu n’es pas payé, mais comme tu connais le boulot, on va te donner plus de responsabilités qu’un bénévole lambda »

Photo : DM
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Peux-tu nous décrire une journée type sur un festival ?

« Ca dépend du festoch, je n’ai pas le même rôle quand je bosse au JDM que quand je fais quelque chose aux Trinitaires, par exemple. Au JDM, je suis en régie du site, je commence très tôt le matin, entre 7h et 8h. A Zikametz, je suis technicien plateau, donc les journées ne sont pas les mêmes, elles ne se terminent pas à la même heure, et d’une journée à l’autre, tu ne fais pas le même boulot.

Il n’y a jamais de journée type, à part quand je pars avec un groupe comme Abstract Sound Project par exemple. L’horaire va être différent mais je sais exactement ce que j’ai à faire

Sur Zikametz, je suis régisseur plateau. Là par contre, c’est moi le responsable de tout ce qui se passe au niveau de la scène. C’est à moi de faire en sorte que les groupes balancent à l’heure et jouent à l’heure. Il ne faut pas qu’il y en ait un qui termine 20 minutes après, parce que si tu prends 20 minutes sur un groupe, l’autre veut prendre encore 5 minutes et ainsi de suite. On peut facilement perdre 1h voire 1h30, c’est déjà arrivé. »

Pour les festivaliers, tu exerces un métier rêvé, car tu rencontres constamment des artistes. Quel rapport entretiens-tu avec eux ?

« Il faut rester pro dans tous les cas, ne jamais faire la groupie. Sur de gros évènements, tu lies rarement des relations autre que professionnelles, mais sur des évènements comme Zikametz, le festival local, il m’est arrivé de faire la fête avec le groupe. »

Quels sont les festivals ou concerts sur lesquels tu as travaillé récemment ?

« J’ai fait le JDM à Bulligny le week-end du 6 juin, puis j’ai enchaîné deux dates de Christophe Maé, le 28 mai au Galaxie d’Amnéville et le 10 juin au Zénith de Nancy. J’ai travaillé sur un Tremplin Zikametz, sur un spectacle du festival Cabanes. Je bosse aussi régulièrement avec le collectif Paradigme, je fais d’ailleurs partie de ceux qui l’ont créé.

En juillet, j’ai aussi bossé sur la Splash Attack en tant que régisseur. C’était une première pour moi, je n’avais jamais été le big boss d’un événement avant ça. Il faut parfois être le « méchant » du groupe, mais j’adore ça ! J’aime aller au conflit.

Ce que j’aime bien dire aux gens ou à ma famille, c’est que le nombre de concerts que je fais sur un an, c’est le nombre de concerts auxquels ils assistent sur toute une vie »

[note color= »#ffb9c1″] L’ANECDOTE :
Se retrouver deux jours avant le début d’un festival avec de mauvais groupes électrogènes, c’est le risque en tant qu’intermittent du spectacle. Donald l’a déjà expérimenté. On rencontre toujours des problèmes, le but est de le résoudre. Comme il le dit si bien, « the show must go on » quoiqu’il arrive.[/note]

Dans l’imaginaire populaire, l’été est la période où les intermittents travaillent le plus. Est-ce un mythe ou une réalité ?

« C’est totalement une idée reçue. L’été représente 10% de notre activité. Tu enlèves les gros évènements, comme le JDM, les Eurockéennes, les Solidays, les Vieilles Charrues, les Francofolies, il ne reste plus grand chose. Généralement, à cette période, l’intermittent se retrouve avec un mois, un mois et demi sans boulot. »

Si Donald exerce un métier qui le passionne, il nous confie cependant, et en toute décontraction, que la vie privée d’un intermittent passe souvent au second plan, et parfois lui échappe même complètement. « Parfois, c’est un peu galère, il n’y a pas d’horaires. Je vis au jour le jour ».

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