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L’Orchestre National de Lorraine fait salle comble à Venise

L’Orchestre National de Lorraine et 66 de ses musiciens se sont déplacés à Venise ce 19 mai, dans le cadre du festival donné en l’honneur de Théodore Gouvy. Nous avons été invités à les suivre pour ce périple italien.

Photo : Tout-Metz.com
Photo : Tout-Metz.com

Théodore Gouvy ? un compositeur lorrain d’adoption, qui a étudié à Sarreguemines puis à Metz, et qui vécut et composa longtemps à Hombourg Haut. Surprise : à Hombourg-Haut, un Institut lui est dédié, et à Venise, il dispose d’un festival à son nom.

A l’occasion de cet événement, il était essentiel et symbolique que l’ONL interprète Théodore Gouvy à Venise. L’Orchestre s’est donc déplacé pour représenter la région, et donner un récital sur le thème des créations musicales du compositeur. Une opportunité possible grâce à une collaboration débutée en 2006, entre l’ONL, le Palazetto Bru Zane et Moselle Arts Vivants.

Dirigé par Jacques Mercier pour présenter l’oeuvre de Gouvy, l’ONL était accompagné du célèbre pianiste Jean-Efflam Bavouzet, nommé artiste de l’année 2012 par l’International Classic Music Awards.

Photo : Palazzetto Bru Zane - Michele Crosera
Photo : Palazzetto Bru Zane – Michele Crosera

Deux autres compositeurs lorrains ont également été joués lors de cette représentation 100% lorraine : Gabriel Pierné et Ambroise Thomas, tous deux nés à Metz.

En immersion avec l’Orchestre National de Lorraine

Un embarquement et un voyage pas comme les autres lors de ce week-end, puisque c’est presque 2 tonnes de matériel (allant de 1 à 130 kg par instrument) qui font aussi le voyage, par camion, pour rejoindre les 66 musiciens partis, eux, de l’Aéroport Metz Nancy Lorraine… et 66 musiciens ce n’est pas rien.

Avouons-le, nous n’avions jamais eu pareille occasion de suivre une formation de style musical classique d’aussi près.

Curieux de voir si le cliché (pour certains) vieillot et démodé d’un orchestre et de son style musical était une réalité, nous avons pu nous immerger dans l’aventure de cette parenthèse à Venise, à la rencontre des musiciens et du staff qui les entoure.

Et la réalité qui s’est imposée à nous peut être résumée en un mot : la passion. Celle de la musique, de sa structure, de son interprétation… ensemble, ici ou ailleurs. Comme toutes les passions, elle a sa part d’incompréhensible, celle qui nous surprend, nous intrigue, et force notre admiration. Bref, le week-end fut épatant.

Ainsi nous avons croisé le cadet de la bande, Pierre Gomes, à 24 ans il habite Metz. Il a découvert la musique très jeune grâce à ses parents, et par hasard le basson, qu’il n’a plus lâché depuis. Voilà Thomas Rocton, une trentaine d’années, messin lui aussi, tromboniste mais également multi-instrumentiste. Il a déjà sorti plusieurs albums aux sons plutôt pop et se produit sur scène sous le nom de « Alone with king kong ». En voici encore un dernier, qui est DJ en soirée… après ses 8 heures de répétitions quotidiennes.

Des exemples comme ceux-là, il peut y en avoir beaucoup d’autres, probablement un derrière chaque instrument. Leur boulot ? jouer de la musique du matin au soir, se perfectionner, chacun de leur côté et tous ensemble pour la plus parfaite harmonie au moment du concert… la musique quoi !

Vidéo : Mirabelle TV

Pour celles et ceux qui auraient des doutes sur ce qu’est un orchestre et penseraient encore que la moyenne d’âge ne dépasse pas les 50 ans, détrompez-vous. L’ONL est loin d’être « altmodisch » (les lorrains amateurs de patois comprendrons !). Personnalités différentes mais complémentaires, diverses nationalités et cultures se côtoient 8h par jour, 365 jours par an (ou presque) autour d’une passion : leur travail.

Salle comble à Venise

Répétition générale avant la représentation prévue le soir même. Pour les non aguerris, cela pourrait ressembler à un grand cafarnaeum, un mélange de sons qui ne présage rien de bon. Théodore Gouvy était-il compositeur de musique expérimentale ?

Bien sur que non. Quelques heures plus tard, c’est enfin l’heure de la représentation. Et là, il ne suffit que de quelques notes, sous la houlette du redoutable chef d’orchestre Jacques Mercier énergique et comme envoûté… et soudain nous prenons conscience que tout un travail de précision, de coordination et de concentration est à l’origine de ce récital.

Photo : Palazzetto Bru Zane - Michele Crosera
Photo : Palazzetto Bru Zane – Michele Crosera

Une longue salve d’applaudissements. Pendant 2h, les musiciens ont assemblé les notes de Théodore Gouvy. Une par une, des milliers en tout, et pas une de fausse.

Nous pouvons en témoigner, la Lorraine peut être fière de « son » orchestre.

Théodore Gouvy ?

Théodore Gouvy (1819-1898) était un artiste musicien fortuné, né dans l’actuelle Sarre. Il a habité rue des clercs et étudié à Metz ainsi qu’à Sarreguemines. Apprécié est reconnu du très célèbre Berlioz, mais ignoré des autres de par sa nationalité, trop allemand pour les français et trop français pour les allemands, comme peuvent l’être le premier de la classe ou le binoclard à l’école. Gouvy a donc souffert de sa nationalité.

Son oeuvre se compose principalement de musique de chambre mais aussi de compositions orchestrales (symphonies) et religieuses (requiem, Messe brève), cantates et opéras.

Venise et le Palazetto

Le Palazetto, palais couru de Venise entièrement rénové, dirigé par Florence Alibert, est devenu un centre de musique romantique française grâce à la Fondation Bru. Son principal travail consiste à faire découvrir et favoriser le patrimoine musical du XIXè siècle avec l’aide de scientifiques, musicologues, institutions internationales et surtout les familles de descendants de compositeurs.

Le travail de recherche scientifique est géré par Alexandre Dratwicki, Directeur scientifique, expatrié de la commune de Basse Ham (un mosellan !). Il consiste grâce à de précieuses investigations à retrouver des partitions oubliées ou restées inédites pour ensuite les numériser afin de les pérenniser. C’est ce qui a été fait d’ailleurs pour le Fond de Gouvy, numérisation qui a demandé 18 mois de travail.

Mission accomplie. L’Orchestre National de Lorraine est revenu au bercail, sous la pluie. Il a montré ce qu’il savait faire, à un public vénitien clairement enthousiaste, et pas avare d’applaudissements. Amateur de musique classique ou non, nous ne pouvons vous donner qu’un conseil : allez les écouter, ils méritent votre attention.

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Un commentaire

  1. Très belle expérience que ce voyage/concert à VENISE …
    On y retourne quand vous voulez …. et en plus il faisait beau !

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