Politique & social

Le département de la Moselle veut repenser la gestion de l’eau devant l’urgence climatique

Le département de la Moselle organisait une « Journée de territoire sur le thème de l’eau » ce mardi 1er juillet 2025. Au programme : une visite de la station de traitement des eaux de Sainte-Barbe suivie et une table ronde à la ferme de Strachen de Dalstein, centrée sur les enjeux agricoles.

À cette occasion, la collectivité a annoncé le lancement à venir d’un Projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE), destiné à fédérer les acteurs de l’eau publics et privés autour d’un grand plan d’action face à l’urgence climatique.

Des investissements importants ont été réalisés à la station de traitement des eaux Sainte-Barbe.

Qu’il s’agisse de l’agriculture, de l’industrie, ou de la société civile, le changement climatique se fait déjà sentir en Moselle et la situation est appelée à évoluer dans les années à venir. L’eau apparaît désormais comme une ressource plus précieuse que jamais.

Les disparités se font sentir sur le territoire, entre le Nord et l’Est du département où se trouvent d’énormes réserves souterraines, et le Sud, plus exposé au manque d’eau. La collectivité souhaite aujourd’hui s’organiser pour préparer la Moselle au changement climatique et tirer au mieux parti des ressources contenues dans le sous-sol mosellan, en particulier les eaux d’exhaure, héritées du passé minier.

« Il nous faut un vrai service public de l’eau à l’échelle du territoire », affirme Patrick WEITEN, président du département.

La Moselle s’inspire du Calvados, pionnier dans la mise en place d’un PTGE. Dans un premier temps, la collectivité souhaite réunir tous les acteurs concernés autour de la table pour dresser le bilan de la situation. Avec plus de 150 acteurs, entreprises, syndicats et collectivités impliquées dans la gestion de l’eau en Moselle, il y a plus que jamais un besoin d’une politique commune cohérente, selon Patrick WEITEN.

Ses explications :

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Dans le cadre du projet de territoire pour la gestion de l’eau, le département commandite des études pour mieux comprendre la ressource, avant d’investir si nécessaire dans des infrastructures pour rediriger et stocker l’eau, sécurisant l’approvisionnement pour les acteurs publiques et privés en période de manque.

Pour le consommateur, le PTGE pourrait avoir un effet direct. Le président du département indique souhaiter un prix de l’eau unique pour tous les Mosellans, quelle que soit leur commune ou leur syndicat. Le département ne souhaite pas se substituer aux acteurs déjà présents en assurant la distribution d’eau, mais penser et mettre en place une politique globale, en collaboration avec ces derniers.

Les anciennes mines comme solution nouvelle ?

Un des leviers évoqués est l’exploitation des anciennes mines mosellanes, recelant une ressource estimée à plusieurs dizaines de millions de mètres cubes d’eau, encore largement inexploitée. « On a une richesse sous nos pieds, mais cette eau n’est pas toute destinée à la consommation humaine sans traitement. En revanche, elle pourrait parfaitement convenir à d’autres usages : irrigation, industrie, hydrogène… », explique Daniel MATERGIA, président du Syndicat Eau et Assainissement Fontoy-vallée de la Fensch.

Pour lui, la politique portée par le département est essentielle au vu des défis qui s’annoncent. Retrouvez ici son intervention :

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L’eau et l’agriculture en Moselle

L’après-midi, la visite à la ferme de Strachen était l’occasion d’illustrer les difficultés croissantes que rencontrent les agriculteurs mosellans.

La table ronde organisée à la ferme de Strachen était l’occasion de parler d’eau, d’agriculture et de l’avenir de la Moselle.

Jean-Eudes THOMAS, son exploitant, explique garder ses chèvres à l’intérieur en raison de la chaleur.

« Dans 15 jours, je pense que les brebis que j’ai dehors en pâturage ne vont plus avoir d’herbe. Il faut s’adapter. Les Espagnols connaissent déjà ça : il y a deux périodes où les brebis sont en bâtiment, en hiver et en été. Ici, on n’était pas dans des schémas comme ça mais les choses commencent à changer. »

détaille Jean-Eudes THOMAS

Pour faire face, l’agriculteur a considérablement augmenté ses stocks en prévision d’un manque de pâturage à craindre. Loin d’être un cas isolé, cette situation est représentative des conditions compliquées avec lesquelles doivent composer tous les exploitants mosellans.

L’agriculteur préfère garder ses animaux à l’ombre.

« On ne manque pas encore cruellement d’eau, mais l’astreinte quotidienne devient insupportable. Il faut surveiller, transporter, vérifier les systèmes d’abreuvement en permanence. Et si la chaleur perdure, la situation va très vite devenir critique », prévient de son côté Stéphane ERMANN, président de la chambre d’agriculture de la Moselle.

Mobiliser les eaux d’exhaure pour irriguer les champs relève pour lui du simple « bon sens ». Alors que l’eau remontant des mines est souvent rejetée dans les cours d’eau pour éviter les inondations, elle pourrait selon lui être stockée dans des bassines ou des étangs. La ressource potentielle étant issue des eaux d’infiltration des mines  et non de pluie, le projet serait plus facilement accepté par les opposants aux mégabassines.

Le point de Stéphane ERMANN :

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« On parle de ces deux réservoirs souterrains, mais on a aussi de manière générale en Lorraine des centaines, pour ne pas dire des milliers de lacs, qui peuvent être mis à contribution. On ne dit pas qu’on arrive avec des solutions, mais on a énormément d’outils à disposition qu’on pourrait utiliser différemment de la manière dont on procède jusqu’à présent », ajoute Philippe GOETGHEBEUR, chef du service milieu-agriculture-sage à l’Agence de l’eau Rhin-Meuse.

La question sera au cœur de la 2ème édition des Assises de l’eau, étape cruciale pour la mise en place du futur Projet de territoire pour la gestion de l’eau. Pour en savoir plus, cliquez ici pour un retour sur la 1ère édition.

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