Politique & social

Municipales 2020 : résumé à J-30 d’une année de campagne à Metz

La campagne pour les municipales 2020 à Metz ne vous a jusqu’à présent pas ou peu intéressé, vous avez suivi de loin et vous avez manqué un ou plusieurs épisode ? A 4 semaines de l’échéance vous souhaitez y voir un peu plus clair sur ce qu’il s’est passé ?

En à peine 15 minutes de lecture, à un peu moins de J-30 avant le 1er tour de scrutin, nous vous proposons un résumé circonstancié d’une pré-campagne qui a débuté en réalité dès septembre 2017, soit 30 mois avant les municipales 2020.

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CONTEXTE : les enjeux et les temps forts d’une élection ne peuvent se comprendre sans une prise en compte du contexte global dans lequel elle s’inscrit. Les municipales de 2020 n’y font pas exception, bien au contraire.

Décidément, on ne peut plus être tranquille dans le monde politique avec cette société qui change ! Après la parité (des femmes) et le non-cumul des mandats (des concurrents potentiels) sous F. Hollande, c’est maintenant la société civile (le citoyen lambda) qui fait irruption dans la vie politique sous l’ère d’Emmanuel MACRON, fraîchement élu à la tête d’un bataillon d’amateurs (comme diront les professionnels), par des électeurs prônant en masse le « dégagisme« .

Un triple coup de balai qui a enrhumé plus d’un élu, toutes collectivités ou organes politiques confondus, et qui intervient après plusieurs phases : les promesses non-tenues après l’espoir suscité par les élections respectives de N. Sarkozy puis de F. Hollande, les affaires et la mise en lumière (sous ces deux mandats) d’anciens privilèges du monde politique que ce dernier ne s’oblige à changer que du bout des lèvres, et dans le même temps l’amplification de la chambre d’écho des réseaux sociaux, miroir déformant manipulable certes, mais où il n’est plus possible de s’échapper de la vie publique, même sur un scooter.

Ces deux mandats présidentiels accouchent donc d’un président qui n’a pas baigné depuis 30 ans dans la marmite. Les attentes sont fortes, le système enraciné depuis des décennies résiste, l’outrance des déçus (extrémistes en tête) s’amplifie au point que les mots n’ont plus de sens, la société se replie sur elle-même, cela ne va pas assez vite pour certains qui demandent des réformes rapides et visibles, cela va trop vite pour d’autres (parfois les mêmes) qui demandent plus de temps lorsque cela les touche directement.

Les Gilets Jaunes apparaissent, un amas hétéroclite de citoyens, qui ont pour point commun de ne plus arriver à joindre les deux bouts depuis trop longtemps. Au prix d’un paquet de bourre-pifs, de bris de matériel public et d’un glissement de la dette, ils obtiennent quelques milliards rapidement pour eux-même, là où les syndicats n’ont, depuis des décennies, obtenu que des miettes essentiellement à destination de corporations à forte capacité de blocage.

Enfin, cerise sur le gâteau, sous les insultes et les insinuations d’une partie du monde politique qui en a marre que ça change et qui préfère donner des leçons plutôt que de les recevoir, ce sont maintenant les jeunes, avec à leur tête une jeune autiste du nom de Greta Thunberg, qui demandent que le respect de leur planète passe avant les intérêt économiques et politiques. Un comble pour certains, une équation impossible à résoudre pour d’autres, mais assurément le naufrage d’une classe politique mondiale à tous les échelons, étalé sur les 50 dernières années, mais aujourd’hui sous les yeux des internautes devenu hypersensibles aux causes environnementales.

Arrivé sous N. Sarkozy après une division de la droite locale en 2008, réélu sous F. Hollande en 2014 malgré un mandat présidentiel de la gauche déjà décevant, Dominique GROS a observé tout cela de son fauteuil de maire de Metz en conduisant la ville dans un contexte budgétaire principalement baissier ou contraint, en ayant vécu une fusion des régions déplorable pour l’ancienne capitale de la Lorraine, ayant elle-même accouché d’un transfert marqué des missions et du pouvoir vers la métropole pour le mieux, vers Strasbourg pour le pire.
CONTEXTE : la politique, c’est la cité, les opinions, les points de vues opposés, les stratégies individuelles ou de groupes, les partis, les unions et les désunions, les personnes. Bref, la politique, c’est la vie des femmes et des hommes qui s’engagent, parfois ensemble, et parfois les un(e)s contre les autres. Voici l’état des forces en présence et des péripéties qui ont agité le microcosme politique messin avant les municipales de 2020. Pour trouver un résumé rapide de la campagne des municipales 2020 à Metz sans analyse, cliquez ici.

Dans le contexte évoqué ci-dessus, avec des conseillers municipaux (y compris son 1er adjoint) qui ne cachent pas (ou mal, ou plus du tout) leur compatibilité avec le mouvement et les idées « macronistes » en cours de mandat, Dominique GROS, maire encarté auprès d’un Parti Socialiste qui part en vrille, officialise son choix : il ne se représentera pas pour un 3ème mandat, qui se terminerait au-delà de ses 80 ans. A cette annonce effectuée en septembre 2017 (à écouter ici), il n’arrime pas la désignation d’un successeur, laissant le champ libre aux appétits et aux ambitions. Nous sommes alors à 30 mois des prochaines élections municipales.

A gauche, ceux qui, naguère et encore en activité dans sa majorité, faisaient bloc derrière le maire sortant, commencent à s’affronter, d’abord à fleuret moucheté, puis à la mitrailleuse. La scission se fait à gauche entre les PS et les macronistes, d’abord entre ces deux blocs, puis à l’intérieur même des chapelles. Côté PS, l’élection de Thomas SCUDERI comme chef de file se fait dans un contexte malsain ne lui accordant pas de légitimité, des militants actifs ne veulent ni de lui, ni d’une division de la gauche alors qu’un mouvement « Esplanade » commence de son côté à unir les mouvements de la gauche et les mouvements écologistes, et que le PS national souhaite s’y insérer. Jean-Michel TOULOUZE porte cette voix, mais il décédera à peine sa candidature officialisée sans investiture. Christiane PALLEZ reprendra le flambeau pour quelques semaines avant d’abandonner.

A gauche toujours, un mouvement réalise clairement et assez tôt une union de partis. Baptisé UNIS, il porte le discours écologiste (officiel des partis écolos) et social (des mouvements de gauche, que le PS rejoindra en janvier 2020), dont le thème est entré très fort parmi les attentes et les inquiétudes des citoyens. A sa tête, un ancien du cabinet de Dominique GROS, devenu directeur de l’agence de développement économique de la métropole : Xavier BOUVET. C’est le seul qui, bien qu’ayant baigné dedans, n’a pas de carrière politique derrière-lui. Ce paramètre faisant partie de certaines attentes de total renouveau exprimées, le portera d’ailleurs haut dans les sondages alors qu’il n’est qu’assez peu connu. Il faudra attendre janvier 2020 pour que Dominique GROS désigne un candidat qu’il soutiendra, ce sera justement Xavier BOUVET. Ceci ajoutera de la difficulté à gauche pour des ententes encore possibles, Thomas SCUDERI et Richard LIOGER se sentant frustrés de ne pas avoir obtenu cet avis favorable du maire sortant malgré des années de collaboration au conseil municipal.

Côté LREM, Richard LIOGER et Béatrice AGAMENNONE candidatent en interne, mais ne se réconcilieront pas après la désignation du candidat officiel du parti présidentiel, une désignation tardive qui aura fait pas mal de dégâts en raison notamment d’un acharnement de François BAYROU et du MODEM à obtenir des candidats dans de grandes villes ; à Metz, c’est Nathalie GRIESBECK qui offrait ce potentiel, elle finira par indiquer sa prise de retrait, mais le mal est fait.

A droite, prônant la contrainte du non-cumul des mandats contre laquelle il avait voté, François GROSDIDIER, sénateur de la Moselle, et maire de la commune voisine de Woippy depuis 16 ans, démissionne moins d’un mois après l’annonce de Dominique GROS, puis il annoncera sans surprise sa candidature en mars 2019 aux côtés de la centriste Nathalie COLIN-OESTERLE (à écouter ici), mais Jérémy ALDRIN (ex-LR devenu a priori irréconciliable avec F. GROSDIDIER) fait de même en juin 2019 (à écouter ici), et Emmanuel LEBEAU (électron libre classé parmi les Divers Droite) lui aussi en novembre 2019 (à écouter ici). Ces deux conseillers municipaux avaient fait bataille en 2014 aux côtés de Marie-Jo ZIMMERMANN, et manqué à 761 voix près de reprendre la mairie à Dominique GROS. Toujours à droite, un dernier candidat, Christian BEMER, fera lui aussi acte de candidature fin 2019 (à écouter ici).

Côté extrême-droite, le Front National s’est divisé en septembre 2017 lors de la séparation entre Marine LEPEN et Florian PHILIPPOT. Au conseil municipal de Metz, Françoise GROLET et Thierry GOURLOT se sépareront également un peu plus tard sur les bancs du conseil municipal. Sur les ruines d’un FN où père et fille étalent leur linge sale dans les médias plutôt qu’en famille, le Rassemblement National (ex-FN, même logo, créé en 2018) choisi par Françoise GROLET remportera tout de même cette lutte interne contre « les Patriotes », elle officialisera sa candidature avant les vacances d’été 2019 (à écouter ici).

A l’extrême-gauche, une constellation de mouvements (le NPA par exemple) s’entremêle derrière LFi, le parti conçu pour porter Jean-Luc MELENCHON à la présidentielle. Il en ressortira une forte divergence de points de vue entre ceux qui appellent à rejoindre « une offre » existante, et ceux qui souhaitent conduire une liste propre aux municipales. Ces derniers désigneront plus tard Jean-Hughues NYALENDO comme tête de liste, alors que les autres, dont une partie des membres de LFi et du mouvement Basta ! de 2014, rejoindront Thomas SCUDERI, qui a cependant du mal à supporter l’étiquette extrême-gauche que ces nouveaux soutiens lui ajoutent.
CONTEXTE : les élections municipales ne sont pas nécessairement des affrontements entre partis, comme cela peut l’être par exemple pour les présidentielles. Les idées pour la ville, les personnes déjà engagées ou non par le passé, ont intérêt à discuter et à se rapprocher pour proposer un spectre le plus représentatif possible des électeurs, pour obtenir un score plus élevé. Affaires d’ego, poids des histoires ou des frustrations entre personnes, stratégies de campagne ou oppositions majeures sur des sujets clés peuvent provoquer des prises de position dures, ou stopper net des discussions entre listes potentielles.

Dès sa désignation locale comme chef de file du PS (par la suite retirée par le national), Thomas SCUDERI a marqué la frontière entre ce qui serait acceptable et ce qui ne le serait pas. Sa première (et unique) cible sera « En Marche », il n’y aura aucune discussion ni fusion avec aucune liste orientée dans cet axe a-t-il déclaré. Cette décision, prise très tôt dans la campagne, est en partie ce qui créera la division avec certains militants et cadres du PS local, qui ne voyaient pas l’intérêt d’écarter un axe perçu comme modéré, tout en laissant la porte ouverte à l’extrême-gauche. La confusion qui en résultera n’aura pas été profitable, puisque Thomas SCUDERI devra faire face à une liste (UNIS) soutenue par son propre parti d’origine ; liste avec laquelle il a assez rapidement cessé lui-même de discuter pour des raisons que beaucoup qualifient de prétextes. Exit donc, la perspective d’une gauche totalement unie pour faire bloc face à la droite.

Du côté du parti présidentiel, tout devait normalement se dérouler de façon classique. La « primaire » interne devait aboutir à la désignation d’un(e) candidat(e) rassemblant les marcheurs, point barre. Mais les atermoiements du comité national d’attribution des investitures de LREM (notamment en raison de négociations avec le MODEM) a provoqué la confusion, alors que d’autres listes étaient déjà entrées en campagne et pour certaines, avaient déjà débuté le travail de terrain auprès des habitants depuis le début de l’été. Richard LIOGER a mis la pression en se déclarant « candidat quoi qu’il arrive » dès le 3 septembre 2019, il obtiendra l’investiture 1 mois plus tard. Béatrice AGAMENNONE vivra mal cette entrée cavalière de son collègue. Poussée par certains acteurs locaux, elle se déclare candidate 15 jours plus tard, ce qui provoquera son écartement de LREM qu’elle avait contribué à bâtir avec les premiers marcheurs, et avec lequel elle conserve un alignement idéologique. Le rubicon ainsi franchi par les deux candidats, aucun ne fera marche arrière. Exit ici aussi, la perspective d’une candidature sur tout le spectre centriste rassemblé derrière l’ancien 1er adjoint de Dominique GROS, devenu Député en 2017.

Jérémy ALDRIN, après avoir lancé sa campagne en fanfare au début de l’été, s’est tout d’abord évertué à conserver toutes les portes ouvertes. Compatible, semblait-il, avec plusieurs listes au centre (Béatrice AGAMENNONE et Richard LIOGER), à droite (Emmanuel LEBEAU) et même à gauche (UNIS). Cet ex-LR avait, dès les sénatoriales de 2017, éliminé toute chance d’un dialogue avec François GROSDIDIER en privant Les Républicains de ce dernier d’un siège de sénateur par le biais de sa candidature. Une ligne rouge tracée trois années avant les municipales donc, qui permet au passage de se rappeler que pour percer en politique face aux élus rompus à l’exercice, les fenêtres de tir ne sont pas légion. Actif en contacts avec les autres listes tout en menant sa campagne, convaincu qu’un accord doit intervenir avant Noël 2019 pour être crédible, Jérémy ALDRIN joue son va-tout lors d’une conférence de presse le 7 décembre 2019, en édictant un préalable à tout accord avec sa propre liste autour d’un certain nombre de propositions de son programme, justement dévoilé ce jour-là (à écouter ici). Les autres listes compatibles ne suivront pas, et resteront derrière la ligne rouge ainsi tracée. Dans les coulisses, certains cadres évoquent une gourmandise trop importante sur le nombre de places, et leurs positions sur la liste définitive. Jérémy ALDRIN, lui, les renvoie au projet. Un dialogue de sourds.

LFi et les autres partis d’extrême-gauche sont quant à eux divisés sur le point de vue : liste propre, ou ralliement à une liste de gauche. Le référendum interne accouchera d’une candidature en liste propre à l’hiver 2019. Le processus de démocratie interne ne sera cependant pas respecté, puisqu’une partie des militants portant l’autre point de vue, rejoindra Thomas SCUDERI. La ligne rouge est franchie, les deux listes s’affronteront et se partageront les voix. Exit enfin, la possibilité d’un bloc uni à la gauche de la gauche.
CONTEXTE : tout d’abord chacun dans sa trace, se toisant à distance et pour certains en raillant parfois une mesure d’un « concurrent », puis côte à côte lors des interpellations à donner leur avis devant différents groupes d’électeurs ou d’influenceurs potentiels (avocats, cyclistes, universitaires, …) mais sans pour autant échanger entre eux, un sondage va permettre d’évaluer les candidats face à face dans les chiffres, à défaut d’un débat.

A 45 jours des élections, le Républicain Lorrain publie un sondage qui donne un instantané des intentions de vote au 1er tour, et élabore des scénarios pour le second. A ce stade, tous les programmes des candidat(e)s n’ont pas encore été entièrement dévoilés, le nom des colistiers non-plus. Selon la position de chacun sur cet échiquier provisoire, on se satisfait sans pour autant fanfaronner, où alors on signale que le sondage à ce stade n’est pas véritablement pertinent. Classique et pas tout à fait faux, mais malgré tout, ce sondage est décrit comme plutôt juste quant aux positions des candidats les uns par rapport aux autres à ce stade de la campagne par les observateurs avisés, qui savent aussi qu’il permettra à beaucoup d’électeurs d’affiner leur choix ou tout bonnement de commencer à faire leur choix. Dans l’épaisseur de ce trait, les pourcentages sont beaucoup plus variables et le taux d’erreur est pointé du doigt.

Un quatuor de tête se dégage de ce sondage dans cet ordre : François GROSDIDIER en tête, Xavier BOUVET en 2nde position, Françoise GROLET en embuscade et Richard LIOGER détaché de la tête mais pas largué. Ces quatre-là sont au-dessus du seuil des 10% qui leur permet légalement de se maintenir au 2nd tour ou de fusionner dans l’intervalle. Derrière, les 7 candidats restants se partagent les miettes, seul T. SCUDERI émerge au-dessus de la barre des 5% qui pourraient lui permettre de voir ses frais de campagne remboursés.

Le réflexe des sondés vis-à-vis du spectre politique traditionnel à Metz semble être respecté : droite, centre, gauche & écologistes et extrême-droite. Les candidats en mauvaise posture expliquent leur position à ce stade par leur manque de notoriété, sauf que Xavier BOUVET arrive en 2ème place alors qu’il est probablement le moins connu de tous car n’ayant jamais été élu, ni même ne s’étant présenté à un quelconque scrutin.

Le sondage du quotidien régional permet également de modifier le système d’affrontement. Les candidats s’appuient sur ces chiffres pour identifier clairement leur(s) adversaire(s) direct(s). Les argumentaires s’affinent et les critiques ou attaques se font plus précises, plus dirigées. Le sondage permet ainsi un meilleur contraste entre les points de vue sur les sujets clés. Il était temps, car la campagne ronronnait sur un faux rythme, et la multiplication des conférences de presse thématiques ou sous-thématiques ne permettait que difficilement d’avoir une vue d’ensemble.
CONTEXTE : beaucoup parmi les candidats et leur entourage auront critiqué tout d’abord l’apparition d’amateurs en politique (qualifiés de membre de la société civile) avec l’avènement d’Emmanuel MACRON, puis raillé le gouvernement d’Edouard PHILIPPE lorsqu’il choisit pour sortir de la crise des gilets jaunes, la solution des réunions citoyennes de concertation menant à des cahier des doléances qui se traduiront ensuite dans des mesures.

C’est pourtant sur ces deux axes forts qu’une bonne partie des candidats vont concevoir leur stratégie de campagne.

« Prendre ses responsabilités dans la République et dans la cité », voici en résumé la réponse que la quasi-totalité des membres de la société civile vont donner pour expliquer leur entrée en politique. Tout en essayant de garder des places pour les lieutenants déjà rompus aux batailles électives et aux mandats, le pourcentage de membres de la société civile sur les listes de candidats se transforme en argument, mais aussi en défi pour certaines listes qui ont assemblé leurs forces, et négocié des places. Parité, laïcité, société civile, alliés… sont autant de critères qui rendent la composition de la liste définitive complexe, créent des frustrations, et limitent les fusions entre listes potentiellement compatibles, si elles n’ont pas été faites très en amont.

Pour ce qui est de la concertation, la mode est au « bottum-up » comme le disent les gens du marketing managérial : de la base vers la tête. Certains candidats ont bel et bien écrit une partie de leur programme après avoir recueilli des idées, propositions ou suggestions de problèmes à traiter directement lors de rencontres avec les habitants des quartiers. C’est le cas de Jérémy ALDRIN, Xavier BOUVET, Emmanuel LEBEAU et Thomas SCUDERI. D’autres se sont plutôt principalement appuyés sur les idées de leur équipe de campagne, justement composée de membres de la société civile sensés connaître les problématiques dont le politique serait éloigné, on parle ici de Béatrice AGAMENNONE et de Richard LIOGER. Christian BEMER et Jean-Hughues NYALENDO semblent avoir appuyé leurs idées sur toutes les formes de contestation existantes. Françoise GROLET s’approche de cette dernière catégorie, mais elle a aussi nourri les thèmes de son programme avec le recueil des grognes glanées auprès des citoyens qui se sont adressés à elle, et sur le retour en arrière autant que possible de certaines décisions municipales et métropolitaines qu’elle a combattu depuis 2014. Très discret, Marion RINALDI assume la traditionnelle vision « Lutte Ouvrière », son message est construit essentiellement pour permettre l’existence d’une voix ouvrière dans le débat. Quasi-invisible sur les radars, il sera le premier à avoir déposer et validé sa liste en préfecture, sans tambours ni trompettes. Enfin, François GROSDIDIER se détache avec, certes, des idées venues de son équipe, mais aussi pas mal de solutions qu’il dit avoir éprouvé lors de ses 16 années de mandats à la tête de Woippy, et qu’il compte bien dupliquer s’il devient maire de Metz.

Sur le terrain, les stratégies ont marqué une réelle différence d’approche, en lien parfois avec la disponibilité et la taille des équipes. Certains candidats ont ouvert un local de campagne où chaque citoyen pouvait pousser la porte, poser des questions et interpeller la liste, d’autres ne sont pas rendus aussi accessibles ; Jérémy ALDRIN a quant à lui innové avec un local de campagne mobile pour se déplacer de quartier en quartier. Si la plupart des listes ont été vues sur les marchés en train de distribuer des tracts et d’échanger avec les personnes sur place, certaines sont aussi parties au contact en faisant du porte-à-porte régulièrement. Certaines listes ont organisé des réunions de quartier pour présenter leurs programme, recueillir les points de vue, et répondre aux questions des habitants. A cet exercice, c’est probablement la liste de Xavier BOUVET qui aura été la plus active, tout en alignant les trois précédentes actions de présence citées plus haut. Face à cette présence, d’autres candidats ont privilégié les conférences de presse (plus de 100 tous candidats confondus, car tous en ont organisé) pour faire passer leur message, et inondé les réseaux sociaux de messages vidéo, de tranche thématique de programme ou d’articles reprenant les points évoqués en conférence de presse.
CONTEXTE : Facebook, bien plus que Twitter, s’est imposé comme un moyen de communication incontournable dans le paysage des élections depuis quelques années, avec son lot de bons et de mauvais côtés. C’est aussi un vecteur d’assez piètre qualité pour analyser la diversité des points de vue, car son algorithme a tendance à mettre sous le nez des internautes les thèmes ou les idées qu’ils préfèrent.

C’est le plus mauvais aspect de cette campagne, le moins reluisant, et parfois le plus puérile. Les échanges entre les soutiens des uns et des autres ont commencé à sérieusement se dégrader courant janvier 2020. Une violence verbale qui ne devrait pas avoir sa place, mais qui accapare l’attention.

Plutôt que de s’opposer uniquement sur les différences de vision par rapport aux thèmes de campagne, des commentaires dénués de respect ont commencé à agiter les esprits, tournant au pugilat pathétique pour certains, voire aux attaques directes sur les personnes. Toutes les listes ne sont pas laissées prendre au piège ou on vite arrêté de participer à la débâcle, la manoeuvre est cependant portée par quelques grognards particulièrement actifs et virulents jusqu’à l’excès (de zèle, d’insinuations…). De trop rares commentateurs éclairés, pour certains eux-aussi issus ou soutien extérieur aux listes en place, visiblement plus intéressés par l’échange, tentent bien régulièrement de recadrer le débat, de revenir sur le fond, mais se sont parfois fait prendre eux aussi au jeu des invectives.

Enfin, les réactions de certaines personnalités politiques, (femmes et hommes) pour lesquelles on aurait pu attendre un peu plus de hauteur, ont contribué à amplifier des échanges pas encore nauséabonds, par le biais de réactions parfois même délibérément exagérées, actionnant la machine à rendre coup pour coup. De quoi pourrir encore plus le débat, et de contribuer à écoeurer si cela était encore nécessaire, les observateurs internautes qui hésitent entre le vote et l’abstention.

Qui a commencé la querelle ? La réponse est simple : c’est forcément l’autre. L’enfer, c’est toujours les autres.

Au soir du 27 février 2020, tous les candidats devront avoir déposé leur liste en préfecture pour vérification et validation. Nous connaîtrons alors le nombre exact de candidatures qui se retrouveront une vingtaine de jours plus tard, sur les tables des bureaux de vote.

Au 1er janvier 2020 ils étaient encore 12 sur la ligne de départ. Après le retrait de Christiane PALLEZ intervenu fin janvier (permettant le ralliement du PS à la liste UNIS), et au moment où nous rédigeons cet article, 11 candidats briguent encore le mandat pour la mairie de Metz.

Tout-Metz vous proposera de suivre les résultats des élections municipales pour les principales communes de Moselle, et les résultats pour la ville de Metz pour les 1er et 2nd tour.

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