Politique & social

Union de la gauche à Metz : les chefs de file rappelés à l’ordre par leurs électeurs

À Metz, la gauche est face à un scénario inquiétant pour les élections municipales 2026 : le spectre d’un conseil municipal sans aucun de ses représentants. Cette crainte découle de l’incapacité, à date, des chefs de file des trois blocs « représentatifs », à faire l’union, qui pousse aujourd’hui leurs électeurs messins à se faire entendre. Pour donner l’alerte, des citoyens de gauche non-encartés ont organisé une rencontre le lundi 29 septembre 2025 afin de rappeler aux responsables politiques leurs devoirs, et exprimer leur colère et leur déception face à la première tentative d’union avortée, pourtant soutenue par un programme élaboré en commun. 

Une soirée très instructive à bien des niveaux, sauf peut-être pour les principaux interpellés et leurs soutiens militants respectifs, a priori trop occupés à rappeler leur propre légitimité (face à l’illégitimité des autres) pour écouter réellement le fond. Si Jérémy ROQUES et Charlotte LEDUC ont bien validé les éléments abordés au cours de la soirée, les représentants de Bertrand MERTZ (absent pour raison de COVID) sont restés muets, sauf pour une sortie difficilement compréhensible au vu du contexte.

Ils et elles avaient travaillé à l’élaboration du programme en vue des élections municipales pendant des mois, tous courants de la gauche confondus, dans le cadre de 14 groupes de travail peuplés à la fois de militant(e)s encarté(e)s et d’autres de simples citoyen(ne)s aux inspirations proches de la gauche, pour certain(e)s dans le cadre d’un premier engagement de ce type. Pour faire simple, l’objectif était d’alimenter un programme unique bâti par des habitants concernés, afin de proposer aux électeurs de Metz, un projet conforme aux aspirations progressistes, autant qu’une alternative à François GROSDIDIER en mars 2026.

Tout ce travail de la base s’est retrouvé, d’abord en avril, puis en mai, et enfin en juin 2025, presque effacé par une réalité politique bien connue : la division et ses 100 % de chances d’échec. Cette soirée de rencontres a rappelé que, dans sa quasi-intégralité, le programme bâti par la base faisait consensus au sein de tous les mouvements de la gauche, et que les chefs de file des partis, eux, avaient failli à leur propre mission : réaliser l’union, seul scénario susceptible de créer une alternance crédible à Metz selon les sympathisants de gauche.

Le ton de la soirée n’était pourtant pas à la critique, au contraire. Se voulant constructifs, les organisateurs souhaitaient avant tout relancer le processus de convergence, en mettant le doigt sur l’urgence autant que l’importance d’y arriver. Outre celle de se retrouver face à un dilemme idéologique dans les urnes au 2nd tour, la crainte est celle d’arriver en 3ème (4ème et 5ème) position au soir du premier tour, et donc de se retrouver pendant 6 ans sans aucune voix au conseil municipal, dont les bancs seraient occupés uniquement par la droite de François GROSDIDIER, et l’extrême droite du candidat RN (qui devrait se déclarer début octobre d’après nos informations).

La gauche à l’heure du choix à Metz pour les élections 2026

Cette perspective ne réjouit bien évidemment pas les électeurs de gauche, pas plus que ceux que le mandat de François GROSDIDIER n’a pas convaincu (hors sympathisants RN il va de soi).

Si les chefs de file (hormis Bertrand MERTZ, malade), ont bien été obligés d’écouter et de donner des signes en prenant la parole en fin de rencontre, il semble évident qu’ils considèrent encore tous avoir raison dans leur chapelle, et que ce premier exercice des citoyens sympathisants de gauche n’a pas suffi à les convaincre qu’ils n’avaient pas le choix s’ils écoutaient leurs bases.

Les organisateurs le constatent à demi-mot, préférant toutefois conserver leur optimisme, car ils le disent : s’il le faut, ils continueront à faire en sorte qu’une union stable émerge d’une gauche qui partage presque tout, sauf les logiques d’appareil. Ils font le bilan de cette soirée à notre micro :

En s’appuyant sur l’expérience positive et la qualité des propositions qui ont émané des groupes de travail où des personnes de différents partis ont pu collaborer et élaborer des propositions consensuelles, les organisateurs ont rappelé qu’il n’y avait pas que des militants à gauche qui souhaitaient créer un espace de dialogue et de réflexion pour trouver des solutions et des arguments en faveur de l’union.

Les propositions des groupes de travail n’ont fait l’objet ni d’une synthèse, ni d’une restitution aux principaux intéressés
Cette soirée de dialogue a jeté une lumière crue sur la façon dont les chefs de file et leur appareil, trop occupés à vouloir régler le point de la tête de liste à grands coups de pourcentages aux élections précédentes et d’exclusion d’autres mouvements et personnalités, ont ignoré celles et ceux qui avaient travaillé à l’élaboration des propositions du programme. Car si une partie de ces propositions se retrouve bien sur les sites web des partis locaux, leurs auteurs n’ont jamais eu droit à la moindre restitution de ces travaux, obligés pour cette soirée d’en récupérer des bribes pour en démontrer la valeur. Un comble.

Si clairement tous les participants n’étaient pas d’accord sur les raisons de l’échec de l’union, les responsabilités des uns et des autres, et les stratégies à adopter pour l’avenir, le consensus s’est fait sur le contenu du projet et la nécessité d’impliquer les citoyens dans le processus de désignation des candidats, en prenant soin de respecter une représentativité conforme à la société.

Pour partie empêtrés dans leurs réflexes politiques dépassés, les quelques centaines de militants de gauche, tous mouvements et partis confondus, chefs de file en tête, se sont vus rappeler qu’ils n’étaient pas les seuls à voter, et que leur capacité à surmonter leurs désaccords parfois dogmatiques n’était quant à elle pas négociable.

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