Actualité locale & société

Marrave challenge à Metz : une montagne pour une souris ?

Depuis plusieurs jours, il est fait écho d’un « marrave challenge » qui se déroulerait au niveau des lycées de Metz. Une rumeur pour certains, une vraie information pour d’autres, et un intriguant scénario suffisamment croustillant pour être relayé sur les réseaux sociaux, et attirer les médias nationaux.

Le « marrave challenge » serait une sorte de bagarre, où dix voir vingt personnes violenteraient un individu au sortir de son lycée, dans le cadre d’une sorte de campagne de violence organisée.

Or, mises à part 3 agressions ordinaires à la source de quelques bobos bien réels signalés à la police, force est de reconnaître que rien ou presque ne permet d’affirmer la pertinence du diagnostic porté par ladite rumeur : on serait loin de la déferlante de violence devant les établissements scolaires de Metz.

Hervé Niel, le directeur départemental de la sécurité publique de la Moselle, exprime son scepticisme à notre micro sur l’ampleur de l’événement :

Peu d’éléments concrets après 3 jours

Des bagarres, il s’en produit tous les jours, partout. 4 jeunes ont bien porté plainte pour des agressions sur leur personne depuis vendredi 15 septembre, dont un pour des faits ayant plusieurs semaines.

Le fait de l’un ou l’autre délinquant en mal de notoriété ou au bord de la rupture, pourquoi pas, d’ailleurs un individu coutumier de ce genre de faits est bien en garde à vue à l’heure actuelle.

Mais une bande de 25 jeunes rémunérés (par on ne sait qui) 10 à 30€ pour de la violence gratuite, avec pour seul support de communication une page facebook effacée dans l’intervalle, s’apparenterait donc à une information initialement déformée, et ayant subi un effet boule de neige.

Quand on connaît les réflexes de la génération concernée, suréquipée en smartphones les plus divers, il semble bien surprenant par exemple qu’aucune vidéo tournée par des témoins présents au moment des faits, n’ait été diffusée. Car 25 agresseurs qui tombent en même temps sur une victime, cela reste difficilement aussi invisible : troublant.

La Police, bien qu’organisant une sécurité renforcée autour des lycées de Metz, ne dispose donc d’aucun élément vraiment concret pour étayer le scénario qui fait le buzz tel qu’il est présenté.

Dès lors, s’il s’agit simplement d’une flambée de petites bagarres, sans pour autant minimiser la gravité d’un tel fait sur les victimes, on serait peut-être loin de l’événement en bande organisée et rémunérée. La Police étudie actuellement le contenu de la vidéo-surveillance aux alentours des lycées.

Une réalité selon le père d’une victime

[edit 20/12/2017]

A la lueur de nouvelles informations, et notamment du témoignage du père de l’une des victimes, avec qui nous avons pu nous entretenir, la réalité serait plus nuancée que ce que la police semble indiquer.

Si effectivement, il ne s’agirait pas d’une déferlante de violence dans les rues, les faits concerneraient bien une bande d’une petite quinzaine d’individus, parmi lesquels seul le meneur de la bande aurait un comportement violent.

Selon ce témoignage, l’agression, elle, se limiterait à projeter la victime au sol avec de lui donner quelques coups sans trop de gravité, avant de s’enfuir en laissant la victime choquée par la soudaineté de l’action, la pression du groupe, et le fait que l’agresseur connaîtrait son nom. Ce dernier point est d’ailleurs loi d’être anodin et pourrait être relié à la rémunération.

Le père de la victime à qui nous avons pu parler, explique également qu’il y a plus d’agressions qu’on ne le dit. La plainte ne permettant pas selon lui de conserver un anonymat suffisant pour protéger l’enfant, certains (dont son fils) auraient fait le choix de ne pas déposer plainte pour éviter de futures représailles.

Ulcéré par l’agression subie par son fils, ce père aurait souhaité une réaction plus rapide et plus « citoyennement engagée » des témoins directs et indirects des exactions.

Ville(s) / territoire(s) :

4 commentaires

  1. Des collègues y croient dur comme fer…
    C’est 10€ le garçon et 30€ la fille…
    Une des collègue a une fille dans un collège à Metz et elle y croit encore plus car elle a interrogé les surveillants qui lui ont assuré que tout va bien mais elle n’a pas voulu les croire car « ils protègent la direction qui ne fout rien »…
    C’est triste d être aussi dupe et que le sacro saint fb vaut plus que le réel…

    1. Bonjour,
      très bonne question sur le fond.
      Dans le contexte de cet article, le terme « ordinaire » est utilisé pour caractériser le fait qu’il ne s’agirait pas d’un type d’agression « extraordinaire ».
      Voilà pour la forme…

  2. Ce n’est pas le nombre d’agressions qui doit inquiéter, ce qui doit inquiéter c’est le mode opératoire et la réponse judiciaire apportée pour empêcher que le mouvement ne prenne de l’ampleur.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page