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Bénédicte Simon et la SPA, une histoire d’amour qui a du chien (portrait)

Bénédicte Simon travaille depuis 4 ans au refuge de la SPA de Forbach, en Moselle, où elle est rapidement devenue responsable. Si elle a toujours voulu exercer dans le domaine animalier, c’est un peu par hasard qu’elle s’est retrouvée à travailler dans un refuge.

Tout-Metz est allé à sa rencontre dans le cadre d’un dossier de l’été présentant une série d’interviews-portraits de personnes ou artisans passionnés, aux parcours surprenants, exerçant un métier atypique voire méconnu, en Lorraine.

Photo : Anaëlle Mélis
Photo : Anaëlle Mélis

Cette passionnée d’animaux vit depuis bientôt 10 ans une grande histoire d’amour avec son labrador, adopté alors qu’il était tout jeune. Ce n’est que quelques années plus tard qu’elle devient bénévole. Si la vie dans un refuge est remplie d’amour, ce n’est pas rose tous les jours.

De nombreux animaux sont recueillis suite à des plaintes déposées de manière anonyme parce qu’ils sont maltraités. D’autres font l’objet de séparations douloureuses suite à une maladie du propriétaire ou encore à un départ en maison de retraite.

Malgré un travail devenu exclusivement administratif, Bénédicte Simon optimise son temps pour rester proche des animaux au maximum. Le refuge de la SPA de Forbach accueille en ce moment près de 50 chiens et environ 80 chats.

On ne devient pas responsable de refuge de la SPA par hasard. Quel est votre parcours ? Est-ce qu’un déclic est à l’origine de votre investissement actuel ?

« J’ai d’abord été bénévole au refuge de Thionville et on m’a appris qu’il y avait une place de responsable de refuge qui se libérait à Forbach. J’ai passé mon entretien d’embauche au siège, à Paris. J’ai été retenue et j’ai commencé comme chef d’équipe il y a 4 ans, pendant un an, et ensuite je suis devenue responsable de refuge.

Je sais qu’avant d’être bénévole, ça faisait longtemps que j’avais envie de travailler dans le milieu animal, mais je ne savais pas encore trop dans quel secteur. Quand j’ai commencé à promener les chiens au refuge et quand j’ai commencé à voir ce que c’était que le travail à cet endroit, ça m’a donné envie et c’est devenu une passion.

Quand on travaille dans un refuge ou dans le domaine animalier, la passion est nécessaire parce qu’on ne compte pas ses heures. On ne rentre pas forcément chez soi après 8h de travail. »

A quoi ressemblent vos journées à la SPA de Forbach et comment s’organisent-elles ?

« Moi, personnellement, je suis beaucoup dans la paperasse. C’est vrai qu’avant que je commence, je pensais que j’allais être plus en contact avec les animaux, mais en fin de compte, j’ai beaucoup plus de travail administratif à faire. Je suis quand même en contact de temps en temps avec les animaux, quand il faut donner un coup de main pour nettoyer les boxes quand il n’y a pas assez de personnel ou quand il faut aller chercher un chien pour quelqu’un. Mais c’est assez rare, je suis beaucoup au bureau. C’était frustrant au début.

Le matin, j’en profite tant que c’est fermé pour faire tout ce que j’ai à faire, je suis souvent au téléphone. C’est toute une organisation, il faut passer les commandes, gérer le personnel, gérer les bénévoles. C’est beaucoup de travail quand même. »

Photo : Anaëlle Mélis
Photo : Anaëlle Mélis

La période estivale rime souvent avec une augmentation du nombre d’abandons d’animaux. Idée reçue ou triste réalité ? Comment gérez-vous cette période ?

« Ce n’est pas du tout une idée reçue, le refuge est plein tout le temps, mais c’est vrai que pendant cette période, on a beaucoup plus d’abandons. Si notre refuge est plein, c’est parce qu’on prend aussi beaucoup de chiens d’autres refuges qui sont en surpopulation. Je fais beaucoup de transferts avec la Guadeloupe, j’en fais aussi avec la Corse et avec plein de refuges dans toute la France, en tout cas pour les chiens.

Pour les chats, c’est un peu différent. La période de reproduction se situe entre mai et septembre, c’est à peu près là qu’on a toutes les portées, et c’est à chaque fois 4-5 chatons par portée et qui arrivent d’un coup, donc c’est vrai que ça se remplit vite.

Il y a toujours moins d’animaux qui sortent qui ne rentrent et c’est vrai qu’on est tout le temps plein. Les chats et les chatons sont des animaux qui partent relativement vite. On travaille avec une famille d’accueil qui recueille les chats et les chatons lorsque l’on n’a vraiment plus de place au refuge. On essaye toujours de trouver des solutions. On a quand même pas mal d’adoptions donc on arrive à se maintenir, nous ne sommes pas en surpopulation ».

De manière générale, comment se passe la cohabitation entre tout ce beau monde et comment s’organisent leurs espaces de vie ? Certains s’adaptent-ils moins bien que d’autres ?

« Certains animaux supportent moins bien que d’autres la vie au refuge, parce qu’il ne faut pas oublier qu’ils sont enfermés dans un box toute la journée. A la SPA de Forbach, on a pas mal de bénévoles, donc ils sont sortis tous les jours, mais ça reste quand même une vie enfermée dans une cage.

Certains animaux mettent donc plus de temps à s’adapter, certains dépriment, d’autres se font des plaies de léchage ou ne mangent plus… Mais on essaye de ne pas les laisser de côté, d’aller les voir, de les sortir un peu et de faire au mieux pour qu’ils s’adaptent. »

[note color= »#ffb4a8″]L’ANECDOTE : Des plaintes, la SPA de Forbach en enregistre toutes les semaines et dépêche souvent des « délégués enquêteurs » sur place. Il y a quelques mois, un labrador est arrivé suite à une de ces plaintes. Il ne pesait que 17kg, alors qu’il était censé peser le double, parce que son propriétaire ne le nourrissait pas : il ne voulait pas qu’il fasse ses besoins à l’intérieur. « On a dû lui apprendre à manger, lui donner de la nourriture spécifique qu’il fallait mouliner… Il a heureusement retrouvé une famille depuis ».[/note]

En moyenne, un animal reste combien de temps au refuge ? Comment gérez-vous les longues durées ?

« A Forbach, on a calculé une moyenne de présence pour les chiens de 55 jours, ce qui n’est pas vraiment considéré comme une longue présence. Certains chiens peuvent rester entre 2 ans et 2 ans et demi, mais on garde toujours les chiens jusqu’à ce que l’on trouve une solution d’adoption pour eux. On ne les fait pas euthanasier parce que ça fait 2 ans qu’ils sont là !

Ca m’est arrivé de faire des transferts avec des refuges allemands. Il y a beaucoup d’adoptants allemands qui viennent, et on est assez proche de la frontière, donc certains chiens partent là-bas. Si des gens cherchent tel type de chiens, on n’hésite pas à le faire transférer vers d’autres refuges. On essaye toujours de trouver des solutions.

Si certains chiens sont difficiles à placer parce qu’ils ont déjà mordu plusieurs fois, ils finiront leur vie au refuge si ça doit être comme ça, hors de question de les euthanasier, ça ne se fait d’ailleurs dans aucun refuge de Moselle ».

Certains préjugés assimilent la SPA à un endroit triste et morose. Comment décririez-vous, avec vos mots, votre refuge à quelqu’un qui souhaiterait le visiter pour adopter ?

« C’est vrai qu’on a du mal à se rendre compte de ce qu’est un refuge quand on n’y est pas au quotidien. Il faut savoir qu’on recueille beaucoup d’animaux suite à des plaintes, ce qui veut dire que lorsqu’ils arrivent chez nous, ils sont déjà mieux que là où ils étaient auparavant. C’est à ce moment qu’ils commencent une nouvelle vie, et c’est ce qu’il faut que les gens voient.

Ce ne sont pas des animaux malheureux. Les bénévoles et les salariés leur apporte énormément d’attention et le refuge de Forbach a une assez bonne réputation. On essaye de faire au mieux, même si ce n’est pas évident quand on a plus de 50 chiens.

Certaines personnes peuvent quand même être choquées, d’autres viennent me dire que ça les rend triste de les voir en cage, mais on essaye de leur expliquer l’histoire de chaque animal. »

Vous prenez un grand soin à mettre vos animaux “adoptables” en avant afin de les aider à séduire une nouvelle famille. Comment avoir la certitude qu’il n’y aura pas de mauvaise surprise ? Y a-t-il des critères à remplir pour adopter un animal ?

« On n’est jamais sûr à 100% au moment d’une adoption, ça c’est certain. Mais il faut laisser sa chance à tout le monde. En général, on fait des visites avant adoption pour tous les animaux, pour voir où il va vivre. Certains bénévoles essayent d’aller faire des visites également après adoption, quelques mois après, pour voir si l’animal est toujours dans sa famille d’accueil et si tout se passe bien.

On essaye vraiment de faire le maximum, mais c’est vrai qu’au moment d’une adoption, on ne peut jamais être sûr à 100% que ce sera une bonne adoption. »

Photo : Anaëlle Mélis
Photo : Anaëlle Mélis

Votre passion des animaux va-t-elle au-delà du domaine du refuge ? Avez-vous vous-même déjà adopté ?

« Moi j’avais adopté mon chien il y a presque 10 ans, au refuge de la SPA de Arry, à Metz, mais à cette époque-là je connaissais pas le système de la SPA, même si je voulais adopter dans un refuge. Pour moi, c’était important. Je ne suis devenue bénévole que beaucoup plus tard.

Mon chien est un labrador, il a 10 ans et je l’ai adopté il y a 9 ans. Il vient tous les jours au travail avec moi. C’est un bon chien, il est très sociable et il est comme chez lui au refuge. Quand j’ai voulu adopter, je n’avais pas de race particulière en tête ni d’idée bien précise, mais j’ai vraiment flashé sur lui. J’ai eu un vrai coup de coeur, pour moi c’était clair, je devais repartir avec lui le jour-même.

J’avais fait plusieurs refuges avant, et plusieurs chiens me plaisaient mais je n’ai pas eu de coups de coeur avant lui. »

Parmi les animaux adoptables en ce moment, avez-vous un chouchou ? Si oui, parlez-nous de lui.

« On a un berger malinois femelle, qui est là depuis bientôt 3 ans. Elle a 10 ans et elle s’appelle Typhus et c’est le rêve de tout le monde de la placer un jour. C’est une très bonne chienne qui est très bien quand elle connaît bien les gens.

Elle a fait de la garde, donc elle n’est pas à placer entre n’importe quelles mains. C’est un peu la chouchou des bénévoles, parce qu’avec les gens qu’elle connaît, elle est adorable et très affectueuse. Mais si elle ne vous connaît pas, il vous faudra certainement un peu de temps pour l’amadouer, ça reste une dominante. Mais elle mériterait de trouver quelqu’un ».

Lorsqu’elle nous en parle, la passion de Bénédicte Simon pour les animaux est évidente, même si aujourd’hui, elle nous apprend que travailler à la SPA, ce n’est pas seulement s’occuper des animaux… Mais c’est aussi beaucoup de paperasse !

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