La Serpentine, cette grande structure métallique déployée le long de la rue Serpenoise et dont les courbes évoquent le Graoully, a été inaugurée ce jeudi 28 août 2025. Pensée comme une clé de voûte du « réenchantement » du centre-ville de Metz, l’œuvre essuie les critiques de l’opposition qui dénonce un dérapage budgétaire. Une accusation contestée par la majorité de François GROSDIDIER.

Avant le début des festivités, nous sommes allés à la rencontre des passants et commerçants pour prendre la température. « Visuellement oui, c’est joli, très propre », témoigne Marcelle. « C’est sympa, un peu artistique, mais sans plus quoi », ajoute son compagnon, plus mitigé. Marie, quant à elle, est séduite par le résultat : « Moi, je trouve ça très beau, original, mais j’espère que ce ne sera pas abîmé dans les jours qui viennent ».
Quelques touristes confient leur enthousiasme : « Les arches métalliques et la pierre jaune ça s’agencent bien ensemble », commente Solange, Québécoise arrivée à Metz il y a quelques jours. « I like it, the architecture is nice » s’enthousiasme également Gert, voyageur hollandais en pleine découverte de la ville.
« On s’attendait à quelque chose de beaucoup plus végétalisé. Les clients me disent la même chose. Ça fait beaucoup de métal, de pavé et de béton. Les gens vont venir voir la Serpentine, mais une fois qu’ils l’ont vu est-ce que ça va les faire revenir ? », s’interroge une responsable de commerce.
« À l’époque, la rue était noire de monde. Aujourd’hui on compte les commerces encore ouverts. On aurait pu utiliser tout cet argent pour traiter les vrais problèmes », se désole une autre commerçante, indiquant néanmoins qu’elle salue les efforts entrepris pour maintenir la rue propre depuis les travaux.
Ici, une vidéo de la Serpentine :
L’opposition monte au créneau
La bête métallique ne convainc pas la gauche messine. L’opposition a dégainé la veille de l’inauguration, par voie de communiqué de presse. Pour le président du groupe Unis pour Metz, Jérémy ROQUES, l’heure n’est pas à la fête, mais au vitriol. Il dénonce « un échec à tous points de rue ».
Au niveau esthétique, ces monticules d’acier (dont le coût se chiffre pour eux seuls à plus d’un million d’euros) viennent obstruer la vue sur certains des plus beaux édifices de notre ville. De l’Art nouveau de l’ancien C&A à l’incroyable architecture de la boutique Bouchara, la rue Serpenoise offre une occasion, désormais gâchée, de valoriser des trésors du patrimoine permettant d’associer shopping et architecture.
communiqué de Jérémy ROQUES, président du groupe UNIS pour Metz
De son côté, la France insoumise a elle aussi publié son propre communiqué. Sur l’aspect visuel, elle laisse la place « aux Messines et aux Messins de se faire leurs propres avis », mais elle émet des réserves sur le manque de végétation et sur l’utilisation de la figure du Graoully. « Survendu, ne risque-t-il pas de devenir indigeste ? », s’interroge LFI.
La question du coût de la Serpentine est au cœur des deux communiqués. Jérémy ROQUES dénonce un dérapage « passant d’un budget prévisionnel de 2,5 millions d’euros à une facture atteignant aujourd’hui 6 millions, sans compter l’inauguration en grande pompe et les multiples campagnes de communication accompagnant le sujet ».
Même constat pour la France insoumise :
Notre désapprobation est totale en revanche s’agissant des aspects financiers de l’opération et promotionnel de son inauguration. 2,5 M€, tel était le coût initial de la réhabilitation de la rue Serpenoise. L’ardoise est au final de près de 6 M€ ! La ritournelle de M. Grosdidier entendue tout le long du mandat selon laquelle la gauche ne pouvait qu’être mauvaise gestionnaire, se retourne contre lui : des dérives budgétaires récurrentes et une dette de 137 M€ léguée aux Messines et aux Messins ont définitivement ruiné son crédit en matière de finances municipales.
communiqué de la LFI / Charlotte LEDUC et Jean-François SECONDÉ, chefs de file de la France Insoumise pour les élections municipales à Metz
Un calcul que François GROSDIDIER, président de la métropole et maire de Metz conteste. Il s’offusque des critiques « totalement injustifiées » et évoque lui une somme de 4,7 millions d’euros, financée à hauteur de 2,7 millions par la métropole et 2 millions par la ville.
La Serpentine, une nouvelle vitrine pour Metz
Chez François GROSDIDIER, le discours est tout autre. Il se dit totalement satisfait de la Serpentine, et parle d’une opération « dans la norme » du point de vue financier. Selon lui, les travaux réalisés vont contribuer au dynamisme de la rue Serpenoise et constituent un rouage d’une politique globale.
« Quand on rénove son magasin, on commence par la vitrine », explique-t-il. Il cite par exemple la taxe sur les cellules vides, le lancement de l’Opération de revitalisation du territoire et la politique culturelle de la ville, dont la gratuité du musée de La Cour d’Or, comme autant d’initiatives faisant partie d’une vision stratégique pour assurer l’avenir des commerces messins, et donner un nouveau souffle au centre-ville.
Retrouvez ici son intervention sur l’inauguration de la Serpentine, les critiques de l’opposition et le problème des cellules vides à Metz :
Le président de la métropole inaugurera ce vendredi un autre grand projet de son mandat : le Pavillon de la biodiversité. Ce dernier sera dès demain accessible aux visiteurs.
Ce qui est intéressant avec Francois Grosdidier, c’est qu’il évoque comme une vision stratégique tous les sujets qu’il avait évacué durant la campagne de 2020. Il se moquait alors des candidats de gauche qui portaient ses fameuses ambitions stratégiques : la taxe sur les locaux commerciaux vacants, l’opération de revitalisation du territoire ou encore la gratuité du musée de la cour d’or. Tout ça était balayé d’un revers de main par le candidat de droite pour ensuite être revendiqué comme sa matrice idéologique et stratégique… Quand on a une stratégie, on la porte du début à la fin et on ne l’invente pas au fur et à mesure. Encore une preuve qu’il n’y a aucune colonne vertébrale dans cette action, si ce n’est celle de mettre en scène un Maire qui inaugure des bacs à fleurs, payer une fortune par le contribuable local. Vous aurez compris que je suis en désaccord avec cette utilisation budgétaire, même si je suis ravi que les projets que nous portions chez Unis ou dans mon équipe se retrouvent aujourd’hui mis en place et revendiqué à grand coup de communication coûteuse. Il n’y a que les cons qui changent pas d’avis, c’est le seul complément que je pourrais lui faire.
Et bien merci de lui avoir donné ces bonnes idées. Je sais que se faire voler ses idées donne de la colère. Revendiquer donc à chaque fois ces idées. Demandez une boîte à idées, où tous les messins pourront donner les leurs, voir où ils pourront envoyer des liens vers d’autres villes du Monde où de belles idées sont appliquées. Priorité au peuple de Metz avant celle d’un parti. Merci.