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Accidents sur les routes à 80km/h en Moselle : premier bilan contrasté

Un mois c'est court pour tirer des conclusions définitives, mais les premiers chiffres sont tombés

En Moselle comme partout en France, la vitesse maximum autorisée est passée de 90 à 80km/h au 1er juillet 2018 sur les routes nationales et départementales qui ne sont pas équipées d’un séparateur central.

Objectif du gouvernement : faire baisser le nombre de tués sur ces axes routiers, car ils concentrent un pourcentage supérieur de tués que les autres. 350 à 400 vies pourraient être sauvées chaque année grâce à cette mesure qui reste néanmoins décriée.

De 90 à 80km/h : premier bilan en Moselle

Un mois après la mise en place de cette nouvelle réglementation, les chiffres de l’accidentalité sont déjà scrutés car ils servent d’indicateurs d’efficacité, ou d’inefficacité selon que l’on approuve ou pas la mesure.

La période d’observation, 1 mois, est très courte. Ces chiffres doivent donc être considérés à ce stade comme encore peu significatifs pour étudier une évolution dans le temps.

Verbalisation en hausse

On sait que le nombre de véhicules flashés sur ce type d’axes routiers a doublé sur un mois partout en France, et qu’une bonne partie de ce surplus de contraventions indique une vitesse entre 80 et 90km/h, c’est à dire qu’il concerne plutôt celles et ceux qui roulent « à l’ancienne vitesse ».

En juillet 2018, les radars en Moselle ont enregistré 830 flashs. Ce nombre était de 293 sur la même période en 2017.

En Moselle, on retrouve donc bien cette tendance, bien que 3 radars soient plus particulièrement concernés, puisque ceux-ci ont flashé 2,7 fois plus en juillet 2018 si on compare leurs chiffres par rapport à juillet 2017.

Accidentalité en baisse

Du côté de l’accidentalité sur ces axes, le nombre d’accidents a baissé par rapport au mois de juillet 2017, mais pas le nombre de tués, qui sur la même période, est au contraire passé de 5 à 6 (lire notre article ici pour des statistiques plus complètes).

Sur les 32 accidents mortels constatés du 1er janvier au 31 juillet 2018 en Moselle, 20 l’ont été sur des routes départementales, soit une part de 62,5%.

Nous avons demandé à Olivier Delcayrou, le secrétaire général de la préfecture de la Moselle, de commenter ces premiers chiffres à notre micro :

80 ou 90 ? Le débat fait toujours rage

En Moselle, les départementales les plus risquées sont connues1, une statistique les regroupe :

21,9 % des routes concentrent 51 % des tués de l’ensemble des voies sans séparateur central.

De quoi alimenter le débat au sujet des 78,1% des axes restants, qui ne concentreraient « que » 49% des tués de la route. Depuis peu, la volonté des « contre » se concentre sur les routes où les portions qui ne tuent pas : celles-ci devraient selon eux conserver une vitesse limitée à 90km/h.

Problème : à force de multiplier les enchaînements de vitesses autorisées différentes sur les axes, les automobilistes ne savent plus où ils en sont, et risquent fort de se faire contrôler à la mauvaise vitesse, ou d’avoir trop souvent l’oeil sur leur compteur. Face à la contrainte, on oppose la simplicité.

Utile ou pas, il faudra plusieurs mois pour réellement mettre le doigt sur des chiffres probants : le temps de s’habituer à rouler à 80km/h sur les axes hors agglomération sans séparateur ?

Malgré les affirmations de certains « théoriciens », on imagine difficilement des chiffres d’accidentalité en hausse avec 10km/h de moins au compteur sur des routes à risque, un retour aux 90km/h semble donc peu probable malgré les gesticulations.

Des habitudes à prendre

Le nombre de flashs a été multiplié par deux depuis le 1er juillet 2018, beaucoup d’automobilistes n’ont donc pas encore pris le réflexe de la vitesse à 80km/h.

Si l’on tient compte d’expériences du passé, cet apprentissage « à la dure », porte-monnaie et nombre de points en ligne de mire, devrait finir par porter ses fruits avec le temps.

La préfecture de la Moselle rappelle ainsi que lors de la mise en service des radars à double sens en 2015, ce sont 5 fois plus de flashs qui ont été constatés au cours du premier mois, avant de diminuer progressivement.

C’est enfoncer une porte ouverte de le dire : celles et ceux qui prendront le plus rapidement l’habitude de figer leur compteur à 80km/h seront les mêmes qui n’auront pas d’amende ni de perte de points pour avoir contrevenu à ce motif.

En complément, ce reportage en vidéo de nos confrères de France 3 :

Pour consulter l’étude du Conseil National de la Sécurité Routière qui a servi de base à la mise en place de la nouvelle réglementation sur la vitesse mise en place en ce 1er juillet 2018, cliquez ici.


(1) Il s’agit des départementales D4, D654, D918, D3, D15, D662, D620, D62, D1, D603, D2, D955, D910, D74, D44, D35, D674, D38, D19, D22. Plus d’information dans notre article à lire en cliquant ici.

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Un commentaire

  1. Il semblerait qu’au niveau national, la mortalité routière a baissé de 9% en juin (mois à 90km/h) et de 5% en juillet (1er mois à 80 km/h) soit un moins bon résultat en juillet qu’en juin.
    Où est la logique gouvernementale?

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