Avec le retour du soleil, reprennent les activités en nature. Beaucoup ont déjà commencé à tailler leurs haies et leur pelouse pour les préparer aux beaux jours, du printemps à l’été. D’autres encore reprennent les balades pour s’offrir un bol d’air. Mais ces pratiques, aussi anodines paraissent-elles, peuvent être dévastatrices pour la faune sauvage si elles sont accompagnées de mauvais comportements.
Daniel et Sylvia PERNET, deux membres engagés de la LPO Moselle, font le point sur les choses à savoir pour éviter de nuire à la biodiversité locale, voire contribuer à son développement.

Ce qu’il ne faut pas faire
Tailler sa haie trop tôt
Tailler sa haie dès le début du printemps est une pratique courante. Beaucoup de gens pensent bien faire en entretenant leur jardin à l’arrivée des beaux jours, sans imaginer qu’ils peuvent dans le même temps détruire l’habitat d’une ou l’autre espèce.
« Les haies sont des zones de nidification pour certaines espèces. Si on touche à la haie trop tôt au printemps, ça a une incidence directe. Des nids tombent, ou sont découverts. Et dans ces cas-là, les œufs ou les oisillons deviennent des proies faciles pour les prédateurs », explique Daniel PERNET.
En Moselle, contrairement à d’autres départements, il n’existe pas de réglementation de la préfecture interdisant la taille des haies en période de nidification. Toutefois, s’il est prouvé qu’une haie abritait une espèce protégée, sa destruction peut être sanctionnée par la loi.
La LPO conseille donc à minima d’inspecter minutieusement cette dernière avant de la tailler. L’idéal reste d’attendre la fin de la période de nidification, vers la fin août, avant de « nettoyer » ses haies.
Tondre à ras sa pelouse
Une pelouse « bien entretenue » et tondue est pour certains un motif de fierté. Pourtant, une tonte trop fréquente nuit gravement à la biodiversité du sol et met en danger certains animaux. « Il faut éviter de tondre trop souvent et surtout trop court. Le gazon, c’est un écosystème : il y a des insectes, des vers, des escargots… tout ce dont les hérissons se nourrissent », rappelle Sylvia PERNET.
La LPO Moselle alerte aussi contre un phénomène en plein développement : les robots tondeuses. Programmées pour s’occuper du jardin en autonomie, et parfois laissées sans surveillance, elles peuvent être dangereuses pour la petite faune locale. « On a des hérissons blessés ou tués, parce qu’ils dorment dans la pelouse ou dans des tas de feuilles », alerte Daniel.
Préserver quelques zones plus sauvages dans le jardin est souhaitable. Pour ceux qui décident de tondre, il est important de rester vigilant.
Donner du pain aux oiseaux
Donner du pain aux canards ou aux cygnes peut sembler une activité bienveillante. On retrouve souvent des personnes âgées, ou des parents avec leurs enfants, nourrissent les oiseaux avec les restes de leur repas.
Pourtant ce phénomène encore malheureusement répandu est particulièrement néfaste. « Leur système digestif n’est pas prévu pour digérer du pain. Chez les cygnes, ça peut provoquer une malformation des ailes, ce qu’on appelle les ailes d’ange. Ils ne peuvent plus voler », explique le bénévole de la LPO Moselle.
Le dépôt de grandes quantités de pain au fond de l’eau peut même favoriser le développement du botulisme, une maladie qui peut potentiellement tuer certains oiseaux. La pratique, mauvaise à tous les niveaux, est donc à bannir.
Tirer des feux d’artifice pendant la période de nidification
L’été les feux d’artifice sont particulièrement prisés de la population. Pourtant, il n’existe pas pire période pour faire autant de bruit. Alors que beaucoup d’espèces sont en pleine période de nidification, les bruits de déflagrations entraînent la mort de beaucoup d’oisillons, encore trop jeunes pour voler.
Par exemple, dans une commune de Moselle, un feu d’artifice tiré à 300 mètres d’un nid de cigognes a eu des conséquences dramatiques. « Un cigogneau a sauté du nid, affolé. Il n’a jamais été retrouvé », témoigne Daniel.
Certaines collectivités comme la ville de Metz ont d’ailleurs décidé de ne plus organiser de feux d’artifice le 14 juillet, préférant décaler ces dernières aux Fêtes de la Mirabelle. Une décision que salue la LPO.
Faire voler son drone à proximité d’un nid
L’usage des drones se répand, mais peu savent qu’ils peuvent perturber la vie des oiseaux. Quand un appareil approche d’un nid, il peut rapidement être pris pour cible. « Un drone peut être perçu comme un prédateur. On a déjà vu des femelles de busards en attaquer. Les hélices peuvent les blesser », souligne Daniel.
Il faut donc éviter les possibles sites de nidification et rester attentif pour écarter son appareil et éviter les accidents aux conséquences pouvant être dramatiques pour l’oiseau.
Abandonner des déchets en nature
Laisser des déchets derrière soi lors d’une balade en nature ou d’un pique-nique est malheureusement trop commun. La nature doit être respectée, et les conséquences potentielles des manquements sont souvent sous-estimées.
« On a vu un canard coincé avec un anneau plastique autour du cou, le genre qui entoure les packs de bière. C’est dramatique », déplore Sylvia. Les animaux peuvent aussi confondre le plastique avec de la nourriture et s’étouffer avec. Il faut donc penser à emporter sa poubelle avec soi et respecter la nature. Chaque petit geste compte.
Ce qu’il faut faire
Planter des espèces pour favoriser la biodiversité
Un jardin, surtout quand il n’est pas tondu à ras, peut abriter tout un écosystème. Pour encourager son développement, il est possible de planter des espèces intéressantes. « Il faut plutôt planter des essences locales : le sureau, l’aubépine, le viorne, le fusain d’Europe… Elles nourrissent les oiseaux, les insectes. C’est mieux que les plantes purement ornementales », conseille Sylvia.
Installer des nichoirs
Une pratique qui n’est pas trop complexe, mais se révèle toujours utile est l’installation de nichoirs. L’idéal est de les installer en hauteur. Si des chats vivent à proximité, il existe même des dispositifs à mettre autour du tronc pour les empêcher d’atteindre les nids.
« Pour les nichoirs à mésanges, il faut au moins 10 mètres entre chaque. Sinon, un seul sera utilisé car ce sont des oiseaux territoriaux », prévient Daniel.
Donner des boules de graisse, oui mais…
Le nourrissage des oiseaux peut être bénéfique, mais attention à la qualité des produits. « Les boules de graisse du commerce contiennent parfois de l’huile de palme. Il vaut mieux les faire soi-même ou en acheter de bonne qualité », explique le bénévole de la LPO Moselle.
Il recommande de mettre de la nourriture à disposition des oiseaux en hiver, mais d’éviter pendant les beaux jours, où ils ont plus de facilité à se procurer de quoi se sustenter. La consommation d’insectes et de baies reste préférable à celle de graines.
Quand on trouve un oiseau blessé
Face à un oiseau au sol, le premier réflexe ne doit pas être de le ramasser. La prudence est de mise. « Si un oisillon est au sol, souvent les parents continuent de s’en occuper. Il ne faut pas le ramasser systématiquement », explique Sylvia. Si une blessure est constatée il faut contacter le Centre de Sauvegarde de la Faune Lorraine au 09 70 57 30 30 ou à l’adresse [email protected].
Garder son chien en laisse en forêt
Se balader avec son chien en nature est un plaisir prisé par beaucoup, mais la LPO incite les promeneurs à garder l’animal en laisse. Laisser libre, ce dernier peut aller chasser, même s’il n’est pas habitué à le faire. « Des levrauts ont déjà été ramenés au centre de soins parce qu’ils ont été dénichés par des chiens en liberté », raconte Sylvia.
Chaque petit geste pour éviter d’abîmer la nature, ou contribuer à son bien-être compte. L’essentiel pour les deux bénévoles est d’agir avec « bon sens » et de « prendre conscience que la nature a aussi besoin de tranquillité pour se renouveler ».