À l’occasion du conseil municipal du jeudi 27 février 2025 la ville de Metz a voté son budget primitif 2025, après plus de deux heures de débats qui ont permis à chacun d’exprimer sa vision. L’ambiance était déjà aux municipales 2026.

Pour faire face à la crise des finances publiques, et réduire le déficit à 5,4% en 2025, l’Etat demande un effort budgétaire de 2,2 milliards aux collectivités, villes comprises. Dans ce contexte de tensions économiques, et géopolitique, le conseil municipal a tout de même décidé de voter un budget primitif 2025 en hausse. Il s’élève à 246 millions d’euros, soit +9% par rapport à celui de 2024 (226 M€).
Avec des dépenses de fonctionnement à 171 millions (+5%) et des recettes de fonctionnement de 75 millions (+18%). L’autofinancement s’élève à 27,7 M€, dont un besoin d’emprunt estimé à 22 millions d’euros. L’encours prévisionnel de la dette au 31 décembre 2025 devrait être de 137 millions d’euros.
Le financement des investissements est assuré de façon quasi équitable entre les trois grandes catégories de recettes, à savoir, l’épargne nette (= épargne brute diminuée du remboursement du capital de la dette) qui s’élève à 18,2 M€, les recettes d’investissement (hors emprunt) (25,1 M€), qui sont en hausse notamment en raison de prévisions de cessions élevées (10,1 M€) et par une hausse du FCTVA, et enfin par le recours à l’emprunt qui reste limité à hauteur de 22,0 M€.
Rapport de présentation du BP 2025
Parmi les investissements les plus conséquents figurent le Pôle Gymnique pour 7,5 millions, la rénovation de l’éclairage public (6 millions d’euros pour financer le passage au LED), le déploiement de la vidéoprotection (1,9 million), la reconstruction de la médiathèque de Borny (2 millions), la végétalisation des cours d’école (1,5 million) et la rénovation des bâtiments scolaires et sportifs (3,8 millions).
Une majorité sans vision selon l’opposition de gauche
Jérémy ROQUES, président du groupe Unis pour Metz, a ouvert le bal, dénonçant une politique sans cap, et des dépenses qui ne répondent pas aux priorités attendues par les habitants :
« Ce sont vos orientations politiques et vos choix de créer des postes qui nous semble superflu qui nous amène à cette hausse de la datte dans notre ville malgré des recettes en hausse grâce aux dividendes d’UEM et d’une hausse d’impôt de plus de 14% en 2023. »
Le chef de file désigné des écologistes à Metz s’insurge contre la non réalisation d’une cuisine centrale, qui est encore au stade de projet, et plus largement sur le manque « d’investissement pour le quotidien » des Messins. « Votre bilan se limitera à la rue Serpenoise, et les commentaires sont mitigés, et au pôle Gymnique, qui était certes nécessaire », ajoute Jean-François SECONDÉ.
Le conseiller municipal critique la politique sécuritaire de Metz, avec six postes créés en plus, notamment pour la nouvelle bridage cynophiles, et le coût dû à la multiplication des caméras. C’est plus largement la vision sécuritaire de « continuum sécuritaire » qu’il juge contreproductive :
« Les policiers ne sont en rien encouragés à tisser du lien avec la population. Vos principes contribuent à susciter la méfiance, la crainte, voire l’hostilité. C’est un pari perdant. »
Christine PEPPOLONI s’est elle insurgée contre le manque d’investissement pour aider les plus fragiles. « Votre priorité, ce n’est pas la solidarité. Dans ce budget, pas de hausse des moyens pour le CCAS, rien sur le logement… », indique la conseillère municipale. Elle invite également le maire de Metz à regarder du côté de Thionville pour résorber la vacance des locaux commerciaux. « Le taux de vacances est passé de 22% à moins de 9% en 5 ans », rappelle-t-elle.
Denis MARCHETTI enchaîne en demandant un grand rééquilibrage ville/métropole, qui joue actuellement en défaveur des contribuables messins :
« Notre taxe foncière est de 36%, d’un tiers supérieur à la moyenne des autres communes. Elle est de 27% à Longeville, de 25% à Saint-Julien… De même l’effort fiscal dans notre commune est supérieur de 38% à la moyenne des autres communes de la métropole. »
« Les caisses sont vides, vous aimez le répéter, mais on assiste à une hausse des dépenses de fonctionnement », s’interroge quant à elle Danielle BORI. La conseillère pointe dans le même temps du doigt le manque d’investissement concernant les cantines scolaires.
Le RN dénonce une politique « socialiste » de la part de François Grosdidier
Marie-Claude VOINÇON, met en garde contre la dépendance aux dividendes de l’UEM dans l’équilibre du budget, qui représente aujourd’hui près de 20 millions d’euros. La conseillère municipale (RN) indique également qu’il aurait été préférable de « prioriser davantage des projets essentiels pour différer certains investissements non urgents ».
Françoise GROLET, retient surtout la hausse de l’encours de la dette. Elle accuse le maire de Metz d’imiter son prédécesseur, Dominique GROS :
« La réalité, c’est que vous êtes le digne successeur du maire socialiste qui n’a cessé d’alourdir la dette. Le RN n’a cessé de s’y opposer. J’ai encore dans les oreilles les protestations de votre présidente de majorité Mme COLIN-OESTERLÉ et de son collègue LEBEAU. Cette salle de l’Hôtel de Ville résonne encore de leurs mises en garde : Mr GROS vous allez atteindre 100 M d’encours d’emprunt, Metz va s’écraser sur le mur de la dette ! Ironie du sort, c’est votre majorité « de droite » qui aura atteint et dépassé ce record : ayant hérité d’un encours de 92M en 2020, vous avez atteint 124 M au 31 décembre 2024 et ce sera 137M fin 2025 si ce budget est voté. Un fardeau qui pèsera sur les jeunes Messins. »
Le conseiller Grégory DUFOUR ajoute qu’il serait favorable à des baisses d’impôts « afin de redonner du pouvoir d’achat à ceux qui ont été impactés par l’augmentation des impôts fonciers depuis 2008 ».
La majorité défend une gestion responsable des finances
« On a été contraint d’entretenir le patrimoine qui n’avait pas été entretenu. Vous avez voté le centre social de Borny, mais nous l’avons financé », explique Eric LUCAS, en réponse à son opposition de gauche. Le maire de Metz, François GROSDIDIER, se veut quant à lui rassurant sur l’encours de la dette :
« La dette aura augmenté de 34 à 47% d’ici la fin du mandat, mais l’épargne brute a doublé, ce qui nous permet d’assurer sereinement son financement. »
Plusieurs adjoints au maire se sont ensuite livrés à un bilan de leurs travaux respectifs, vantant l’action de la majorité municipale, où dénonçant la politique menée par leurs prédécesseurs.
Les débats sont à suivre en direct (ou à réécouter) sur le YouTube de la ville de Metz :