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Danse : Maguy Marin à l’Arsenal

Evènement danse et dense à l’Arsenal ! Deux spectacles de la chorégraphe Maguy Marin : May B, le mercredi 23 janvier, et Umwelt, le jeudi 24 janvier, à 20h30.

C’est en 1981 qu’est créée May B, fresque existentielle conçue d’après Samuel Beckett dont l’œuvre marquera durablement le travail de la chorégraphe. La pièce est un succès international, véritable « tube » de la danse avec plus de six cent représentations à ce jour.  

May_B

Vingt trois ans séparent May B et Umwelt, et pourtant ces deux pièces font état du même haut niveau d’exigence, sans avoir rien perdues de la force évocatrice de la chorégraphe dans sa manière de questionner l’existence, l’art, le public, ainsi que notre rapport au monde et à l’autre dont l’éventail des possibilités fait toute la complexité.

Ces deux pièces seront précédées d’une « entrée en matière » (initiation à la danse pour tous), samedi 19 et dimanche 20 janvier de 14h à 18h, ainsi que d’une introduction au spectacle, le jour même, à 19h.

Durée : May B : 1h20 / Umwelt : 1h00

Tarifs : de 6,50 à 26€ / étudiants (passeport cult.) : 6,50€ / – de 26 ans ; Rmiste et demandeur d’emploi : 8€

Chorégraphe française née à Toulouse en 1951, Maguy Marin débute en 1972 chez Maurice Béjart, au sein de la troupe mythique des Ballets du XXème Siècle, puis fonde sa propre compagnie en 1977.

Sa découverte de l’œuvre de Samuel Beckett va profondément marquer son parcours artistique dans sa manière d’appréhender la société et l’existence. May B, créée en 1981, est le fruit de ce brouillage métaphysique, pris entre la volonté de faire et le vain espoir d’aboutir. Vouloir encore, dans le quotidien, dans l’absurde, et vivre ensemble, malgré tout.

Sur scène les corps sont vêtus de chiffons, de lambeaux blancs, dont la couleur marque jusqu’à leur propre peau : croûte blanchâtre gercée, fendue. Les danseurs errent par groupe, chapelet d’humains sans but ni parcours, exposés à l’absurdité brutale de la vie.

1985 est une autre date clé puisqu’il s’agit de l’année de création d’un ballet dont la notoriété déjà bien établie laissait présager peu de surprise. Pourtant, Cendrillon, créée pour le Ballet de l’opéra National de Lyon, bouleverse.

Personnages de poupées boursoufflées, masques d’expressions figées. Les images dérangent, affolent presque, tant la simplicité ingénue de l’histoire se voit dépouillée par une soudaine et sinistre disgrâce. Cruauté et cauchemar ! Comme si la réalité, air moisi, s’était immiscée au travers de l’emballage hermétique du conte pour oxyder le merveilleux, le pourrir.

Qu’est-ce que le merveilleux sinon le vain espoir d’un peu de beauté rassurante ? Le magique et le réel, soudain, se font face.

Umwelt

Cette question de l’existence absurde, perdue au sein du labyrinthe infini des possibles, est un des fondements du travail de Maguy Marin. Chacune de ses pièces en est imprégnée. Le quotidien, la réalité, et nous, humains, face aux autres, face ce fragile acte de vivre. Vulnérabilité du corps et de l’âme, impossible besoin de vivre plus.

«Sans ici ni ailleurs où jamais n’approcheront ni n’éloigneront de rien tous les pas de la terre.» 
(Samuel Beckett, Pour finir encore).

Dans Umwelt, création 2004, Maguy Marin pousse toujours plus loin les limites de la danse !

Dans un décor de miroirs rectangulaires, posés là, au fond de la scène, les neuf interprètes se livrent à une succession de mouvements répétitifs, cernés d’un vacarme assourdissant. De cette circulation ininterrompue de personnes entre le réel et le reflet, de ces apparitions et disparitions dans le bruit et l’aliénation, surgit l’absurde existence. Et la beauté, dérisoire.

« Nous en sommes là. A inventorier des aptitudes. A jouer du possible sans le réaliser. A aller jusqu’à l’épuisement des possibilités. Un épuisement qui renonce à tout ordre de préférence et à toute organisation de but ou de signification.
On ne préfère pas celui-ci à celui-là.
On ne réalise plus, bien qu’on accomplisse. »


Sources photographies: May B : Claude Bricage ; Umwelt : Christian Ganet

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