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Retour sur la première Nuit debout à Metz : les citoyens prennent la parole (photos + vidéo)

Lancé à Paris suite aux manifestations contre la loi Travail, Nuit Debout a gagné petit à petit l’ensemble du territoire. Jusqu’à atteindre la place de la Comédie, lieu de villégiature de la première édition messine du mouvement. Un mouvement probablement appelé à se renouveler ces prochains jours.

Avant le début des échanges, les participants prennent leurs marques place de la Comédie.
Avant le début des échanges, les participants prennent leurs marques place de la Comédie.

Le rendez-vous, donné via les réseaux sociaux, annonce un départ à partir de 18h ce vendredi 08 avril 2016, et une fin vers 06h samedi matin.

Au cours des jours qui ont précédé, la logistique participative s’est progressivement mise en place, y compris pour le repas, auquel chacun était appelé à amener sa contribution.

18h15. Devant la place de la Comédie, les initiateurs du mouvement prennent leurs marques, bombes de peinture et pinceaux à la main. La soirée commence à peine et la nuit, comme la peinture appliquée sur les pavés, promet d’être blanche. Une centaine de mètres plus loin, un groupe de jeunes improvise un concert de rock. Une flûtiste se joint à eux, formant ainsi un mélange détonnant. Un peu partout sur la place, tables, bancs et chaises en bois rustiques sont posés. Déjà, quelques participants prennent place pour discuter et refaire le monde.

Tout repose sur les échanges, c’est le principe de Nuit Debout, comme l’explique à notre micro le syndicaliste et juriste Denis Maciazek, membre de l’équipe d’organisation :

19h. Déjà, une petite centaine de personnes, de tous âges et de tous horizons, s’est rassemblée aux abords de l’opéra-théâtre. L’assemblée générale peut commencer.

« Le but de cette Nuit Debout est de s’exprimer, d’échanger et de partager, afin d’imaginer ce que sera demain. On attend de vous que vous fassiez des propositions. Aidez-nous et faisons ça tous ensemble ! »

lance Cléa, animatrice dans le civil.

Cléa (au centre) montre aux participants quelques gestes utiles pour communiquer lors des débats.
Cléa (au centre) montre aux participants quelques gestes utiles pour communiquer lors des débats.

Et pour que tout se passe dans les meilleures conditions possibles et que les échanges ne virent pas au grand n’importe quoi, cette dernière prodigue à la foule quelques règles de communication, sous forme de gestes.Par exemple comment montrer à quelqu’un qu’on est d’accord ou pas, ou que cette personne doit parler plus fort.

Vient alors le temps de la libre tribune. Un temps où chacun peut dire ce qu’il a sur le cœur ou proposer des thèmes de discussion à aborder pendant la soirée. D’abord timides, les prises de parole se libèrent, après qu’un des participants ait exprimé son ras-le-bol :

« Il y en a marre de ces débats de gauche et de droite, de ces hommes politiques qui se ramènent dans les médias à longueur de journée. Aujourd’hui il y a beaucoup de jeunes dans l’assemblée et certains ne savent pas de quoi leur avenir sera fait. Il faut qu’on se réveille et qu’on soit solidaire ! Il reste un peu de braise dans la cheminée, il faut rallumer le feu et on passera l’hiver au chaud. »

lance ce retraité, sous les applaudissements nourris de la foule.

Le premier temps d'échanges de la soirée est l'occasion de s'exprimer sur tous les sujets possibles et imaginables.
Le premier temps d’échanges de la soirée est l’occasion de s’exprimer sur tous les sujets possibles et imaginables.

D’autres choisissent de faire de la pub pour des manifestations à venir ou évoquent des actions qu’ils soutiennent.

19h50. La première assemblée générale terminée, tout le monde se disperse pour rejoindre la commission qui l’intéresse.

Au programme des débats : dérives sécuritaires, éducation, affaires étrangères, monnaie locale ou encore emploi. Ce dernier thème, particulièrement suivi, est l’occasion de revenir sur les sujets d’actualité. Sans surprise, la loi El Khomri, mais aussi le récent scandale des Panama Papers, tiennent le haut du pavé. Certains, pour faire bouger les choses, n’hésitent pas à formuler des propositions choc. L’idée d’une grève générale, destinée à paralyser le pays, est largement débattue, pendant que d’autres mettent l’accent sur l’événement en train de se dérouler.

Pendant une heure, les participants échangent et partagent leurs idées sur des thèmes aussi divers que variés.
Pendant une heure, les participants échangent et partagent leurs idées sur des thèmes aussi divers que variés.

« En ce moment on vit dans une oligarchie, la démocratie c’est ce qui se passe là. On n’a pas besoin d’eux, on peut se gouverner tous seuls ! »

lance remonté l’un des membres du groupe.

Vers 21h, les débatteurs étaient environ 200 sur la place de la Comédie. Un chiffre qui pourrait être dépassé lors du deuxième rassemblement, d’ores et déjà acté.

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Nuit Debout, qu’est-ce que c’est ?

L’appel du 31 mars, créant l’initiative de la « Nuit Debout », a été lancé par le collectif Convergence des luttes. Un collectif né le 23 février dernier, à l’issue d’une réunion publique organisée par le journal Fakir et son créateur François Ruffin, auteur du film « Merci patron ».
Sur leur site, les 300 membres du collectif se définissent comme « syndicalistes, intellectuels, zadistes, ouvriers, mal-logés, étudiants, précaires » mais aussi « intermittents ».
Après la France, c’est désormais l’Europe qui est touchée par le mouvement. Après Bruxelles, des regroupements sont prévus à Berlin, Madrid ou encore Valence.[/note]

22h00 : dans la nuit désormais tombée, les veilleurs sont près de 250, formant un groupe toujours hétérogène autour des personnes qui se succèdent au micro.

Nuit debout à Metz place de la comédie : la nuit est tombée, les dicsussions se poursuivent

L’ambiance est calme, la règle de l’échange est respectée, aidée en cela par le consensus qui les a réunis : échanger pacifiquement les points de vue pour imaginer des solutions aux blocages et aux abus du monde, et s’écouter.

22h45 : Au micro, soutenus par plus ou moins d’exclamations ou d’applaudissement du public, les orateurs continuent à s’exprimer. La Loi travail en prend régulièrement pour son grade :

L’ensemble, même s’il porte un côté un peu brouillon, dû au concept même de liberté dans lequel il fonde son existence et s’organise, offre un côté à la fois rafraîchissant, surprenant, et qui interroge le passant d’ailleurs interpellé par différents messages.

A la craie sur les murs, la Nuit debout de Metz invite le passant à se joindre aux débats.

Nul ne sait, à ce stade, jusqu’où le mouvement des Nuits debout ira, s’il réussira à faire tomber la loi qui l’a fait se créer, s’il ira plus loin, s’il se structurera, ni même les obstacles qui se dresseront inévitablement s’il s’enkyste, s’il enfantera quelque chose de plus profond ou encore s’il s’agrégera avec d’autres mouvements plus ou moins équivalent qui se créent en cette période.

Les réponses à ces questions, et il y en a bien d’autres, viendront forcément des citoyens.

Ville(s) / territoire(s) :

3 commentaires

  1. Bonjour, merci pour votre commentaire sur la musique, la flûte traversière est un instrument génial qui va sur tous les styles, contente d’avoir pu contribuer un peu à une bonne ambiance. C’était de l’improvisation complète, nous n’avions jamais joué ensemble et nous ne nous connaissions pas. Je n’ai pas pu rester en raison de mon état de santé mais tenais à apporter ma modeste pierre au chantier du changement qui se produit. J’ai entendu de très belles choses hier soir comme « changer le monde, c’est bien, mais regardons d’abord en nous-même », et du coup même si physiquement ça n’était pas facile, ça valait le coup; merci aux musiciens et leur micro 😉

  2. Aujourd’hui dimanche 10 avril 3ème Nuit Début à Metz. Rdv place de la comédie maintenant à partir de 18h…venez débattre et échanger en apportant vos idées. Ensemble, on va plus loin!

  3. C’est trop mimi….Si ils pouvaient avoir le même entrain pour nettoyer leur m….e et éviter de tout saloper, se serait un plus. … mais bon, à priori on ne peut pas blatérer toute la nuit et bosser.

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