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Danse : Un-complet au Théâtre du Saulcy

Programmation Arsenal Danse au Théâtre du Saulcy les mercredi 6 et jeudi 7 février à 20h pour deux représentations de Un-complet, spectacle pluridisciplinaire mis en scène par Perrine Maurin mêlant danse, jeu, musique, art vidéo et installation scénographique d’envergure.

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Deux interprètes, un homme et une femme, sont posés là, déposés, interposés, entreposés dans un espace blanc et vide, livrés à eux-mêmes et livrés à l’autre. Libre adaptation de « Fragments du discours amoureux » de Roland Barthes, Un-complet est une pièce chorégraphique (scénographique) singulière qui unit en un même espace scénique l’humain et le sentiment, le réel et l’illusion.

Durée : 1h

Tarifs : de 6,50 à 18€ / étudiants (passeport cult.) : 6,50€ / – de 26 ans ; Rmiste et demandeur d’emploi : 8€

Perrine Maurin a tout d’abord joué.

Après des études de lettre moderne et d’arts du spectacle à l’université de Strasbourg, elle entre au Conservatoire Régional de Théâtre et est reçue deuxième au prestigieux concours de dramaturge du TNS (Théâtre National de Strasbourg). Elle est aussi interprète pour la compagnie messine Viracocha de 2000 à 2003, comédienne sous la direction de Jean-Claude Berruti (Beaucoup de bruit pour rien) ou Hubert Colas (4.48) avant d’orienter son parcours artistique vers la mise en scène (assistante auprès de Thierry Bédard).

Trois créations à son actif : tout d’abord Radiographies en 2005 (dont Thierry Bédard est le scénographe), pièce chorégraphique dans laquelle quatre personnages sont enfermés dans le dédale d’un décor carré, séparé en quatre parties égales. Installation labyrinthique dans laquelle quarante huit spectateurs – douze par carrés et installés dans des boxes à deux places – observent tour à tour les quatre protagonistes dans l’intimité de leur confession et de l’isolement.

Puis (untemps) présentée en mars 2007 au Théâtre du Saulcy dans le cadre d’une soirée Danse-musique-vidéo consacrée à deux compagnies. Et enfin Un-complet, dont il est ici question.

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Spectacle pluridisciplinaire où musique, jeu, projections vidéo, interviennent au même titre que les interprètes au sein d’un environnement épuré et nu (sol blanc qui s’allonge en fond de scène comme un couloir vers un mur, blanc lui aussi). Espace immaculé, propice à l’humain, aux humains, dont il met en valeur les liens qui les unissent, les attirent et dans lesquels ils s’emmêlent ou se confondent.

Il y est question d’amour, tout le temps, dans l’altérité, la confrontation de soi à l’autre et des désirs qui nous animent. Perrine Maurin questionne l’état amoureux en manipulant l’humain, en l’insérant et l’isolant dans cet espace d’amour d’apparence stérile au sein duquel naît et évolue la relation. Elle interroge les liens. Elle expérimente et observe, on observe, le rapport humain sans cesse bouleversé, mué par la présence de l’autre.

Deux interprètes : soi, et l’autre. L’autre et soi. Nous et nous-même forcés à la distinction de ce qui nous lie et nous sépare de l’autre.

Les distinctions, les confusions sont multiples !

Lumières et projections invitent à une perte des repères dans une scénographie aux technologies nouvelles où le réel – parfois – s’absente.

« Entre fusion et séparation […] métamorphoses, illusions, troubles des corps, violence des mots » ; « dramaturgie du fragment » ; « portrait de l’alchimie amoureuse ».

Séparations mais néanmoins confusion du rêve et de l’imaginaire

Où je suis moi ? Où est l’autre ? Où somme-nous ? Trois équations distinctes mais interdépendantes dans lesquelles inévitablement s’imbrique le spectateur. Equations dont on ne maîtrise pour chacune les unités de calcul mais pour lesquelles, cependant, on exige une réponse, un résultat.

Accepter l’autre, admettre qu’il ne puisse être soi et reconnaître néanmoins ses ressemblances, c’est accepter de ne pas être seul pour ensuite, seulement, pouvoir construire une unicité.

Et lorsque dans notre propre intimité nous sommes spectateurs (le mot revient souvent, à croire qu’il s’agit là d’un statut, d’une place à part entière) témoins de l’isolement d’autrui, en ce sens qu’il est un corps unique séparé de moi, la réalité s’impose, dépasse les apparences. Perrine Maurin « scrute l’intime » pour « faire tomber les masques ». Et elle le dit, l’intime est son discours, les interprètes sont notre propre reflet.

« Ça pourrait être vous et moi, cela a été vous ou moi »


Sources photographies: Perrine Maurin

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