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Nicolas Conti et les abeilles : une passion qui bourdonne

Combinaison blanche, démarche mesurée, on croirait à s’y méprendre qu’une expédition dans l’espace se prépare. Nicolas Conti, retraité de 65 ans, nous emmène sur sa planète : celle des abeilles.

Tout-Metz est allé à sa rencontre dans le cadre d’un dossier de l’été présentant une série d’interviews-portraits de personnes ou artisans passionnés, aux parcours surprenants, exerçant un métier atypique voire méconnu, exerçant en Lorraine.

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Photo : LM pour Tout-Metz.com

Ancien cadre dans le nucléaire pendant 35 ans, Nicolas Conti a toujours été fasciné par les hyménoptères. Apiculteur depuis une quinzaine d’années, cet amateur éclairé nous ouvre les portes d’un univers où passion et rigueur sont de mise. Chut, ça bourdonne à Montigny-lès-Metz !

Faut-il suivre une formation particulière pour être apiculteur, ou le métier s’apprend sur le tas, avec l’expérience ?

« J’ai appris sur le tas, dans les livres et sur internet. Mon fils quant à lui a passé une formation car il aspire à devenir apiculteur. Je compte lui passer le flambeau »

Pouvez-vous nous expliquer comment s’organise la production de miel ?

« On commence au printemps, au mois d’avril. Tout d’abord, on fait une visite de ruche. Lorsqu’elles sont en forme, elles sont pleines d’abeilles. Dans le cas contraire, c’est que la reine est morte ou trop vieille. Cela nous permet de dresser un premier bilan. Il faut qu’il fasse 18 à 20°C sinon la reine n’est pas à l’aise. Dans un premier temps, on les nourrit. L’hiver, on met du candy et l’été, on leur donne un sucre spécial pour les abeilles.

En ce qui concerne ma production, je fais du miel toute-fleur, de l’acacia, du tilleul, du sapin, du tournesol, du châtaigne et du colza ».

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Nicolas Conti prépare de la fumée pour apaiser les abeilles – Photo : LM pour Tout-Metz.com

L’été est synonyme de forte activité, comment s’organise le reste de l’année ?

« Pendant l’hiver, on surveille chaque semaine les ruches, mais on ne peut pas les ouvrir. Les abeilles sont plus ou moins en hibernation, elles ne travaillent pas, mais restent à l’intérieur et battent des ailes afin de maintenir la ruche à 30°C, sinon elles meurent. Cela dure de fin octobre/début novembre à février. L’hiver dernier, il faisait très doux donc elles ont consommé plus. »

A quelle période de l’année récolte-t-on le miel ?

« Les années classiques en général, on va chercher les ruches vers mars-avril lorsque les vergers sont en fleur. Si l’on voit qu’elles sont costaudes et qu’il y a de la substance, donc des fleurs comme par exemple cette année au mois d’avril, on fabrique du toute-fleur, c’est à dire du pissenlit, du colza, toutes les premières fleurs que les abeilles vont butiner.

La saison du tilleul a lieu en mai-juin. Fin juin, je vais également mettre quelques ruches à la châtaigne, à l’autre bout de l’Alsace. En juillet, on a le tournesol, et en août plutôt la lavande.

Combien de litres de miel produisez-vous en moyenne chaque année ? Quelle est votre meilleure année ? La moins bonne ?

« En général, chaque année je sors une cinquantaine de kilos pour ces 4 ruches. En 2012, j’ai eu une production exceptionnelle, près de 40kg en deux semaines, du jamais vu ! Je dirais que la moins bonne année remonte à 7/8 ans. »

Combien de ruches possédiez-vous à vos débuts ? Maintenant ?

« Au départ, je travaillais avec 4/5 ruches. Lorsqu’on démarre, on nous conseille de ne pas avoir plus de 2/3 ruches car c’est de l’entretien et un budget. Pour démarrer, il faut compter 250 euros pour un essaim et une ruche complète, ce qui fait environ 750 euros pour 3 ruches.

Aujourd’hui, je tourne avec 20/25 ruches. J’en ai à Montigny, Juville, près de Château-Salins dans la forêt d’Amelécourt et dans les Vosges »

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Photo : LM pour Tout-Metz.com

Quel est le rôle de la reine ? Quand et comment les remplacez-vous ? Le picking ? (méthode de production en grande quantité de reines)

« Sans la reine, la ruche meurt. Elle peut pondre jusqu’à 2000 oeufs par jour. Généralement, on la garde un an et demi, deux ans, mais si on la laisse tranquille, elle peut vivre jusqu’à 5 ans. Il faut la remplacer lorsqu’il n’y a plus de pontes et donc que les abeilles sont agressives. C’est en sentant ses phéromones que les abeilles travaillent. J’ai déjà essayé le picking, mais je n’ai pas encore eu de résultat. »

A quoi reconnaît-on un bon miel ?

« L’acacia doit être jaune et liquide, le sapin doit être noir et onctueux, le tilleul blanc et le tournesol est en général jaune clair. »

A quelle fin destinez-vous le miel ? Vente, consommation personnelle ?

« Les deux. Une grosse partie du miel va à ma consommation personnelle. Sinon jusqu’à maintenant, je vendais mon miel au marché de Montigny-lès-Metz. J’ai beaucoup de connaissances qui m’en achètent »

[note color= »#ffb9c1″] L’ANECDOTE :
« Qui s’y frotte, s’y pique ». S’immiscer dans le travail des abeilles, être au plus près d’elles n’est pas sans risques… Nicolas Conti ne redoute pas ces piqûres, il est désormais vacciné. Un jour cependant, il a presque perdu connaissance à la suite d’une trentaine de piqûres. « J’ai dû m’asseoir, j’étais dans les vapes ».[/note]

La profession est-elle réglementée quant à l’appellation du miel ?

« Pas vraiment. Personnellement, je fais analyser la composition de mon miel car je suis un puriste [rires]. Si je fais de l’acacia, il faut qu’il y ait une teneur de 80% pour que je puisse étiqueter mon miel acacia »

Avez-vous noté une évolution du métier, avec à l’appui des techniques plus modernes ?

« La seule évolution que j’ai remarqué, c’est qu’on produit beaucoup moins de façon traditionnelle. Dans le milieu industriel ou dans de grosses productions de 1500 ruches, l’extraction est assez sophistiquée. Il n’enlève pas la cire au couteau. Ils mettent les cadres au bout d’une chaîne, ce qui réduit les pertes de miel. »

Le saviez-vous ? Le venin des abeilles est un puissant anesthésiant. Certaines personnes en font même une thérapie. Un phénomène qui reste encore marginal.

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