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Augmentation des frais de port de 3 euros pour les livres : l’avis des libraires à Metz

Dès ce samedi 7 octobre 2023, il faudra payer un minimum de 3€ de frais de livraison lors de toutes commandes de livres inférieures à 35€ pour tous les vendeurs de France.

L’arrêté datant du 4 avril 2023, signé par Rima ABDUL MALAK, ministre de la culture, et Bruno LE MAIRE, ministre de l’économie et des finances, vise à instaurer une concurrence saine et équitable entre les librairies et les géants du web.

Librairie Autour du monde

L’achat d’un livre ou de plusieurs livres entraînera des frais de port minimum de 3 € pour l’acheteur lorsque la commande est inférieure à 35 €. Néanmoins, pour une commande d’un ou de plusieurs livres dépassant le seuil minimum de 35 €, le vendeur pourra toujours proposer la livraison à 1 centime.

Cette augmentation des frais de port concerne aussi bien la livraison à l’adresse spécifiée par l’acheteur que la livraison dans un point de retrait.

Une « mesure symbolique » d’après les libraires

La mesure est saluée par de nombreux libraires messins. Cependant, beaucoup doutent de l’impact qu’elle aura réellement sur le marché.

J’espère que ça embête Amazon, mais je ne suis pas sûr. Il faudrait aller plus loin. Il y a un flou après ces 35 euros, donc une brèche est ouverte. C’est une petite bataille gagnée. C’est de l’ordre du symbolique, mais c’est important.

Anne-Marie CARLIER, librairie Autour du Monde à Metz

Depuis l’entrée en vigueur de la loi Lang le 1er janvier 1982, le prix de vente d’un livre est le même pour tous les détaillants. La seule marge de manœuvre est la possibilité d’un rabais à 5%, souvent accordé dans le cadre des cartes de fidélité.

Actuellement, les frais de port permettent aux géants du net de gagner un avantage concurrentiel sur les librairies. Avec leurs services de livraison ultra-compétitifs, ils sont capables de livrer au domicile du client quasiment gratuitement.

Un premier pas vers une concurrence plus saine

Lors des livraisons, les librairies utilisent généralement les services postaux. Il n’y a pas de dispositif particulier permettant aux libraires de réduire le coût des envois

Ils passent donc généralement par Colissimo, ce qui fait grimper en flèche le coût total pour l’acheteur. Il était donc temps de légiférer sur la question, selon la responsable de la librairie Hisler.

Cette loi était nécessaire. C’est un premier pas, il faut le souligner, mais c’est encore faible si on veut équilibrer la concurrence sur internet. Si on pouvait accéder à un tarif postal plus avantageux, ça irait dans le bon sens pour nous et pour le consommateur.

Christine CARLI, responsable de la librairie Hisler à Metz

La solution que de nombreux libraires préconisent est la création d’un service public postal spécialisé pour les acteurs du livre. Il permettrait aux petites structures de livrer à coût réduit, sans augmenter les tarifs pour le consommateur.

Une artificialisation des comportements

Du côté de la Pensée sauvage, Xavier WACOGNE, libraire à Metz, porte un regard plus nuancé sur cette nouvelle mesure. Il admet que celle-ci peut avoir des effets positifs pour restaurer une concurrence plus équitable entre les acteurs.

Mais pour lui, l’essentiel n’est pas là. C’est avant tout un sujet de société qui ne nécessite pas forcément d’intervention étatique.

Il n’y a pas besoin d’intervention de l’État. Chacun doit choisir le monde dans lequel il veut vivre. On crée des lois qui artificialisent le comportement des gens. Je crois en la force du petit commerce. Il suffit de le faire vivre au quotidien et les gens viennent vers nous.

Xavier WACOGNE, libraire de la Pensée sauvage à Metz

Pour Xavier WACOGNE, la librairie est avant tout un lieu qui accueille du public. C’est au citoyen de choisir de se rendre dans une librairie plutôt que de commander par le commerce en ligne. Ce rôle sociétal, l’ensemble des libraires messins l’assument.

Bien que la plupart souhaitent de nouvelles mesures pour continuer de rendre plus équitable la concurrence avec les géants du commerce en ligne, les libraires messins s’accordent sur le fait que ce sujet de société dépasse le cadre purement législatif.

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