Economie & emploi

Conseil des ministres franco-allemand à Metz : le calme des rues et des tiroirs-caisse

Ce jeudi 7 avril 2016, toute la ville de Metz a vécu au rythme du conseil des ministres franco-allemand. Un rythme particulièrement ralenti, justifié par l’important dispositif de sécurité mis en place, et par le choix fait par beaucoup de personnes d’éviter la ville.

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De la gare à la place de la République en passant par la place du Roi-George, sommet franco-allemand oblige, les drapeaux des deux pays… et les forces de l’ordre, fleurissent dans toute la ville. Un état de siège que l’on avait plus vu depuis la visite du pape en octobre 1988 pour la ville de Metz, qui a vécu, le temps de cette séquence politique franco-allemande, littéralement au ralenti.

Un certain nombre de rues étaient fermées à la circulation, et les abords de l’Arsenal, où se tenait l’événement, furent totalement interdits au public.

Même tonneau pour la circulation, étonnement fluide dans Metz, avec pour seul fait marquant jusqu’à 26km de bouchons sur l’A31 au moment de se rendre compte que l’accès principal vers Metz depuis cet axe était fermé. A croire que la plupart des automobilistes avaient bien compris que se risquer dans la ville avec son véhicule était pure stupidité.

Mais alors même que les bus étaient en circulation, même si déviés aux endroits stratégiques, on a pas constaté un afflux massif au centre ville via les transports en commun, gage que le réflexe Parking relais + bus est encore très loin d’être acquis. Un constat qui va ajouter de l’eau aux moulins de ceux qui défendent la théorie de faciliter l’accès des voitures au centre ville : « no parking, no business ».

Car si on excepte l’effervescence autour du secteur de l’Arsenal où se tenaient les événements franco-allemands, ce jeudi 7 avril 2016, Metz était une ville morte, et les rues commerçantes de son centre ville bien trop vides pour les commerçants qui étaient restés ouvert.

Les commerçants en pétard

S’ils sont nombreux à trouver le déploiement de forces de sécurité légitime vu l’importance de la délégation (17 ministres français, le même nombre côté allemand, mais aussi et surtout la présence de François Hollande et d’Angela Merkel), d’autres, notamment les commerçants, sont en effet plus négatifs.

Certains, sentant bien que cette journée seraient perdue, avaient fait le choix de fermer, ou de s’occuper de tout ce qu’ils n’ont généralement pas le temps de faire en semaine. Mais d’autres avaient préféré ouvrir, n’avaient pas le choix, ou tout simplement ne pensaient pas que l’effet de vide aurait cet impact sur leurs clients.

Ecoutez leur avis à notre micro :

Si tous les commerçants ne sont pas logés à la même enseigne, ceux qui ont ouvert ont donc payé leur personnel pour peu, voir pas de chiffre d’affaires en retour l’ont en travers du gosier. Par exemple ce témoignage d’un commerçant de la Chaplerue avec ses 3 employées :

« Pour moi grâce a ce super événement, annulation de tous les rendez-vous, donc une belle perte de chiffre d’affaires.
Merci monsieur le président qui, quand il ne crée pas de nouvelles taxes pour les contribuables, se déplace pour bloquer l’économie d’une ville, pour bouffer sur notre compte un magnifique banquet.
Merci , Merci, Merci monsieur le président. »

Si pour certains commerces, il ne s’agira essentiellement que d’un chiffre d’affaires reporté (voir quasi sans sans perte s’ils ont fermé le commerce ce jeudi), pour d’autres c’est une histoire différente. Boulangers, bouchers… ces artisans vendent leurs produits au jour le jour, pour eux la journée du sommet franco-allemand est foutue. A ceux-ci on ajoutera les commerces réalisant tout ou partie de leur chiffre sur des achats d’impulsion, et ceux tournés vers les touristes.

Et ce vieux commerçant de la rue des Clercs de conclure :

« D’accord, on ne fait pas d’omelettes sans casser des oeufs, mais pourquoi la ville n’a-t-elle pas aussi communiqué sur l’ouverture des commerces du centre, ou fait une offre d’accès gratuit par les bus ?

La municipalité savait que ça râlerait ».

Un mal pour un bien ?

150 journalistes, des caméras de toute l’Europe braquées plus sur les chefs d’Etat que sur la beauté de la ville, mais prononçant tout de même son nom, un ciel bleu et ensoleillé pour accueillir la double délégation ministérielle… beaucoup de conditions étaient réunies pour que Metz puisse tirer partie de la situation.

Le maire Dominique Gros, explique à notre micro toute l’importance d’un tel événement pour la ville, ce qui indirectement selon lui, ne peut qu’avoir des retombées positives :

Difficile d’affirmer que la visite de deux chefs d’Etat et de 34 ministres sur une journée complète n’a aucun impact positif pour Metz. Mais à l’heure où les affaires sont dures, les commerçants du centre ville ne sont pas à la fête, et leur réaction semble  compréhensible.

Il y a là le choc de deux cultures, de deux tempos : celui des entreprises, des commerçants et du chiffre d’affaires immédiat à réaliser car les fins de mois et les charges reviennent très vite, dans un pays qui essore ceux qui créent la richesse, et de l’autre celui des politiques, qui ne peuvent refuser de si rares occasions d’avoir la ville mise en lumière, mais ne pourront pas réellement en quantifier l’impact sur le commerce avec exactitude sur le moyen et long terme, même s’il est réel, pour justifier du bien-fondé de leur décision.

Ville(s) / territoire(s) :

2 commentaires

  1. Excellent article,toute en nuance est pertinent.
    Le problème de la prise (ou non prise) de conscience des déplacements en transport en commun,est véritablement a régler !

  2. Cet événement, en fait, était celui de notre maire qui s’est fait, à bon compte (nos deniers) une bonne petite pub. Pour les messins, c’est une autre histoire mais peu importe puisque M. Gros a approché de prés le monsieur qui nous sert de président !!! Et pour les commerçants, pas d’inquiétude, les politiques s’en contrefichent.

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