Etats généraux du Commerce de Metz Métropole 2011

Les états généraux du Commerce de Metz Métropole, édition 2011, se sont tenus ce lundi 21 février à l’Arsenal de Metz.

Cette 3ème édition réunissait les différents acteurs du commerce du pays messin autour de 3 grand thèmes centraux :

• Aujourd’hui > Etat des lieux du commerce de Metz Métropole
• Demain > Grand projets commerciaux de l’agglomération messine
• Prospective > Innovation : la clé du commerce de demain ?

Vaste programme donc, émaillé de tables rondes, de statistiques, de vidéos, d’avis divers et variés… mais aussi ponctué par quelques coups de gueule, notamment par certains commerçants du centre ville de Metz, inquiets des développements actuels liés au quartier historique du commerce local.

Il serait assez difficile de retranscrire ici le contenu complet de près de 4h d’échanges. Mais l’on peut se risquer à en résumer l’essentiel.

• Le commerce, créateur de lien social, constitue un des éléments essentiels de la dynamique et de l’attractivité de Metz Métropole
• l’effet Pompidou Metz semble bien avoir lieu, le solde commercial lié à sa présence est déjà nettement positif
• les commerçants disent beaucoup souffrir, notamment suite à la crise et aux intempéries des dernières semaines
• les centres ville sont et restent des lieux privilégiés pour le commerce dans la vision des clients, Metz et ses centaines de commerçants n’y fait pas exception
• les sommes dépensées par les lorrains en dehors de la région sont inférieures aux sommes dépensées par tous les visiteurs extérieurs dans la région
• les projets de commerces périphériques et les commerces du centre ville sont à la fois concurrents et complémentaires, cela a toujours été le cas
• les zones de concurrence du commerce messin sont localisées à Semécourt, Talange, Thionville et Nancy ; le Grand Duché ne semble pas constituer une concurrence menaçante pour le commerce à Metz
• les commerçants du centre ville s’inquiètent de l’offre de parking toujours plus chère, qui repousserait les clients dans les zones périphériques
• Thierry Jean pour Metz Métropole a été clair face à cette inquiétude : même s’ils sont à l’écoute des idées de chacun, on arrêtera pas le train en marche
• la tendance en volume de projets de réaménagement de zones de commerce touche presque plus de centre villes que de périphéries
• la plupart des stratèges du commerce voient un retour en force du commerce de proximité dès 2020, et un recul des grandes surfaces périphériques au profit de commerces spécialisés nécessitant des surfaces inexistantes en centre ville
• la relation des commerçants avec les clients doit évoluer, les commerçants doivent réfléchir à de nouvelles manières de les fidéliser
• le client est déjà, et sera de plus en plus en demande de conseils réellement avisés à l’heure où, parfois, il semble en savoir plus que le vendeur lui-même sur ses propres produits grâce à internet
• L’innovation est la seule voie possible, ou presque, pour faire face à la concurrence… quelle qu’elle soit. Ce principe existe depuis que le commerce existe.
• Le nombre de commerces sur une zone géographique donnée n’est pas sans limite, c’est la demande qui se charge d’opérer à une sorte de sélection naturelle
• Les grands ensembles tels qu’Actisud et son nouveau projet « Waves Grand Sud » peuvent constituer des accélérateurs de business pour les commerces concurrents. Ces derniers ont un avis diamétralement opposé.

Comme fait marquant on notera un acte de protestation, organisé en « mini manif » sur le thème « Sauvons Metz la commerçante ».

De son côté, Simone Hissler (de la librairie Hissler-Even à Metz), a courageusement imposé aux organisateurs un temps de parole pour évoquer ses craintes pour la conservation des 38 emplois.

Il faut bien reconnaître que les petits commerçants locaux semblaient représenter la portion congrue parmi les intervenants, alors même qu’étant au coeur du sujet. Personnages politiques, statisticiens, analystes, responsables d’organismes territoriaux et régionaux du commerce, étant quant à eux représentés en force.

On notera néanmoins l’intervention dynamique, quoique là aussi assez réduite à côté d’une vidéo créée par les organisateurs, de Anne-Valérie Clasen-Arz, présidente de l’association des commerçants de la rue des jardins. Leur crédo : la différenciation est porteuse de valeur ajoutée, les clients la recherchent.

Qu’avons-nous appris de ces états généraux ?

Au final, en plus d’un déluge de statistiques et de la présentation des deux grands projets qui vont structurer l’urbanisme commercial de demain (Amphithéâtre et Waves), ces états généraux auront permis de poser l’équation sur la table avec force de détails.

Ni Metz Métropole, ni la CCI, ni la Chambre des métiers, pas plus les commerçants ne sont ressortis de cette grand messe du commerce local avec une solution toute faite. Cela n’était, d’ailleurs, pas l’objectif de la journée.

Ce que nous aurons retenu d’essentiel, c’est que le commerce et la concurrence étant indissociables, seuls ceux qui sont suffisamment attractifs s’en sortiront par le haut… s’ils savent innover et créer de véritables relations avec la clientèle ; et la demande est forte. Rien de neuf sous le soleil messin (ni même mondial) de ce côté là.

Il semble évident qu’aucun commerçant n’arrêtera les projets de la municipalité qui, ici comme partout en France et dans le monde, cherche à faire partir les voitures ventouses et repousser les voitures tout court en dehors des villes.

Aucun commerçant ne stoppera la prise de conscience liée aux changements de comportements sur les déplacements, ni sur les modes de consommation.

En clair, il va bien falloir faire avec ces mutations, et s’adapter au fur et à mesure des changements de contexte et d’environnement.

Le problème c’est juste que pour certains, tout ceci va soit trop vite, soit pas assez.

De là naissent des inquiétudes, parfois contradictoires. Il est trop tôt pour savoir si elles sont justifiées ou non, mais certains commerces semblent découragés.

La Métropole de Metz dispose d’atouts que beaucoup doivent lui envier. Tout n’est pas parfait, et les choix politiques seront toujours discutables, mais la situation ne semble pas être catastrophique de façon généralisée.

En la matière, il semble évident que mieux vaut avancer que de stagner. Encore un constat qui n’a rien de révolutionnaire.

Internet, une menace pour le commerce local ?

Alors certes la rédaction de Tout-Metz.com est forcément très sensibilisée sur le sujet, mais ce qui nous aura marqué également, c’est la façon très particulière dont le média internet aura été traité au cours des interventions de chacun.

Tantôt bourreau sans pitié, tantôt coupable tout désigné, ici bouffée d’espoir et là terreau d’idées très intéressantes, beaucoup des acteurs du commerce semblent ne pas savoir par quel bout prendre le web dans leur quotidien.

« Le web » qui, « lui », ne s’embarrasse pas de ces atermoiements.

Une chose est sûre, la part dite « d’évasion » des dépenses vers internet est en constante augmentation. Autre certitude, le poids d’internet dans les décisions d’achat a changé de façon irréversible le comportement des consommateurs.

Tout le commerce est touché par cette vague, le commerce local n’y fait pas exception. Pas plus qu’il n’y a de barrière à l’interaction du commerce local avec les consommateurs régionaux. Bien au contraire même.

Sur le sujet, nous avons particulièrement apprécié l’intervention d’Adeline Ochs, qui a agité sous notre nez des concepts tout ce qu’il y a de plus réels, et loin d’être éphémères. Des concepts innovants, qui parlent à cette clientèle connectée de 7 à 77 ans, et qui offrent des opportunités de croissance à plusieurs chiffres autant qu’une réelle amélioration de la relation avec la clientèle…

Oui, à l’heure où l’on parle de déshumanisation à cause d’internet, certains osent prétendre qu’un commerce local peut nouer des liens forts avec ses clients du quartier grâce au web.

Car ce qui a changé c’est l’angle d’approche des achats, pas les achats eux-même, et surtout parce que ce qui ne changera jamais, c’est la valeur du conseil qu’un commerçant peut apporter à son client… qui aura simplement pris soin de consulter l’avis d’autres internautes auparavant.

En conclusion

Voici notre ressenti général après cette journée de réflexion.

Ni l’évolution des conditions de circulation et de stationnement d’une ville, ni le développement de telle ou telle zone d’activité, ni même internet, ne semblent constituer de nouvelles menaces pour les commerçants quelle que soit leur taille. Il s’agit là d’évolutions « normales » dans une société, celles-ci en ont remplacé d’autres, et seront suivies de nouvelles.

Seule semble importer, au final, la perception que chacun se fait de ces évolutions, et la façon dont il réagit face à elles.

Ce constat, qui a lui tout seul résume (à notre avis) les états généraux du Commerce de Metz Métropole 2011, sera perçu par certains comme terriblement concret, alors même que d’autres n’en verront que la facette abstraite.

« If you can’t beat them, join them »

Avec internet notamment, une formidable opportunité est à la portée du commerce local, même si de prime abord cela ne semble pas évident. Il semble nécessaire de s’unir pour amplifier le mouvement et en tirer partie.

Nous sommes en 2011, internet a fêté ses 25 ans. Alors, Metz ville e-commerçante, c’est pour quand ?