Politique & social

Metz : les enseignants manifestent pour de meilleures conditions de travail

Ce jeudi 1er février 2024, les personnels de l’Éducation nationale manifestent à l’appel des syndicats pour réclamer de meilleures rémunérations, une amélioration des conditions de travail et dénoncer les suppressions de classe.

Les manifestants se sont réunis devant la direction des services départementaux de l’Éducation nationale à 10h15. Ils se sont ensuite élancés en cortège en empruntant la rue Wilson pour faire entendre leurs revendications dans les rues de Metz.

Retour sur la manifestation.

Le départ du cortège ce jeudi matin.

Drapeaux et pancartes sont de sortie ce jeudi 1er février à Metz. Environ 400 manifestants sont rassemblés devant la DSDEN 57. Certains s’époumonent dans les microphones, tandis que d’autres discutent pour faire passer le temps avant le début du défilé.

Tous partagent une cause et des revendications communes qui les ont poussés à faire grève. Des luttes nationales aux revendications spécifiques, nous sommes allés à leur rencontre afin de comprendre ce qui les amène à exprimer leur ras-le-bol.

La grogne des organisations syndicales

Dans la foule, on retrouve Bruno HENRY, secrétaire général académique du SNES-FSU, le syndicat majoritaire dans les collèges et lycées.

En première ligne dans la liste des revendications syndicales figure la question des rémunérations. « La ministre de l’Éducation nous dit que le dossier des salaires est clos, mais pour nous, il doit être rouvert », affirme-t-il, jugeant insuffisants les efforts du gouvernement.

Pour rappel, la somme consacrée aux hausses de salaires est de 1,3 milliard d’euros en 2024 pour une revalorisation inconditionnelle « socle », qui amène une augmentation minimum net de 125 euros par mois et peut monter à 251 euros en fonction de l’ancienneté. Un investissement en partie compensé par la suppression de 2 512 postes.

Bruno HENRY, secrétaire général académique du SNES-FSU.

Un autre sujet qui mobilise le syndicaliste est donc la question des suppressions de postes et des fermetures de classe. La carte scolaire 2024 prévoit 85 fermetures de classes pour seulement 25 ouvertures en Moselle, la faute à une démographie en baisse, un argument difficilement audible pour Bruno HENRY.

« Il faut diminuer de manière importante les effectifs des classes. Il y a une légère diminution dans le premier degré, mais il faut maintenant le faire dans les collèges et dans les lycées de manière à ce que tous les élèves puissent réussir », explique le militant syndical, s’opposant aux dernières annonces du rectorat.

De plus, il est vent debout contre les projets de réforme du gouvernement qu’il voit comme un danger. Selon lui, « la réforme de la voie professionnelle fait l’unanimité contre elle. Mais il y a également un ensemble de réformes que le gouvernement appelle le choc des savoirs avec l’idée complètement ahurissante de regrouper les élèves les plus en difficulté entre eux ».

Ce sont autant de mesures qui provoquent l’hostilité des organisations syndicales et contribuent à la mobilisation.

Les assistants sociaux en colère 

Sur les marches des services départementaux de l’Éducation nationale se distingue un groupe particulièrement vocal. Ce sont des assistants et assistantes maternelles qui, tout en se joignant aux revendications des syndicats, veulent faire connaître leur cause.

La mobilisation des assistants et assistantes sociaux.

Martine, conseillère technique au service social en faveur des élèves, est en colère. Elle a tenu à faire grève en réponse aux dernières déclarations du Premier ministre. « Monsieur Attal parle du mal-être des élèves, mais oublie que c’est nous qui sommes en première ligne pour gérer ce mal-être et nous avons été complètement oubliés. Nos traitements ne sont pas égaux à ceux des autres personnels », raconte-t-elle.

« Comment peut-on gérer le mal-être des élèves quand le personnel est maltraité et malmené ? » questionne Martine. Sa collègue Sophie, assistante sociale, ajoute, désabusée : « On est en première ligne sur la protection de l’enfance, le harcèlement, la lutte contre la prostitution des mineurs et on n’a pas de moyens pour agir ».

Elles revendiquent en priorité la revalorisation des grilles indiciaires à hauteur de la catégorie A type pour les assistants sociaux et A+ pour les conseillers techniques en service social, ainsi qu’une série d’autres mesures pour améliorer leur rémunération.

Plus largement, elles réclament des créations de postes et une augmentation des moyens dans les services sociaux.

Le cri du cœur des AESH

« Ce n’est plus possible ce qui se passe dans l’éducation nationale en ce moment, à tous les niveaux. Avec toutes les réformes qui nous tombent dessus et les moyens qui ne suivent pas, il y a une ambiance horrible. Tout le monde est épuisé », témoigne Ginette HARTER, accompagnante des élèves en situation de handicap (AESH) depuis 16 ans.

Elle dénonce la précarité omniprésente dans le secteur. « On a des contrats de 24h pour les collèges dans le premier degré et ça représente un salaire de 800/900 euros net. Ce n’est juste pas possible de vivre avec ça », développe-t-elle.

La rémunération des AESH a bien augmenté au 1er septembre 2023 avec une nouvelle grille indiciaire, mais le compte est loin d’être atteint pour les manifestants. Plus de 60 % des AESH travaillent à mi-temps et le salaire reste loin d’être attractif, particulièrement en début de carrière.

Ginette HARTER, AESH depuis 16 ans, et sa pancarte.

Les AESH assurent un accompagnement aux élèves en situation de handicap physique ou mental. Leur mission est de favoriser l’autonomie de l’élève et de veiller à sa socialisation et à son bien-être. Pourtant, selon Ginette HARTER, les conditions de travail difficiles créent une perte de sens dans ce secteur où il est difficile de recruter.

« Quand on doit accompagner quatre ou six élèves sur plusieurs établissements c’est juste pas possible. Un accompagnement d’une ou deux heures, c’est juste pour faire croire au parent qu’il se passe quelque chose. On fait semblant de les accompagner, mais il ne se passe plus rien. On n’a même plus l’impression de servir à quelque chose », se désole-t-elle.

Les AESH réclament la création d’un statut juridique qui leur octroierait une meilleure rémunération et des conditions plus favorables. Tout comme les assistants sociaux, ils demandent également une hausse des moyens.

Charlotte LEDUC aux côtés des grévistes

Au milieu des drapeaux, Charlotte LEDUC, députée de la 3ème circonscription de Moselle, échange avec quelques manifestants. « Les revendications sur les salaires et les moyens sont plus que jamais d’actualité donc c’est important de les soutenir », précise la députée, venue apporter son soutien aux grévistes.

La députée Charlotte LEDUC avant le départ du cortège.

« Ça dysfonctionne de partout et c’est d’autant plus marquant qu’il y a une communication du gouvernement qui est en incohérence totale avec la réalité. On parle de l’école inclusive, mais elle n’a jamais été aussi peu inclusive » affirme Charlotte LEDUC, citant le manque de reconnaissance dont souffrent les AESH en exemple.

La députée critique une communication du gouvernement qu’elle juge en incohérence totale avec la réalité. « Quand on a un ministère qui s’appelle ministère de l’éducation nationale et des Jeux olympiques, on a bien compris que l’éducation n’est pas une priorité pour le gouvernement et c’est extrêmement grave », assène la députée.

Au sein des manifestants, les critiques sur les Jeux olympiques et sur la ministre de l’Éducation nationale, de la jeunesse, des sports, et des Jeux olympiques et paralympiques Amélie OUDÉA-CASTÉRA sont nombreuses. On aperçoit ça et là des pancartes « mépris 2024 » en référence aux JO2024 et des affiches parodiant la ministre, récemment prise dans une polémique, lorsqu’il est ressorti sur la place publique qu’elle scolarise ses enfants dans le privé.

Selon l’académie Nancy-Metz, la participation est estimée à 21,60 % dans les collèges, à 10,49 % dans les lycées d’enseignement général et technologique et à 8,05 % dans les lycées professionnels.

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