Que l’on habite en appartement, en immeuble ou dans un quartier doté d’un compost collectif, les solutions de gestion des biodéchets sont variées. Dans la métropole de Metz, tout habitant peut faire la demande d’un compost individuel depuis 2012. Mais depuis l’année dernière, des expérimentations sont menées pour, à terme, étendre l’accès au compostage à tous les habitants.
Ars-Sur-Moselle, Le Ban-Saint-Martin, Metz-Patrotte et Moulins-lès-Metz expérimentent la collecte des biodéchets depuis octobre 2024, et 5 000 foyers du centre-ville ont rejoint l’aventure en janvier 2025. Depuis le début de l’expérimentation, plus de 20 tonnes de biodéchets ont été récupérés.

Le principe est simple : les habitants de ces quartiers reçoivent un bio-seau dans lequel ils peuvent stocker leurs biodéchets avant de les apporter dans des bornes de collecte qui sont relevées, nettoyées et emmenées dans un entrepôt à Faulquemont par l’entreprise Suez.
Les professionnels reçoivent également un équipement de collecte qui sera relevé deux fois par semaine directement sur leur lieu d’activité, sur inscription auprès de la collectivité.
« Nous sommes agréablement surpris en ce qui concerne le centre-ville, on a une bonne participation des habitants et les restaurateurs peuvent aussi déposer leurs biodéchets. Certains points posent encore problème parce que le libre accès est synonyme d’erreurs de tri, avec des canettes dans les bornes de compostage, ou des ordures ménagères. Il reste des confusions. Une nouvelle campagne de communication est prévue pour pallier ce problème »
Anne-Marie LINDEN, conseillère déléguée Tri, recyclage et économie circulaire à la métropole de Metz
Toute personne qui habite en dehors de la zone d’expérimentation peut utiliser les bornes en respectant les règles de dépôt, à condition d’avoir recours à son propre contenant. Ces bornes de collecte visent uniquement à stocker les déchets alimentaires avant qu’ils ne soient collectés par l’entreprise Suez, à la différence des composteurs déjà établis qui permettent aux habitants de gérer le processus du compostage.
Dans les bornes, sont acceptés (en vrac sans emballage) :
- fruits, légumes et leurs épluchures
- produits laitiers : oeufs, contenu des yaourts, fromages
- os et restes de viandes crues ou cuites
- arêtes, restes de poisson et fruits de mer sans coquille
- pain et pâtisseries
- thé, café et filtres

Attention, ne sont pas acceptés les sacs plastiques, même les sacs dits compostables, les emballages, films plastiques, capsules de café, les cendres, la litière animale et les déchets verts du jardin.
Pour limiter les nuisances éventuelles à la maison, il est recommandé de fermer le couvercle du bioseau entre chaque utilisation, de le rincer et le laver régulièrement, de le vider tous les 2 à 3 jours voire plus souvent en été, et de limiter le stockage de résidus trop liquides pour éviter la macération.
« Nous sommes actuellement à la recherche d’une solution de méthanisation, le système de collecte et de plateforme avec l’entreprise Suez est temporaire », précise Anne-Marie LINDEN, conseillère déléguée en charge du tri et du recyclage à la métropole de Metz.
Les conseils de maître-composteurs
Tout habitant de la métropole de Metz peut demander gratuitement un composteur via un formulaire en ligne. Pour lutter contre la désinformation et accompagner les personnes qui optent pour le compostage, plusieurs agents de la ville de Metz sont déployés sur le terrain. Des maîtres-composteurs accompagnent également les personnes qui font la demande d’un compost collectif ou individuel.

« On ne laisse pas les habitants se débrouiller seuls avec leur composteur. On leur donne un petit livret d’explication et le maître composteur est là pour répondre aux questions. Le gestionnaire du site reste en contact et il s’assure de la bonne tenue du composteur », rappelle Anne-Marie LINDEN.
Laure-Sophie POIRET a suivi la formation de maître-composteur. Travaillant pour la communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette et responsable du plan de prévention des déchets, elle connaît aussi bien les rouages du compostage individuel que collectif.
« Ce nouveau métier a été créé pour sensibiliser et faire comprendre le rôle des biodéchets. Il s’agissait surtout de mettre en avant la valorisation et le recyclage de ce type de déchet, pour ne pas jeter des matières qui peuvent être utilisées par la suite »
Avant tout, il faut différencier plusieurs types de compostage :
- en pied d’immeuble, où les habitants participent à la prise en charge d’un composteur collectif
- en établissement public, où les agents travaillent à adapter la restauration et à la mise en place du compostage
- le compostage de quartier, où les habitants viennent apporter leurs biodéchets et s’occuper du compost, ce qui concerne 6 sites à Metz gérés par des associations
- le compostage individuel, avec son propre composteur au fond du jardin ou un lombricomposteur en logement sans extérieur
L’un des points fondamental, selon Laure-Sophie POIRET, est de comprendre que le composteur n’est pas juste une poubelle géante pour biodéchets. Ce qui passe par la formation et la sensibilisation des habitants à la bonne gestion du compost.
« Il faut aller à la rencontre des gens, si l’on reçoit simplement un flyer, on le pose sur la table et on ne va pas le lire, à part quelques personnes déjà engagées. Plusieurs personnes n’auront jamais vu la communication et ne sauront pas quoi faire. C’est important de sensibiliser et de rencontrer plusieurs personnes »
Laure-Sophie POIRET, maître-composteur
Les trucs et astuces pour bien gérer son compost
Elle nous a fait part de plusieurs conseils pour gérer au mieux le compost :
- découper les aliments en petit morceaux, on taille les plantes d’intérieur, on prépare les déchets en amont
- on évite les aliments interdits selon les règles établies
- à chaque fois que l’on se rend au compost, il faut apporter de la matière sèche pour éviter les moisissures, la pourriture, l’eau qui coule, les odeurs…
- remuer et aérer souvent le compost
- arroser le compost s’il est trop sec en plein été pour ne pas que le processus s’arrête
« Il faut prendre soin du composteur, il faut souvent remuer, trier les déchets, les couper en petits morceaux, parfois il y a des règles restrictives comme le fait d’éviter la viande et le poisson, on s’adapte selon les usages des habitants et leurs besoins », explique-t-elle.

Pour obtenir du compost de qualité, il faut compter environ 9 mois, après quoi il peut être récupéré au début du printemps ou à l’automne et utilisé dans les plantations ou jardins. Cela évite d’acheter du terreau, du paillage et d’autres produits en jardinerie, alors que le compost constitue un apport de qualité pour les végétaux.
À noter qu’un guide des bonnes pratiques du compostage est disponible en ligne en cliquant ici, réalisé par la métropole de Metz. L’objectif est de faire en sorte que tous les habitants puissent participer au recyclage de leurs biodéchets, ce qui va de pair avec la politique globale de réduction des déchets qui finissent dans les poubelles noires.
Anne-Marie LINDEN insiste également sur un autre point : le meilleur déchet, c’est celui que l’on ne produit pas. Raison pour laquelle elle rappelle qu’il est nécessaire de lutter également contre le gaspillage alimentaire. Le plus difficile pour la ville, c’est de s’assurer qu’il y a toujours des personnes motivées pour reprendre la gestion du compost et apprendre aux autres à en faire de même.
« Certains agents déménagent et ne sont pas remplacés, il en va de même avec les volontaires ou les associations qui gèrent des sites de compostage. On ne peut pas avoir une multitude d’agents sur le terrain uniquement pour gérer les biodéchets, alors on compte sur l’engagement des citoyens », détaille l’élue.