La région Grand Est réalise actuellement un « Mur des Noms » au pied du Mémorial d’Alsace-Moselle de Schirmeck, dans le Bas-Rhin. La structure a vocation à rendre hommage aux Mosellans et Alsaciens morts ou disparus durant la Seconde Guerre mondiale, victimes de la barbarie nazie.
Au total, 36 000 noms y seront affichés.

Dès son inauguration en 2026, le « Mur des noms » deviendra un nouveau pilier de la transmission mémorielle en Alsace-Moselle. Le bâtiment contiendra les noms de victimes du conflit de tous horizons, civils et militaires. Tués pour leur origine, leur identité, ou leur opinion, soldats français, résistants, et « Malgré-Nous » incorporés de force… le « Mur » traitera des destins brisés par la guerre.
Des outils numériques seront déployés sur place pour permettre aux visiteurs de découvrir les histoires qui se cachent derrière ces noms. Plus d’une centaine de biographies de personnes oubliées et méconnues seront accessibles. Son pendant en ligne memoires.grandest.fr est d’ailleurs déjà consultable. Les 36 000 noms y figurent déjà.
Le « Mur » sera à la fois un lieu de recueillement, un vecteur de transmission de la mémoire, mais aussi un outil éducatif ouvert aussi bien au grand public qu’aux scolaires.

Une mémoire qui reste vive
Le projet a été présenté par Frédérique NEAU-DUFOUR, historienne spécialiste de la Seconde Guerre mondiale en charge de la politique mémorielle de la région Grand Est à l’occasion du rassemblement de 600 lycéens au Palais des congrès de Metz après leur visite à Auschwitz.
Comme elle l’a expliqué aux jeunes, l’initiative est le fruit d’un travail de longue haleine débuté en 2006 sous l’impulsion des conseils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Il aura alors fallu composer une base de données de 40 000 noms avant de se poser des questions sur la conception du « mur » à proprement parler.
« Le projet a connu beaucoup de rebondissements parce que si l’Histoire est là une fois pour toute, la manière dont on la traite, dont on veut la transmettre et en faire mémoire, suscite beaucoup de débats contemporains. »
explique Frédérique NEAU-DUFOUR
À la première présentation du projet en 2017 avait éclaté une polémique, certains s’offusquaient du mélange des mémoires, et de la mise côte à côté de personnes décédées dans des contextes radicalement distincts. Le travail a donc été revu et corrigé sous la houlette d’un conseil scientifique regroupant des experts de la période. « On a pu trouver une solution qui j’espère sera tenable dans le temps » se réjouit Frédérique NEAU-DUFOUR.
Aucun nom des engagés volontaires dans la Wehrmacht et la Waffen-SS ne figureront au sein du « Mur des noms », rappelle la région, dans sa présentation détaillée du projet. Un document accessible en cliquant ici.