Actualité locale & société

Un inquiétant vendredi joyeux sur les terrasses

Il y avait forte affluence, ce vendredi 19 juin 2020, dans les rues du centre ville de Metz. La météo, plus clémente qu’annoncée en début de semaine, en avait convaincu plus d’un(e) de profiter des terrasses des bars et des restaurants, et d’une lumière tardive à l’approche du solstice d’été.

Il faut bien avouer que cela faisait plaisir de voir les rues de la ville ainsi (re)peuplées et animées, d’entendre des éclats de rire ça et là, de se balader entre les terrasses étendues sur les rues barrées donnant un nouveau visage à la ville, une nouvelle ambiance.

Mais à bien y regarder et contre toute attente, il y avait là aussi quelque chose d’inquiétant, dans cette image « idyllique » de groupes d’amis passant un bon moment à l’apéro ou au resto, après des mois de sevrage.

A Metz, les terrasses ont envahi des rues, barrées et sécurisées pour l’occasion, ici le long du café de la comédie et l’accès à la place de chambre, créant une toute autre ambiance dans la ville temporairement piétonnisée.

Il ne fallait pas observer la scène bien longtemps pour avoir ce sentiment bizarre en constatant un retour à la normale. Car si tout ce que l’on pouvait espérer de mieux pour les relations sociales et les tiroirs-caisse (en souffrance) des commerçants se déroulait sous nos yeux, le meilleur avait du mal à se départir de la peur du pire, de la frustration de penser à ce paradoxe gâchant en partie l’instant.

Poignées de main, accolades, bises, cacahuètes partagées, les relations et les interactions sociales, anodines en théorie, presque réflexe, sont revenues ou en train de revenir à la normale.

Sauf que la période n’a absolument rien de normal, en tout cas pas encore.

Désolé d’être rabat-joie.

Quand on baisse la garde, généralement, on prend un coup

Impossible d’ignorer les signaux, ni les informations. Le virus circule toujours en France, et donc sur les terrasses de nos bars et restaurants préférés aussi. Des foyers de contamination se réveillent un peu partout dans le monde, des quartiers sont reconfinés, demain des villes entières peut-être.

Alors que l’été ne fait que commencer, ce qu’il y a d’inquiétant à observer ces scènes joyeuses, c’est que l’insouciance prononcée de beaucoup trop d’entre-nous pourrait bien nous jouer un vilain tour, dont nous serions les responsables, collectivement et individuellement, alors même que nous avons un intérêt diamétralement opposé à ce que cette situation se produise, que nous ne pouvons désormais plus ignorer la situation, et que nous disposons des moyens sanitaires et comportementaux de nous en prémunir.

Un vendredi soir, une terrasse, des tables espacées, des groupes d’amis, la convivialité, la joie, l’apéro… tout ce dont ce virus nous a déjà privé une fois et dont seul un comportement responsable peut nous éviter le retour

Si la crise économique qu’on nous annonce pour septembre peut paraître inquiétante pour certains, exagérée pour d’autres, elle ne serait rien comparée à un retour d’une situation de confinement, fusse-t-il partiel. La ville qui se verrait reconfinée accumulerait un retard économique, mais aussi un déficit d’image, dont ses habitants et entreprises en pâtiraient pour un temps plus ou moins long, alors que des temps plus difficiles sont dores-et-déjà annoncés.

Lorsque l’on superpose ce calque aux scènes d’amitié si belles à voir lors d’un « banal » vendredi soir, veille d’une fête de la musique pourtant prévue aux balcons, ce goût amer est celui du constat que nous ne faisons déjà plus assez attention, alors que c’est l’attitude inverse que nous devrions adopter.

Des gestes pour épargner des vies et notre économie

Il fallait peut-être, c’est à espérer en tout cas, constater tout cela, pour y réfléchir et (re)prendre ses distances, les gestes barrière, de la mesure et de la raison, ne pas devenir à son corps défendant un réactivateur de la transmission du virus. Rester en garde pour éviter de revenir à une situation qui va déjà nous causer suffisamment de problèmes, pour préserver des vies autant que, finalement, notre intérêt individuel et collectif sur le front de l’emploi, du pouvoir d’achat et des loisirs,

pour pouvoir continuer à se voir pour manger ou boire un coup en terrasse, faire les magasins, se balader dans les parcs… Ces choses banales dont nous étions encore privés il y a tout juste un mois.

Terrasses, apéros et restos oui, mais avec conscience de la réalité.

Lorsqu’on en aura fini avec ce virus à force de porter nos masques, de respecter nos distances et les règles d’hygiène, y compris dans la douceur de la période estivale et l’insouciance qu’elle nous inspire, la vie alors reviendra réellement à la normale.

Seule l’inclinaison de la pente économique à remonter variera : plus nous resterons en garde, moins elle devrait s’accentuer.

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