Politique & social

Elections du Président de Metz Métropole : en quoi cela vous concerne ?

Ce mercredi 8 juillet 2020 se joue l’élection de la présidence de Metz Métropole pour la période 2020 /2026. Les conseillers communautaires, enfin tous élus après le second tour des municipales dans les 7 villes encore en attente (Fey, Jussy, Lorry-lès-Metz, Marly, Metz, St Julien-les-Metz et Vany) se prononceront lors du premier conseil communautaire.

Si l’élection métropolitaine peut sembler un peu lointaine des habitants, car issue d’un vote d’élus et non pas au suffrage direct, son importance n’en est pas moindre pour eux, bien au contraire. Le résultat promet d’être serré.

En quoi cela concerne les habitants de Metz Métropole ?

Les 44 communes de Metz Métropole ont partiellement uni leur destin en rassemblant leurs forces au sein d’une structure commune chargée de piloter et de coordonner pour elles, un nombre croissant (et de plus en plus technique) de missions : déchets, culture, voiries, mobilités, eau, développement économique et touristique, aménagement, PLU, inondations… Toutes ces missions touchent directement les habitants du territoire de façon très concrète.

Les élus communautaires de chacune des 44 communes (ils sont 99 au total) représentent, au sein de commissions permanentes ou régulières préparant les dossiers, et du conseil communautaire qui se réunit chaque mois pour en débattre et décider, à la fois la voix et la défense des spécificités des communes de façon individuelle, mais aussi celle d’un ensemble aux intérêts communs tout entier.

La stratégie, la détection et la gestion des opportunités, la prévention des risques, les recettes et les dépenses, la vision globale d’un avenir forcément commun… les décisions prises en conseil communautaire ont un impact direct sur le quotidien des habitants, leur futur proche et lointain.

La présidence, et donc l’équipe qui en découlera puisque proposée par cette dernière, sera en charge de mener la barque. Selon celui ou celle qui en prendra la barre, les priorités, les méthodes, l’état d’esprit même du territoire sera différent. Car il ne faut pas se tromper, le pouvoir principal est désormais à Metz Métropole.

Qui sont les candidats en lice ?

Ils sont, a priori, au nombre de trois : Jean-Luc BOHL, centriste, réélu Maire de Montigny et président sortant, Françoise GROLET, conseillère d’opposition d’extrême droite à Metz, et François GROSDIDIER, de droite, fraîchement élu maire de Metz. Trois candidats pour trois styles différents, et trois approches différentes dans le point de vue, et donc un choix d’importance pour les conseillers communautaires chargés d’élire l’un de ces candidats.

Les voix des conseillers communautaires se répartissent en fonction de la taille de la commune. Metz, en tant que ville centre, prend la part du lion avec 43 sièges parmi lesquels ceux de la majorité municipale qui défendront la candidature de leur maire, et ceux de l’opposition dont les choix seront ou pourront être différents (lire plus bas « qui soutient les candidats). Suivent Montigny-les-Metz (8 sièges), Woippy (5 sièges), Marly (3 sièges) et les 40 autres communes disposant chacune d’un siège.

A quel choix fait-on face ?

Pour simplifier, trois possibilités s’offrent aux conseillers communautaires, qui devront résoudre l’équation. Le choix peut ainsi être à caractère politique : on vote pour une famille ou un parti dont on est proche, ou pour le candidat de « sa » ville. Il peut ensuite être lié à la personnalité du candidat, ce qu’il dégage, ce qu’il a fait (ou pas) par le passé, les décisions et projets qu’il a soutenu, défendu ou rejeté. Enfin, la question de l’équilibre entre les communes se joue aussi dans cette élection : faut-il laisser la ville-centre prendre la direction des opérations pour 6 ans, ou désigner le maire d’une ville moins grosse pour contrebalancer l’édifice.

En 2008 tout comme en 2014, Jean-Luc BOHL avait ainsi remporté les suffrages des « petites » communes face au maire de Metz, dont beaucoup craignaient de se voir, si ce n’est oubliées par le maire de la ville-centre, mais potentiellement moins bien comprises du fait des différences importantes dans les problématiques. Un choix basé aussi sur la jeunesse de ce qui était une communauté d’agglomération plutôt naissante, passée sous statut de Métropole au cours du dernier mandat. Depuis les communes ont appris à exploiter la collectivité, mais la « méfiance » vis-à-vis d’une trop grande centralité du pouvoir par Metz est-elle toujours suffisamment forte auprès des maires, dont la moitié a été renouvelée lors des élections municipales de 2020 ? C’est sur cette question que se joue principalement le résultat de cette élection à la métropole.

François GROSDIDIER lui, ne s’était jamais présenté jusqu’à ce jour à la présidence de l’agglomération. Peut-être même avait-il voté contre Dominique GROS lors des précédents scrutins du genre.

Qu’est-ce qui différencie les candidats ?

Avant de parler des personnalités, il convient déjà de s’attarder sur la signification du choix.

Même si elle est très peu probable au regard du nombre de voix acquises (lire plus bas) et des orientations politiques choisies par les habitants des 44 communes pour leur propre maire, l’élection de Françoise GROLET (Rassemblement National) à la tête de la collectivité ferait de Metz la première métropole de France présidée par l’extrême droite.

Du côté de François GROSDIDIER, ancien maire de Woippy et ancien 2ème Vice-Président de Metz Métropole, qui a du démissionner pour raison de cumul de mandat (il est sénateur de Moselle) mais qui s’est ensuite présenté à Metz en 2020 (ce qui le forcera à quitter ses fonctions sénatoriales), ce serait le signal d’une acceptation par la majorité des 43 autres communes de laisser à la ville-centre le pilotage du navire métropolitain. Cela constituerait un virage par rapport aux mandats précédents. On notera également que l’ex-député et sénateur dispose de réseaux parisiens et d’une longue expérience en politique, argument qu’il met en avant à l’heure de la compétition des territoires.

S’il n’a pas présenté (à la presse) de programme structuré pour la métropole à proprement parler, la campagne pour les municipales de 2020 a permis à François GROSDIDIER de dessiner de façon perlée les orientations qu’il souhaite donner à la politique métropolitaine, et les projets qu’il souhaite y voir menés. Un contenu qu’il a transmis aux différents conseillers communautaires, avec qui il a multiplié les rencontres depuis son élection du 28 juin pour les convaincre de lui apporter leurs voix. Au jeu des calculs en nombre de votes, François GROSDIDIER a ses chances de l’emporter.

Du côté de Jean-Luc BOHL, maire de la 2ème ville de la métropole en nombre d’habitants, réélu dans un fauteuil dès le 1er tour des municipales 2020 et actuel 1er Vice-Président de la région Grand Est (il a remplacé Partick WEITEN lui-même parti suppléer le mandat de député de Anne GROMMERCH après son décès), la carte qui se joue est, comme on l’a vu, celle de la recherche du maintien d’un certain équilibre (« une forme de contre-pouvoir » comme l’exprime Daniel BAUDOUIN le maire de Ste Ruffine) entre la ville-centre, qui récupérerait logiquement le siège de 1er Vice-Président, et la présidence.

Autre différence avec son principal adversaire, Jean-Luc BOHL s’appuie sur un double bilan salué par la plupart des maires sortants. Celui tout d’abord d’avoir fait monter en puissance l’agglomération, ses missions et les services rendus aux habitants agrémentée de l’instauration d’une restitution budgétaire de solidarité aux communes, puis celui du passage sous le statut de Métropole, repositionnant Metz sur la carte de France après qu’elle ait été gommée par la loi entraînant la fusion des régions. Jean-Luc BOHL a enfin pu présenter (à la presse et donc aux conseillers communautaires) un programme en 44 points. Au jeu des calculs en nombre de votes, Jean-Luc BOHL a lui ses chances de l’emporter, même s’il apparaît comme évident que cela ne se fera pas avec la même facilité qu’au cours des mandats précédents.

Entre ces deux derniers candidats, du côté de la personnalité, c’est aussi une différence notable. Véritable tribun, François GROSDIDIER est plus clivant et plus « punchy » que Jean-Luc BOHL, dont les caractéristiques les plus souvent citées sont le calme et la recherche permanente du consensus.

Qui soutient les candidats ?

Jean-Luc BOHL devrait pouvoir compter sur le soutien des 8 conseillers communautaires de Montigny. Lors de la présentation de son programme pour la métropole le lundi 6 juillet, Jean-Luc BOHL était entouré de maires de petites communes de Metz Métropole, tous membres du « TER », un groupe de maires monté pour travailler à des propositions équilibrant l’action de la métropole, cherchant à voir la présidence échoir à un maire qui contrebalancera les pouvoirs au sein de la métropole face à Metz. Xavier BOUVET (opposition à Metz) et les 9 voix qu’il incarne, pourraient voter en sa faveur.

Sur les 43 sièges de Metz au conseil métropolitain, François GROSDIDIER pourra compter d’emblée sur les 32 de sa majorité municipale qui lui sont acquis. Ce à quoi on peut ajouter les cinq de Woippy (dont il est ancien maire et dont le nouveau maire Cédric GOUTH était son successeur désigné) et les trois de Marly, dont le maire (LR) Thierry HORY, bien qu’ayant été un Vice-Président aux côté de Jean-Luc BOHL au cours des deux derniers mandats, a officiellement pris position en faveur du maire de Metz. Soit 40 voix « assurées ».

Françoise GROLET, avec deux sièges, pourra compter a minima sur deux voix. Elle ne disposera néanmoins d’aucun autre élu RN parmi les conseillers communautaires.

Avec 99 conseillers métropolitains, il faut 50 voix pour l’emporter. Les municipalité ont, au cours des municipales 2020, pris une orientation assez marqué à droite (politiquement du côté de François GROSDIDIER) et au centre (politiquement du côté de Jean-Luc BOHL), la gauche se trouvant peu représentée. La décision se trouve donc entre les mains des villes plus petites de la métropole.

Le vote aura lieu à partir de 17h ce mercredi 8 juillet à bulletin secret, ce qui peut constituer un point gênant, car si certains maires ont eu la transparence d’afficher leur choix (notamment pour leurs propres habitants), cela ne sera pas le cas de tous.

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