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Moselle : horaires contraints pour les bars et restaurants, nouvelles restrictions sanitaires pour éviter le couvre-feu

La préfecture de la Moselle a donné un nouveau tour de vis sanitaire pour tenter d’éviter de voir le département placé en couvre-feu. Les lieux de convivialité sont les plus touchés, et un appel au sens des responsabilités de chacun a été lancé, à l’heure où les hôpitaux font face à une seconde vague de patients atteints de covid-19. Les nouvelles mesures entrent en vigueur dès ce week-end du 23 octobre.


Alors que les départements voisins de Meurthe et Moselle et du Bas-Rhin ont basculé cette semaine parmi les territoires devant respecter le couvre-feu sanitaire pour lutter contre le nombre de contaminations à la covid-19, la Moselle reste pour le moment « épargnée » par cette mesure.

Mais les chiffres ne sont pas bons, et surtout, c’est la tendance observée qui fait craindre que, dès la semaine prochaine, la Moselle ne rejoigne la liste des 54 départements français (soit 46 millions d’habitants) déjà passés sous le couvre-feu sanitaire lors de l’annonce par le Premier Ministre et le Ministre de la Santé ce 22 octobre 2020.

Le Préfet du département Laurent TOUVET a donc renforcé le dispositif en place pour tenter de casser la courbe des infections, (cf. notre interview ci-dessous) dont le nombre a été multiplié par 5 en moins de 3 semaines (taux d’incidence), et éviter l’engorgement des services de réanimation où, à nouveau, les personnes âgées de plus de 65 ans recommencent à se présenter. En Moselle, le nombre de personnes touchées par la covid-19 est passé depuis fin septembre de 45 à 110 patients, et de 8 à 19 en réanimation.

De leur côté, les patrons de bars et de restaurants font grise mine, à l’image de l’un d’entre eux qui nous a accordé un interview quelques minutes après les annonces officielles de la Préfecture (à écouter plus bas).

Les nouvelles mesures

S’il ne souhaite pas qualifier « d’inexorable » l’arrivée du couvre-feu, le Préfet ne cache pas que la tendance nous y conduit tout droit. Seul espoir pour l’éviter : que les mesures de restriction déjà prises depuis quelques semaines en Moselle commencent à produire leur effet avant de dépasser les seuils d’alerte, ce qui pourrait survenir dès mercredi ou jeudi prochain, selon l’avis qui sera donné par le conseil de sécurité sanitaire qui se tient de façon hebdomadaire à l’Elysée.

Les nouvelles mesures de restriction annoncées entrent en vigueur dans la nuit de ce vendredi 23 octobre 2020 (à partir de minuit dans la nuit de vendredi à samedi). Voici ces nouvelles mesures, qui viennent s’ajouter à celles déjà en place, comme l’interdiction de rassemblement de plus de 6 personnes sur la voie publique :

  • port du masque dès 7h du matin (10h auparavant) dans les rues des villes de Metz, Montigny-lès-Metz et Thionville
  • fermeture des bars et des restaurants à 22h00 sur les 44 communes de Metz Métropole (où le taux d’incidence est de 218/100.000 habitants, alors qu’il est de 168 en Moselle)
  • mise en place d’un cahier de rappel dans tous les bars et restaurants du département, permettant de contacter les clients en cas de présence d’un cas positif à la covid-19
  • fermeture des buvettes dans les stades et enceintes sportives de tout le département, et extension de cette fermeture les jours de match aux établissements situés aux abords du stade St Symphorien
  • port du masque obligatoire dans les cimetières, avec en ligne de mire le temps de la Toussaint où leurs allées sont très fréquentées

En appelant au sens des responsabilités de chacun pour le respect, dans la sphère privée, des gestes barrière et à la limitation la plus drastique possible des réunions de famille ou d’amis, seuls moyens d’éviter l’emballement des contaminations, et rappelant que désormais toutes les tranches d’âge étaient à nouveau touchées, le préfet Laurent TOUVET explique à notre micro la démarche que la situation le contraint à entreprendre :

Réaction : nouveau coup dur pour les bars et les restaurants

Le Préfet l’affirme, la décision de ce 22 octobre a été prise en concertation avec les représentants du secteur et avec les élus locaux. Son objectif est de limiter les effets économiques des mesures, mais il dit être conscient de la mauvaise nouvelle que cela représente pour les entreprises concernées, et de ses impacts.

Avec ces nouveaux horaires de fermeture imposés, les lieux de convivialité sont particulièrement concernés par les nouvelles mesures de restriction sanitaire. La perspective d’un couvre-feu à 21h, comme c’est déjà le cas ailleurs en France, toucherait une nouvelle fois de plein fouet les patrons de bars et de restaurants.

A la tête du Mojito Bar place de chambre à Metz, Sandro DI BERNARDI est l’un d’entre eux. S’il comprend la nécessité de juguler la seconde vague de covid-19, il indique notamment que le report des moments de fête vers l’intérieur des habitations n’est peut-être pas la meilleure des choses, car il ne permet pas le contrôle ni la traçabilité des personnes comme c’est le cas dans les bars et restaurants. Voici sa réaction à notre micro après l’annonce du Préfet :

Evénements en Moselle et marché de Noël de Metz

Les événements programmés depuis la rentrée ont été particulièrement observés par les services de la Préfecture, désireuse de voir se poursuivre leur organisation si le cadre sanitaire restait acceptable et respecté.

Les éditions 2020 de #GEN, de la FIM, du festival Hop Hop Hop, du Salon à l’Envers et d’AGRIMAX par exemple, dans des catégories d’événements et des lieux différents, ont rassuré le préfet sur le respect des gestes barrière et la capacité des organisateurs à concevoir des événements limitant considérablement les risques de contamination. D’autres, tels que le festival de musique blues MTB, ou le marathon de Metz, pour des raisons différentes l’un de l’autre, n’ont pas obtenu l’autorisation de se tenir.

L’adaptation des décisions au cas par cas, appelée des voeux des organisateurs, a provoqué son lot d’incompréhensions pour un secteur de l’événementiel qui, bien que soutenu par les mesures gouvernementales (chômage partiel, PGE), vit une période particulièrement sombre de son histoire.

La restriction drastique des animations de Noël à Strasbourg fait craindre le pire pour le marché de Noël de Metz, appelé à recevoir un flux supplémentaire comme cela avait été le cas lors des restrictions pour cause de risque d’attentat en Alsace il y a quelques années. Le Préfet en appelle déjà les organisateurs à être créatifs, même si à ce stade, son organisation n’est pas (encore ?) empêchée. Si la consommation de boissons et de plats debout est dores-et-déjà écartée, le concept même de chalets devant lesquels se croisent des flux de personnes venant de divers horizons est sous pression.

Il y a bien d’autres mesures pour éviter couvre-feu et reconfinement

Le mot n’est pas prononcé, ou à peine, tant on sait le terrible impact qu’un second coup d’arrêt d’une telle ampleur ferait vivre à l’économie, et donc à nos emplois. Mais sans vraiment le prononcer, le Premier Ministre n’a pas caché ses inquiétudes cette semaine. Et pourtant, si les nouvelles mesures annoncées en Moselle visent à éviter le couvre-feu, c’est bien le reconfinement qui constitue potentiellement le prochain jalon majeur qui pourrait « casser la courbe » à coup sûr. 58 départements français expérimentent déjà le couvre-feu, et l’on saura avant fin novembre si ce niveau est suffisant.

Le couvre-feu ou le confinement ne sont pour autant pas les seules mesures capables d’endiguer les contaminations. Ces autres mesures pouvant éviter l’emballement des contaminations sont en théorie faciles à mettre en oeuvre, bien plus efficaces, ne coûtent rien, et évitent autant la catastrophe sanitaire qu’économique. Problème : elles font appel à la discipline, à la lucidité et au sens des responsabilités de chacun. Ce sont les mesures de distanciation sociale, accompagnées des gestes barrière. Si ces mesures étaient mieux respectées, la situation aujourd’hui serait bien différente. Il ne s’agit pas là de culpabilisation, mais de raison.

L’objectif est simple : éviter un engorgement des services de réanimation tel, que les médecins se verraient dans l’obligation de choisir « entre entre deux patients » (entre un parent à nous et le parent d’un inconnu par exemple, ou pire, entre deux parents à nous…), de quoi donner à des applaudissements un goût plus qu’écoeurant.

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