Le Moselle Open est perdu, mais la bataille entre actionnaires continue. Après une dernière édition en novembre prochain, qui sera synonyme de clap de fin pour la compétition de tennis de l’ATP mosellane, la date sera récupérée par Stockholm. Alors que les réactions se multiplient, l’un des quatre actionnaires minoritaires, mis en cause par leurs pairs, a décidé de sortir du silence.
Eric LUCAS, actionnaire minoritaire et ancien président de la SAS Open Moselle, a organisé une conférence de presse ce 27 février 2025, pour s’exprimer et « rétablir la vérité ». Selon lui, la disparition du Moselle Open est intégralement à imputer aux actionnaires majoritaires, anciens comme nouveaux.
Au-delà de la perte définitive de la date, Eric LUCAS persiste à penser que le projet de Jo-Wilfried TSONGA et de Thierry ASCIONE, de la société ALL IN, aurait dès le départ consisté à délocaliser le tournoi après un certain délai, et ce malgré le soutien du Conseil Départemental de la Moselle.

La fin du Moselle Open selon Eric Lucas
Afin de démontrer le bien-fondé de ses affirmations, et pour contrer la narration historique faite par les actionnaires majoritaires qu’il conteste, Eric LUCAS a déroulé « sa » lecture de la chronologie d’un conflit qui commence en 2022, lorsque
« L’Open de Moselle notifie à ses associés un projet de cession de plus de 72 %, très exactement 72,95 % de son capital, à monsieur TSONGA et monsieur ASCIONE, et non pas à ALL IN, puisqu’en fait, ils se sont portés acquéreurs en nom personnel »,
Un groupe de quatre actionnaires minoritaires, composé de Anne-Louise KNOB, Maurice BLAJMAN et Pierre GERVAL et Eric LUCAS, exercent alors son droit de préemption le 2 juin.
Selon Eric LUCAS, leur objectif est alors d’éviter un départ du tournoi à Lyon et de porter un nouveau projet soutenu par des investisseurs de la région. Une crainte qu’il justifie par les propos flous des associés dans la presse, notamment dans Le Progrès. Plus encore, il indique que la cession établie en avril 2022 prévoyait que les repreneurs s’engageaient à maintenir le tournoi dans le département de la Moselle uniquement pendant trois ans [NDLR jusqu’en 2025 donc], puis aussi longtemps que la société réaliserait un excédent brut d’exploitation annuel supérieur ou égal à 500 000 €.
« Je ne sais pas s’il y a des comptables autour de la table, mais ça fait rire tout le monde qui s’y connaît dans le domaine. Atteindre la somme souhaitée est un jeu d’enfant pour un comptable », affirme Eric LUCAS, qui voit dans cet accord un moyen de justifier le déplacement de Moselle Open à n’importe quel moment.
« Le 13 juin, l’ATP notifie à la société Open de Moselle que ni monsieur ASCIONE, ni monsieur TSONGA, ni leur société ALL IN ne peuvent se prévaloir de l’agrément de l’ATP », continue Eric LUCAS. La cession des parts aux deux nouveaux actionnaires est validée le 29 juin, malgré les indications de l’ATP. Les actionnaires minoritaires déposent alors un recours en justice le 2 août. « Un mois et demi après que l’ATP a prévenu que la cession n’était pas agréée », précise-t-il.
La cession du Moselle Open à M. ASCIONE et M. TSONGA serait, selon Eric LUCAS, en contradiction avec les statuts de la SAS Moselle Open, mais également avec ceux de l’ATP elle-même, comme l’indique le courrier d’un avocat de l’ATP au bureau de la SAS :
« Le 7 août 2023, le cabinet Proskauer écrivait à la SAS Open de Moselle pour constater que la cession des actions à All In avait été réalisée en violation directe des statuts de l’ATP et des décisions du Conseil d’administration de l’ATP. »
La Cour d’appel de Metz reconnaît que la vente a été réalisée en violation des statuts mais choisit de ne pas l’annuler, ce qui provoque l’incompréhension des actionnaires minoritaires. « La cour juge que les associés minoritaires ont correctement exercé leur droit de préemption et que la cession a été réalisée en violation des statuts de la SAS Open de Moselle. Pourtant, elle ne tire pas les conséquences juridiques de ce constat et refuse de prononcer l’annulation de cette vente », détaille Eric LUCAS.
À cette occasion, Yves HENRY, président de la SAS Moselle Open, avait alors expliqué que le tournoi serait maintenu au moins jusqu’en 2029. Eric LUCAS, affirme quant à lui, que, comme évoqué précédemment, le tournoi n’était garanti sur le territoire du département que jusqu’en 2025.
En février 2024, l’ATP rachète officiellement le tournoi, avant d’annoncer la fin du Moselle Open et le départ de la date à Stockholm. « Le seul signataire est Yves HENRY », s’insurge Eric LUCAS, rejetant toute responsabilité dans l’affaire.
Les explications d’Eric LUCAS :
Le dernier communiqué de la direction du Moselle Open reporte clairement la faute sur le groupement d’actionnaire minoritaire :
L’obstination procédurière de ces quatre minoritaires a donc conduit aux rejets de leurs prétentions par deux juridictions successives, leurs condamnations à des sommes conséquentes au profit des parties injustement mises en cause et la perte du tournoi Moselle Open dont l’importance et la notoriété étaient incontestables pour les passionnés de tennis et pour le tissu économique local. Le chaos est total et ils en sont les uniques responsables !
Alors que le tournoi est définitivement perdu, les actionnaires minoritaires ne comptent pas en rester là. Un pourvoi en cassation a été déposé en janvier 2025, dans l’espoir de faire annuler la cession. « Le pourvoi est formé », a confirmé ERIC LUCAS. Les démêlés judiciaires devraient donc se poursuivre. En cas de victoire, l’actionnaire affirme qu’une nouvelle aventure pourrait alors commencer. « Je pense qu’il y a un truc à faire et qu’on doit des choses au territoire… » confie-t-il, sans en dire plus. Un nouveau projet semble donc être à l’étude.
Eric Lucas égratigne Patrick Weiten
Vexé de ne pas avoir été reçu « pour être au moins entendu » par Patrick WEITEN, le président du Conseil Départemental de la Moselle, Eric LUCAS dit ne pas comprendre pourquoi la collectivité a laissé de tels accords incertains pour la pérennité du tournoi, se signer sans mettre en place des « garde fous » au vu des sommes conséquentes mobilisées par la collectivité.
Patrick WEITEN s’était publiquement exprimé début février pour dénoncer l’action des actionnaires minoritaires, qu’il considère comme responsable du désastre. Cliquez ici pour retrouver son intervention à notre micro.