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Anecdotes du passé militaire de Metz

Au XIXème siècle, de Napoléon Ier à Napoléon III, Metz fut avant tout une très importante ville militaire. Et toute l’activité de la ville tournait autour des casernes.

Mais si l’on en garde un souvenir assez positif, si les Messins s’entendirent assez bien en général avec les soldats, il y eu tout de même nombre de petits scandales !

l'artilleur de Metz

Car il ne faut pas oublier que la construction des casernes est assez tardives : la grande majorité des soldats logeaient alors en ville. Et il ne faut pas oublier que, qui dit soldat, dit discipline la journée, mais tavernes et femmes de mauvaise vie la nuit !

André Flori et Thibaud de la Corbière ont produit un livre des plus intéressants pour ce sujet, en 2005 : « L’artilleur de Metz« , sous-titré « Chroniques scandaleuses de la vie militaire à Metz de la restauration au second empire ».

Et de leur étude et recherches aux archives municipale de la ville, je me permettrais de citer quelques exemples croustillants !

D’abord une petite histoire : dans la nuit du 28 au 29 mars 1836, trois élèves-officiers veulent aller visiter leur amante habituelle après une soirée bien arrosée. Avec un peu de mal, ils finissent par retrouver sa rue, et vont toquer à sa porte, en titubant et appellant la belle : « Célina ! Célina !« 

Ils entendent des bruits derrière la porte, voient des lumières dans la maison… Mais personne n’ouvre.

Alors ces messieurs s’énervent, en viennent à hurler des « Célina ! Célina ! » qui réveillent toute la rue, et à taper dans la porte, jusqu’à vouloir l’enfoncer.

Pourquoi leur amante n’ouvrait pas la porte ? Elle allait voir qu’on ne joue pas avec eux ! S’ils réussissaient à entrer… Ils montrerait quels hommes ils sont !

Seulement, derrière la porte, pas une jeune fille de joie s’appellant Célina, mais trois vieilles soeurs célibataires très âgées et n’ayant jamais approché un homme ; les demoiselles Clanchet.

Effrayées, elles essaient d’expliquer que ici, c’est le numéro 5. Et que Célina habite le numéro 9, juste un peu plus bas, mais en vain.

L’histoire se terminera par une nuit en prison pour nos trois soldats, et un scandale sur « la fille Célina, qui n’a même plus les apparences de la pudeur ».

Une Célina qui, quelques années plus tard, ouvrira une maison close face à l’hôtel de ville et du quartier général de division.

Ce livre nous apprend aussi des petites histoires qu’on peut replacer dans notre Metz actuelle : la pointe de l’île du théâtre et de la préfecture, est aujourd’hui occupée par le temple neuf.

Avant, c’était un petit parc, la « Jardin d’Amour » ou l’on voir les scènes les plus scandaleuses en plein jour !

La plupart des maisons closes étaient situées dans le quartier de l’Arsenal, près de l’évêché, et dans l’île Chambière, près du lycée : « Le rendez-vous des garçons », « la maison de la fille Madeleine Burger », « Chez la femme Bouchy »…

Un jour, un soldat disparait : il est absent des services militaires pendant trois jours, et n’est pas chez lui. Un déserteur ?

On finit par le retrouver chez une prostituée, Madeleine Perrin, qui l’a séduit, et gardé prisonnier chez elle grâce à des « spiritueux, et autres moyens« .

Il y gagnera une place à l’hôpital en ayant contracté une maladie vénérienne (transmise par contact sexuel), et elle, se verra logé dans une maison de correction.

Par là, on peut voir que si les excès des militaires dans la vie de Metz à l’époque peuvent nous paraitre amusantes, on oublie trop souvent la réalité de l’époque.

La prostitution propagea des maladies graves dans toute la population, les enfants illégitimes étaient très nombreux. L’alcool amena des duels sanglants, des suicides.

Pour un autre symbole de cette époque, et des exploits militaires entre tavernes et maisons-closes : notre article sur l’artilleur de Metz !


Sources : – illustrations : couverture du livre « L’artilleur de Metz » ; DOMINIQUE HOUCMANT – cliketclak.skynetblogs.be ; h0pe.centerblog.ne ; Photo Manu ; Olympia de Manet, 1863.

– informations :  « L’artilleur de Metz », André Flori et Thibaud de la Corbière, YSEC éditions, 2005 ; « Histoire de Metz » de René Bour, édition Serpenoise, 1979.

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