Politique & social

Université de Lorraine : scission entre Metz et Nancy si la surdité se poursuit ?

Un collectif d’universitaires et de personnels du site messin de l’université de Lorraine met la pression pour obtenir un rééquilibrage de Metz par rapport à Nancy. Lors d’une conférence de presse organisée ce lundi 02 décembre 2019, le collectif Charlemagne a pris officiellement la parole et demandé l’ouverture d’un débat sur la place de Metz dans l’université… débat qui leur est refusé lorsque la demande est faite « en interne » auprès des instances dirigeantes basées principalement à Nancy.

Le collectif avait invité les candidats aux municipales de 2020 à Metz, à donner leur avis sur la situation et les éléments de leur programme en lien avec les préoccupations du collectif. Neuf d’entre eux (pour certains représentés) ont défilé pour s’exécuter, et affirmer leur soutien à la démarche des universitaires, alors qu’un débat avait été organisé au conseil municipal ce 28 novembre, et que certains abordent clairement la possibilité d’un retour à l’autonomie.

Projets écartés, moyens réduits, chiffres biaisés, absence de réponses aux questions posées, échecs multiples… le collectif Charlemagne affirme la souffrance du site de Metz au sein de l’université dont il est, pourtant, une constituante importante et vis-à-vis de laquelle il n’aurait fait que perdre des plumes en 8 années d’existence.

Au-delà d’un débat, c’est d’actes clairs dont l’équilibre entre Metz et Nancy a besoin au sein de l’université, dans le respect de l’esprit sur lequel ses fondateurs ont imaginé sa création et son fonctionnement.

Lire par ailleurs : l’ICN lâche Metz et la Moselle

Quelles que soient les revendications des universitaires, elles seraient systématiquement écartées d’un revers de la main par un système ne leur portant a priori aucune considération. Le ras-le-bol est à tel point important que les universitaires prennent le risque de se voir « saqués » au sein de l’université, quant certain(e)s, démotivé(e)s, se tournent vers la médecine du travail, ou que d’autres ont baissé les bras face à ce qui pourrait ressembler à une stratégie délibérée visant à affaiblir le site de Metz et de ses alter ego mosellans (Thionville, St Avold, Forbach) au profit de celui de Nancy.

Désabusé, Nidal Rezg, l’un des universitaires porte-parole du collectif (qui a vu récemment son projet MISTA pour Metz refusé sans ménagement par la direction de l’université), explique la situation à notre micro :

La sortie publique du collectif Charlemagne, qui représente aujourd’hui moins d’une cinquantaine d’universitaires et de personnels, pourrait petit à petit faire se délier les langues, et cristalliser un mécontentement plus consistant, et assumé par plus de personnes, à l’exception de celles qui souhaiteront se préserver de représailles individuelles.

Pas de guerre entre Nancy et Metz…

Le collectif Charlemagne le revendique : « il ne s’agit pas de créer une guerre entre Nancy et Metz ». Pour autant, c’est clairement le système de décision, fait de mini-parlements internes à l’université, qui pose souci : la domination des nancéiens dans le nombre de décisionnaires crée des effets de distorsions toujours plus visibles, toujours plus incontournables, et de moins en moins supportables.

Les chiffres présentés ces derniers mois sur le sujet (nombre de directions, variations du nombre des étudiants, etc…) montrent en effet de nombreux déséquilibres au niveau du système de pilotage et de gouvernance.

Une affirmation qui avait dépendant été écartée en février 2019 par le président de l’université, lorsque nous lui posions la question au sortir de son audition par les élus de Metz Métropole :

La position du président Mutzenhardt, dont le mandat actuel court jusqu’en 2022, semble devenir de plus en plus difficile à tenir sous les coups de boutoir des prises de parole.

La scission, pas impossible

Sauf à croire que les élus et les universitaires messins revendiquant une considération plus appropriée soient à ce point aveuglés par l’erreur, il est difficile de croire qu’une telle fumée puisse exister sans un feu suffisamment et réellement conséquent. Ce qui appelle nécessairement une réaction à la hauteur de la question posée aux dirigeants de l’université de Lorraine en général, et à son obédience nancéienne en particulier.

Le système, bâti sur une représentativité statutairement toujours inférieure de Metz par rapport à Nancy, peut cependant continuer par nature à se montrer impavide. Sans réaction suffisamment considérable, la scission entre Metz et Nancy pourrait alors prendre une tournure plus concrète, d’autant que l’université de Metz, déjà dépouillée et malgré ce qu’affirme le président de l’université de Lorraine, n’aurait plus grand chose à perdre à regagner son autonomie.

Un nouveau chapitre pourrait alors s’inscrire dans l’histoire, pathétique et à jamais contre-productive, de la compétition toxique entre Nancy et Metz. Pendant ce temps, ailleurs, on avance bien mieux quand les concurrents sont divisés, on a même tout intérêt à ce que la situation perdure ou empire.

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5 commentaires

  1. Bonjour,

    Je félicite cette équipe de collègues d’avoir mis en place ce collectif afin de défendre notre site, en déclin avec le déni total de l’équipe de direction de l’UL. Il y a beaucoup d’exemples du quotidien qui montrent que l’UL n’est pas Lorraine mais plutôt Nancéienne. Il est temps de donner à Metz sa place dans le cadre de l’Enseignement Supérieur et la Recherche.
    Cordialement
    Nicolas

  2. Le site de Metz souffre de visibilité due déjà à l’histoire et avec la fusion les composantes de formation et de recherche n’ont pas bénéficié d’un apport sensible et tangible de cette université de Lorraine. La gouvernance nancéienne impose à Metz un fonctionnement miroir de celui de Nancy. Les spécificités messines sont jamais mises en valeur ni discutées.

  3. Le site de Metz souffre de visibilité due déjà à l’histoire et avec la fusion les composantes de formation et de recherche n’ont pas bénéficié d’un apport sensible et tangible de cette université de Lorraine. La gouvernance nancéienne impose à Metz un fonctionnement miroir de celui de Nancy. Les spécificités messines sont jamais mises en valeur ni discutées.

  4. Bonjour,
    On ne peut qu’observer avec une grande déconvenue que pratiquement chaque activité messine doit être sous la tutelle de nos collègues nancéiens même si on est qualifié à le faire. Ras le bol de cette tutelle. Je suis entièrement d’accord pour un changement de modèle afin que Metz trouve dans sa place comme une université autonome.
    Paul

  5. Tous les candidat.e.s à l’élection municipale à Metz sont unanimes : il faut changer le modèle de l’université de Lorraine. Un équilibrage ne suffit pas ! Metz doit être une ville universitaire à part entière. La région Lorraine n’existe plus, l’université de Lorraine n’a plus aucune raison d’être. Metz et Nancy doivent chacune avoir leur université, une métropole = une université !

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