Economie & emploi

Crise des brasseries à Metz : « On a pris nos dispositions pour ne pas fermer »

Selon une enquête du Syndicat National des Brasseries Indépendantes, une brasserie sur dix risque de fermer en 2024. Cette crise n’épargne pas les brasseries messines, comme en témoigne Quentin DECORNET, gérant de la brasserie Bon Poison.

« Jusqu’au confinement tout allait pour le mieux. On attendait les coups de téléphone et on avait les commandes », raconte-t-il. Puis sont arrivés le Covid-19, la guerre en Ukraine et l’inflation.

Quentin DECORNET garde le sourire malgré une conjoncture morose.

Une facture électrique qui double, un prix du verre qui s’envole et peine à redescendre, le tout dans un marché saturé : voilà les défis auxquels doivent faire face les professionnels du secteur.

Le prix de la bouteille, qui représente environ un quart du coût de production de la bière, est notamment un problème majeur pour les brasseurs qui sont contraints de réduire leurs marges.

La crise laisse un goût amer

« On a pris nos dispositions pour ne pas fermer. Tout d’abord, il faut vendre davantage, trouver des distributeurs et avoir des débouchés différents. En 2022, on a commencé à développer des bières pour les supermarchés. Cela nous a pas mal sauvé en termes de volume de bouteilles », explique Quentin DECORNET.

La brasserie a décidé d’arrêter d’investir dans « tout ce qui n’est pas vital » jusqu’à ce que la conjoncture s’améliore. Par exemple, avant la crise, la bière Bon Poison s’exportait à Lyon et Bordeaux, avec l’ambition de se développer nationalement. L’entreprise se réoriente maintenant sur le Grand Est : avec des marges fines et des coûts de transports trop importants, le jeu n’en vaut plus la chandelle.

Si cette brasserie parvient à faire face à la crise, certaines qui ont investi lourdement juste avant l’épidémie sont dans une situation catastrophique. « Tout le monde ne pourra pas tenir », se désole le gérant, solidaire de ses collègues. 

« On reste positif. On espère que le public va prendre conscience de la situation et nous soutenir. Et si on ne vend pas, au moins on a toujours de quoi boire », conclut-il, un sourire aux lèvres.

Le syndicat tire la sonnette d’alarme

Le syndicat national des brasseries indépendantes mène l’offensive avec le slogan « Au bord du gouffre ! ». L’organisation appelle le gouvernement à prendre des mesures d’urgence pour soutenir le secteur.

« Une enveloppe de 230 millions d’euros vient d’être allouée aux vignerons indépendants et toujours rien pour les brasseries artisanales ! », fustige le communiqué du 7 février 2024.

Le syndicat des brasseries indépendantes demande :

  • Une aide exceptionnelle de 20 millions d’euros pour soutenir la trésorerie des brasseries indépendantes
  • De payer les mêmes droits d’accises sur l’alcool que les viticulteurs avec un allègement de la fiscalité
  • Une dispense de vente au même titre que les viticulteurs pour pouvoir vendre sans licence sur leur site de production
  • Une revalorisation de la consigne du fût de bière à 70 € contre 30 € actuellement

Le gouvernement n’a pour l’instant pas répondu aux sollicitations des brasseurs qui continuent leur campagne pour faire entendre leurs revendications. Au niveau national, les brasseries artisanales représentent près de 6 500 emplois.

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