Le département de la Moselle planche déjà sur son budget 2026 dans une conjoncture plus que morose. Pour Patrick WEITEN, président du conseil départemental, le constat est alarmant : les dépenses sociales explosent et l’État n’est pas au rendez-vous.
« Comment voulez-vous qu’on se projette dans un avenir, même relativement restreint comme la fin de notre mandat départemental en 2028 ? On n’est pas capable de savoir ce qu’on fera jusqu’à la fin de l’année et encore moins l’année prochaine », explique-t-il.
Face à la situation, la Moselle veut retrouver des marges de manœuvre.

Depuis la suppression de la taxe d’habitation et le transfert de la part départementale de la taxe foncière aux communes, les départements ne disposent plus de leviers fiscaux pour mener à bien leurs politiques, mais dépendent des dotations de l’État. Une situation devenue intenable pour Patrick WEITEN :
« Ces dotations diminuent ou n’augmentent pas à la mesure de nos dépenses naturelles. Personnes âgées, handicapées, protection de l’enfance, RSA : c’est entre 30 et 40 millions d’augmentation et je n’ai pas d’augmentation des recettes pour compenser »
détaille-t-il
De plus, l’État demande désormais aux collectivités locales de contribuer à la réduction de la dette publique, ce qui vient mettre en cause l’équilibre budgétaire des départements de France. Les représentants des départements du Grand Est et de la Communauté européenne d’Alsace avaient d’ailleurs interpellé directement le gouvernement à ce sujet.
Pour Patrick WEITEN, l’heure est maintenant à la décentralisation :
« Ce qu’on demande c’est une fiscalité dynamique dont on a la maîtrise. La Constitution c’est la libre administration des collectivités territoriales : c’est écrit. On n’a pas de libre administration. On n’a pas de liberté pour avoir des recettes donc on est soumis au bon vouloir de Bercy. Je ne suis pas sûr qu’à Paris ils sachent vraiment à quoi sert un département. »
Patrick WEITEN, président du conseil départemental de la Moselle
Si les investissements risquent probablement de diminuer pour le budget 2026, ils ne seront pas sacrifiés, indique le président du conseil départemental. « Un territoire qui n’investit pas est un territoire qui se désagrège », affirme-t-il.
Pour soutenir ses politiques et assurer ses missions, l’endettement sera inévitable pour le département :
« Nous sommes pour l’instant une bonne signature donc on arrive à emprunter à de bons niveaux de taux, mais il faut faire attention à ne pas dériver. De 730 millions à mon arrivée, nous sommes aujourd’hui à moins de 520 millions. On a une marge de manœuvre. »
Patrick WEITEN, président du conseil départemental de la Moselle
Les choix budgétaires qui ne relèvent pas des compétences régaliennes comme le soutien au sport, au tourisme, à la culture et au vivre ensemble continueront, malgré les contraintes. « Il nous faut donner l’image d’un territoire dynamique […] Ce dynamisme crée une capacité à pouvoir développer de l’emploi », rappelle Patrick WEITEN.
Un repli de l’action départementale « laisserait des territoires en grande déshérence » explique-t-il. Par exemple, 6 millions d’euros sont consacrés à la prévention spécialisée en direction des jeunes en difficulté. « Ce n’est pas une compétence obligatoire. Si demain j’arrête, personne ne m’obligera à la remettre. Mais là, on verra à quoi ça sert, son utilité pour freiner la délinquance, les troubles à l’ordre public », raconte le président.
Patrick WEITEN revient sur les décisions prises à l’occasion de cette 3ème réunion trimestrielle de l’assemblée départementale et sur les craintes pour le budget 2026 :