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Interview : Xavier Bouvet au Livre à Metz pour son premier roman Le bateau blanc

Xavier Bouvet, ancien candidat aux municipales, est présent au Livre à Metz pour son premier roman « Le bateau blanc », publié aux Éditions Le Bruit du Monde. Son premier livre, sa nouvelle vie estonienne, ses projets : il revient pour Tout-Metz sur ce nouveau chapitre de sa vie.

Vous pouvez retrouver cette interview au format podcast en bas de la page.

Xavier Bouvet en dédicace sur le stand La Cour des Grands au Livre à Metz 2024.

Xavier Bouvet, les Messins connaissent l’homme politique. Ils peuvent maintenant découvrir l’auteur, l’écrivain. Vous êtes présent au Livre à Metz pour présenter votre premier roman, Le bateau blanc. On est donc en Estonie. On est en 1944 et l’Union soviétique arrive. Est-ce que vous pouvez me décrire le contexte de ce livre ?

Le bateau blanc, aux Éditions Le Bruit du Monde, c’est le récit d’Otto Tief, qui est l’homme qui a restauré l’indépendance de la République estonienne durant 5 jours. Entre le départ par l’évacuation navale des Allemands en septembre 1944 et l’arrivée des premiers chars soviétiques au même moment, 5 jours plus tard. C’est l’histoire de 5 jours d’indépendance éphémère, un peu sur le papier, en Estonie à cet instant-là, à Tallinn. Et c’est l’histoire d’un engagement, celui d’Otto Tief, qui n’était pas du tout un grand chef de guerre, un politique charismatique des années 30, qui était simplement un avocat qui a fait son devoir. Plus généralement, c’est l’histoire de l’Estonie entre 1934 et aujourd’hui. Entre le marteau soviétique et l’enclume allemande, l’enclume du Troisième Reich. C’est une autre histoire européenne à laquelle on est assez peu accoutumé, et où les trajectoires, les destins étaient plus complexes, puisque entre deux totalitarismes.

On mêle la grande histoire aux trajectoires de vie, avec aussi de la géopolitique et un roman qui est documenté.

Oui, d’abord, je ne suis pas estonien ni historien, mais il me semblait important de travailler à partir de sources et de travaux scientifiques, ceux des historiens, et de les livrer dans une bibliographie, de manière aussi à éviter ce qui est très courant aujourd’hui, les manipulations d’informations, la réécriture de l’histoire, le détournement. Je n’ai pas du tout souhaité rentrer dans cette approche-là, mais au contraire, d’avoir beaucoup de scrupules dans le récit de l’histoire estonienne, et de signaler les éventuels aménagements, et de restituer les sources pour que ceux qui souhaitent approfondir puissent le faire. Et puis, effectivement, il y a une dimension géopolitique, parce que ça raconte l’histoire balte, ça raconte cette situation européenne particulière, et je crois qu’il y a des résonances avec ici et maintenant, en 2024, à l’heure de l’agression russe en Ukraine. 

Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir ce sujet pour votre premier roman ?

Je crois que c’est d’abord une histoire humaine, celle de Tiff, qui est cet avocat qui accepte de faire son devoir au péril de sa vie, et en mettant en danger d’ailleurs sa famille, puisqu’il ne la reverra pas, durant 30 ans de goulag, de déportation, de persécution par le KGB. C’est d’abord l’histoire d’un engagement qui est pris dans tout son drame. Il y a l’histoire d’un pays, il y a l’histoire d’une résilience, d’une résistance, et puis je crois que c’est aussi des questions qui se posent à nous tous aujourd’hui. Qu’est-ce qu’on fait quand les événements inexorables sont en train de se produire ? Comment est-ce qu’on agit alors qu’on est à la certitude absolue, hier, que l’armée rouge prendra Tallinn, et aujourd’hui, les défis de notre époque, le réchauffement climatique, les crises environnementales, et puis ce qui est en train de se jouer à l’Est d’Europe.

Vous l’avez évoqué, cette actualité, ce conflit ukrainien. La Russie se drape de l’aura du libérateur, prétend venir libérer les peuples, mais en réalité, il y a cette géopolitique, cette volonté de développer l’État, de prendre des territoires. Les situations se répondent ? 

Alors, c’est pas un livre à clés, c’est pas un texte à messages. J’ai souhaité raconter de manière honnête cette histoire-là. Mais effectivement, on y lit en réalité, des constantes dans la politique étrangère, hier de l’Union soviétique, aujourd’hui de la Fédération de Russie, qui est toujours cette tentation de recréer un glacis d’État frontalier neutre de manière à mieux protéger l’État d’ingérence occidentale et étrangère. Aujourd’hui, l’OTAN, hier l’Europe occidentale. Et dans ce chapitre que j’aime beaucoup, de négociation entre Molotov et les négociateurs estoniens, il y a un écho très réel, je pense, avec le parfait manuel de la politique étrangère russe d’aujourd’hui.

Vous habitez actuellement en Estonie. Vous avez pu découvrir ce pays. Comment se passe votre nouvelle vie estonienne ?

C’est une vie qui est à la fois très différente et très proche de ce qu’on vivait à Metz. Tallinn, comme Metz, c’est une ville à l’autre extrémité de la diagonale germanique en Europe. C’est un espace de rencontres, de confluences, de confrontations parfois, entre les grands espaces culturels. Un espace germanique. Durant sept siècles, une nation fondamentalement estonienne, avec une singularité, avec une sensibilité qui lui est propre. Une région finno-ougrienne, les voisins baltes. Et puis, l’espace slave qui lui fait face. Et je crois que cet espace creusé, où se sont juxtaposées les différentes couches sédimentaires de l’histoire, où se sont parfois confrontées les empires, les royaumes, et où a émergé cette république estonienne indépendante. Je crois que tout ça, ça dit quelque chose de fort de ce qu’est notre Europe, et qui parle au Messin que je suis.

Actuellement, l’Estonie vit-elle la peur d’une possible invasion russe ? Comment ressentez-vous la chose, vous qui vivez maintenant à Tallinn ?

Non, ce n’est pas le sentiment que j’ai. Je pense qu’il n’y a pas de peur. Par contre, il y a une lucidité certaine sur la situation actuelle, sur les menaces géopolitiques qui sont largement documentées jour après jour. La Première ministre estonienne parle haut et fort sur ces sujets-là, n’a pas peur des mots, donc sans peur, mais avec détermination, et surtout avec une dimension profondément européenne. Je pense que l’Estonie est un État profondément européen, peut-être même bien plus que certaines régions françaises d’aujourd’hui, qui peuvent avoir le luxe de regarder avec distance Bruxelles. Je pense que l’Estonie, Tallinn, a bien conscience que l’Europe, c’est d’abord un espace partagé de paix et de prospérité. Et puis l’autre élément qui distingue l’Estonie, c’est son attachement à l’OTAN, qui est une alliance militaire défensive qui sécurise, grâce à des soldats français notamment, l’Europe sur son flanc Est.

Vous avez fait le choix de venir ici au Livre à Metz. Quel lien gardez-vous avec la ville ?

J’ai toujours une résidence ici. Mes enfants sont Messins, je suis Messin, je vis à Metz, et je suis toujours très attentif à l’actualité messine. 

Et quel point de vue portez-vous sur cette actualité ? Est-ce que vous suivez au jour le jour ce qui se passe dans la ville, ou maintenant vous êtes au loin et vous vous concentrez bien sûr sur votre nouvelle vie ?

Non, je continue de lire très régulièrement la presse lorraine, la presse mosellane, la presse messine, et puis j’ai tous mes amis ici. Et donc, naturellement, Metz reste une dimension majeure de nos vies.

Et alors, un premier ouvrage, est-ce qu’un deuxième est déjà dans les cartons ? Avez-vous d’autres projets en cours ?

Oui, un deuxième ouvrage sur lequel je travaille. C’est encore un peu tôt pour en parler, mais en horizon de publication sans doute l’année prochaine, j’espère. 

Les messins peuvent vous retrouver au Livre à Metz, vous êtes présents directement sous le chapiteau, mais ils peuvent également vous rencontrer lors de différentes rencontres.

Oui, samedi soir à 18h30 à la Cour des Grands, dimanche à 11h30 sur la Place de la République, pour un débat avec Cécile Desprairies, qui est l’autrice de La Propagandiste, un livre formidable sur sa famille. C’est l’histoire d’une famille en proie aux démons de l’occupation, de la collaboration, pour ne pas dire de sympathie nazie. Et je pense que ce sera un échange intéressant sur ce qu’est l’histoire, sur ce qu’est écrire l’histoire, sur la part de la fiction. Ça s’intitule “La rencontre entre l’intime et l’histoire”, et je pense que ce sera un moment intéressant. Et je suis sur le stand de la Cour des Grands durant tout le week-end.

L’interview de Xavier Bouvet en format podcast :

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