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Terrasses du plan d’eau de Metz : un dossier de 2019 au cœur d’une polémique au conseil municipal

Vous souvenez-vous des terrasses de restauration sur les bords du plan d’eau à Metz ? Capables d’accueillir une centaine de personnes pour s’y restaurer, elles avaient été déployées en 2019, l’une flottant sur la Moselle, et l’autre sur la berge pour proposer une animation festive entre le port de plaisance (les pédalos) et le Temple Neuf, avant de disparaître sous l’effet du Covid-19. Elles sont aujourd’hui au centre d’une nouvelle polémique judiciaire en cette rentrée. Explications.

L’une des deux terrasses de la ville au bord du plan d’eau, exploitée par un restaurateur à l’été 2019

Après un examen du dossier portant sur la convention d’occupation temporaire du domaine public délivrée le 18 juin 2019 pour l’exploitation de ces terrasses, le maire affirme avoir décelé des éléments préoccupants. Le point était à l’ordre du jour du conseil municipal du 25 septembre 2025 en raison « d’un certain nombre de manquements et de vices de procédure potentiels, de nature à penser qu’un délit de favoritisme aurait pu être commis au détriment notamment des intérêts de la collectivité », comme l’a détaillé François GROSDIDIER, maire de Metz, lui-même rapporteur du point.

Le dossier avait été transmis au Procureur par un courrier de signalement du 22 décembre 2023. Depuis, une enquête préliminaire a été ouverte pour faire la lumière sur le dossier. Selon François GROSDIDIER, la ville souhaite aujourd’hui se constituer partie civile pour « être informée de l’état du dossier, y être représentée, solliciter des preuves et demander d’éventuelles réparations sur le préjudice subi ».

La gauche dénonce « une tentative d’utilisation de l’argent public à des fins électorales »

L’évocation de l’affaire au sein du conseil municipal de cette rentrée, puisque le point a été ajouté à l’ordre du jour, provoque l’ire de l’opposition de gauche. « Tout a été fait dans les règles, vous n’avez pas le début d’une preuve de l’inverse », affirme Jérémy ROQUES, président du groupe Unis pour Metz. Il dénonce notamment une instrumentalisation de la justice à l’encontre de l’ancienne majorité de Dominique GROS, et payée avec l’argent des Messins.

« Tout cela relève soit de l’amateurisme le plus total, soit de la volonté d’utiliser ce conseil municipal dans une campagne de dénigrement à votre service personnel alors que s’ouvre la campagne des élections municipales 2026. Je ne crois pas à l’amateurisme », explique Jérémy ROQUES, avant d’ajouter en direction du maire : « Ne tentez pas d’utiliser l’argent public à des fins électorales ».

Gesticulation politique
L’avocat Bertrand MERTZ, par ailleurs candidat à la mairie, partage cette analyse, et s’est exprimé sur la situation en amont du conseil municipal. Selon lui, se constituer partie civile lors de l’enquête préliminaire n’aurait en réalité aucun intérêt pour la collectivité. « À ce stade, cela ne permet pas à l’avocat d’accéder au dossier ou de formuler des demandes », précise-t-il. Pour Bertrand MERTZ, le délit de favoritisme ne peut pas être retenu, car l’affaire ne concerne ni un marché public, ni un contrat de concession. « Ce n’est qu’une gesticulation politique », affirme-t-il.

François GROSDIDIER défend son choix d’ajouter le point à l’ordre du jour du conseil municipal

Comme régulièrement, le conseil municipal fut ainsi le théâtre d’une passe d’armes entre le maire et l’opposition. « C’est vous qui politisez l’affaire », répond François GROSDIDIER à Jérémy ROQUES. « Je vous trouve imprudent d’affirmer que tout a été fait dans les règles sur l’affaire des terrasses flottantes », lance le maire.

Dans son argumentaire, François GROSDIDIER évoque une possible proximité entre les commerçants désignés pour exploiter les terrasses et une personne présente au sein l’ancienne municipalité. L’une des offres retenues serait arrivée hors délai et comporterait, dans son dossier de candidature, le témoignage d’une cliente qui occupait par ailleurs les fonctions d’adjointe en charge du commerce à la Ville de Metz.

Le maire exprime également des doutes sur le montage financier réalisé par l’ancienne municipalité. « La ville décide de faire un appel à concurrence pour ouvrir les terrasses flottantes. La dépense pour la ville que j’ai pu reconstituer – puisqu’elle n’apparaît pas dans les délibérations du conseil municipal – est de 348 000 euros, et on demande 3000 euros aux commerçants. 345 000 euros sont dépensés par la ville au bénéfice exclusif de deux commerçants », raconte l’édile. La délibération, elle, indique qu’il s’agit d’un investissement de la municipalité pour les équipements. Le bilan de l’opération comptable ferait apparaître un déficit de l’ordre de 344 511,05 euros.

La gauche soulève que le maire dispose d’une délégation permanente concédée par le conseil municipal en début d’année sur les questions juridiques. Selon eux, la ville aurait donc pu se porter partie civile sans médiatiser l’affaire. « Quand on est sur des sommes de plus de 340 000 euros je ne veux pas prendre le risque de nous faire débouter pour vice de procédure. C’est pour cette raison que je souhaite soumettre la question au conseil municipal. Ma délégation permanente me paraît trop fragile », se défend François GROSDIDIER. « Même si c’est légal, est-ce que c’est moral ? La légalité, ce n’est pas à vous de l’apprécier, ni à moi, mais à la justice », ajoute-t-il.

L’argumentaire ne convainc pas le groupe Unis qui considère même le vote illégal, puisque le maire a reçu délégation du conseil municipal pour gérer ces affaires au nom des conseillers. « Le conseil municipal n’est plus compétent sur le sujet », maintient Jérémy ROQUES. Quand vient l’heure de se prononcer, le groupe Unis pour Metz refuse de prendre part au vote, et quitte la salle. Le reste du conseil, la majorité et le Rassemblement National, votent pour.

Le Groupe UNIS quitte la salle du conseil municipal du jeudi 25 septembre 2025 en guise de protestation
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