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A Metz, quels policiers municipaux porteront une arme, et sous quelles conditions ? (audio)

Le Maire de Metz, Dominique Gros, a annoncé lors du conseil municipal du 29 janvier 2015, sa décision d’équiper la Police Municipale de la ville d’armes à feu de défense.

Une décision qui ne concernera pas tous les agents de police, et qui se réalisera dans des conditions de formation très strictes.

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Le sujet des armes ne laisse pas indifférent. Au sein de la population, les avis sont partagés. Il y a les « pour », les « contre », ceux qui s’y opposent par principe ou idéologie, et ceux à qui cela fait peur.

Quels agents pourront être armés, et dans quelles conditions pourront-ils porter une arme ?

Tout-Metz fait le point avec le Chef de la Police Municipale de Metz, Olivier Schilli.

Quelle formation, quelles conditions ?

Avant que les agents ne soient formés, il convient au Maire d’effectuer une demande d’armement auprès du Préfet, et de joindre une liste nominative des agents qu’il souhaite voir dotés d’une arme.

A cette demande est joint un certificat médical de moins de 15 jours attestant que l’état de santé physique et mental n’est pas incompatible avec le port d’arme. Par la suite, le Préfet fait parvenir la liste des agents au CNFPT1 afin d’organiser la formation.

[note color= »#80ffff »]Complément d’info :

  • A Metz, 39 agents de la Police Municipale (sur 93 en tout) sont encore réservistes de la gendarmerie ou de l’armée.
  • Les armes qui équiperont les agents sont des armes de défense : elles serviront avant tout à leur propre protection, mais aussi à celle de civils si la situation l’exigeait.
  • Les missions qui nécessiteront le port d’armes devront être définies par le Maire. Il s’agira uniquement de missions à caractère dangereux, comme, par exemple, celles qui concernent le contrôle routier.
[/note]

Déroulement de la formation

La formation, qui concerne le port et l’utilisation d’une arme de défense de type revolver 38, se déroule en 2 étapes.

La première consiste au suivi d’un module relatif à l’environnement juridique du port d’arme. D’une durée de 12h, il se termine avec un examen. Si l’agent échoue à l’examen, sa formation prend fin.

La deuxième étape consiste en la prise en main de l’arme, aux règles de sécurité et aux mises en situation. Les agents tirent 300 cartouches environ sous le contrôle d’un moniteur de tir. S’il juge que l’agent n’est pas apte, il en informe le Préfet, et le policier ne sera pas habilité au port de l’arme.

Par la suite, les agents devront, en formation continue annuelle, tirer un minimum de 50 cartouches par an (à raison de 2 séances). A tout moment, le moniteur de tir peut « décider » qu’un agent n’est pas apte en informant le Préfet.

Olivier Schilli, Chef de la Police Municipale de Metz, nous explique plus en détails les conditions du port d’arme, et en profite pour rassurer les citoyens sur cette annonce :

Pour Sébastien Koenig, adjoint au Maire en charge de la Tranquillité Publique et de la Police Municipale, la position du maire de Metz a été mûrement réfléchie :

« On est sur une décision de conscience. »

Rappelons que lors des drames terroristes de Paris en Janvier, 3 policiers ont été abattus. L’une appartenait à la police municipale, elle n’était pas armée.


1 CNFPT : Centre National de la Fonction Publique Territoriale.

Ville(s) / territoire(s) :

4 commentaires

  1. Depuis le meurtre de Clarissa Jean-Philippe le 8 janvier dernier à Montrouge, des syndicats de police municipale réclament la généralisation des armes de poing ; le gouvernement fait implicitement un pas en ce sens en offrant 4000 revolvers aux communes qui le désirent. Pourquoi pas ? Toutefois, ces organisations auraient-elles été aussi virulentes sur ce point si la victime avait été un ASVP* (agent de surveillance de la voie publique), un de ces sans-grades chargés en théorie de la verbalisation du stationnement mais corvéables à volonté en vérité ? Ainsi, n’est-il pas rare, dans les villes disposant d’un service de police municipale, de croiser des patrouilles mixtes, c’est-à-dire composées d’un agent de police municipale et d’un ASVP, voire uniquement d’ASVP alors qu’ils n’ont aucune formation.** Le fait d’engager ces derniers sur une mission de sécurité publique soulève le problème du dévoiement des fonctions dévolues à chacun et, in fine, la problématique de l’armement. Dans la polémique actuelle, ce n’est pas, en effet, la formation des policiers municipaux qui interpelle mais les conditions d’emploi de ceux-ci. Les compétences des polices municipales sont définies par l’article L.2212-2 du Code général des collectivités territoriales. Il faut, à ce titre, retenir l’ensemble de l’article et non se limiter à la phrase d’introduction, comme le font trop souvent les syndicats dits « professionnels », d’autant que chaque point définit la première phrase. Or, des élus ont délibérément orienté leurs agents vers des missions de répression (constatation de fragrants délits et réalisation d’interpellations), transformant leurs services municipaux en des ersatz plagiant la police nationale alors que l’investigation et le maintien de l’ordre leur sont interdits. Enfin, même si les principaux intéressés s’en défendent, la police municipale est, par définition, la police du maire et cette proximité politique porte en elle-même les germes d’inévitables dérives. D’ailleurs, la police municipale est un outil électoral aux mains des édiles, qui leur permet de rassurer à défaut d’assurer.

    * La ville de Montrouge aligne sept agents de police municipale et une douzaine d’ASVP.

    ** http://doubleneuf.nordblogs.com/archive/2011/09/16/polices-municipales-asvp-versus-apm.html

  2. je pense que l argent devolu a ces agentsde police municipale devrait etre verse a la police nationale qui serait tenue de fournir le personnel
    ainsi pas de soucis d armes ou pas des professionels et c est tout

  3. Opsomer, la police municipale considérée comme un outil électoral ! c’est un outil bien cher et bien risqué pour un maire, mais à une autre échèle on peut aussi considérer que la police nationale et la gendarmerie sont aussi des outils électoraux. Souvenez vous des élections présidentielles de 2002, la sécurité était bien un enjeu électoral. Les élus, quelque soient leur niveaux, utilisent la police ou la thématique de la sécurité. Tant que cela se fait dans un cadre républicain et respectueux des règles déontologiques tout cela est complètement normal : en démocratie c’est les élus qui décident, c’est pour ça que nous les désignons. Un maire n’est pas un dictateur, il est élu et doit rendre des comptes, à lui de prendre les bonnes décisions.
    Quant à l’armement des policiers municipaux à mon sens ça ne devrait poser aucune question, pour ma part, plus je serai entouré de personnes armées (autorisées et formées pour l’être) plus je serai rassuré. Les choses ont changées, le recours à la violence armée est de plus en plus fréquent, nous n’avons pas le luxe de nous passer des 20 000 policiers municipaux français. si les forces de police de l’état étaient suffisamment nombreuses et performantes, les Maires ne penseraient même pas à créer des PM. Au lieu de stigmatiser les conséquences, observons les causes.

  4. Contester une décision municipale, aussi inique soit-elle, manifester devant la mairie ou simplement exprimer son mécontentement lors d’un conseil municipal vaut déjà à des opposants d’être accueillis, voire cueillis par la police municipale. Ainsi, en septembre 2013, pris à partie par une élue d’opposition sur le financement d’un projet immobilier, le maire d’Orange, Jacques Bompard, a demandé à la police municipale de la sortir de la salle. Autre exemple, plus récent, en juillet 2014, un conflit relatif à la programmation culturelle opposa la municipalité de Saint-Priest, près de Lyon, à une trentaine d’artistes. Le maire Gilles Gascon fit alors intervenir sa police municipale en plein conseil municipal afin d’expulser les contestataires. Cela dit, il est vrai que, sans le dire explicitement, nombre de maires pensent très fort que l’État ne remplit pas ses fonctions régaliennes en matière de sécurité. Profitant du vent porteur, ils surfent sur le sujet en plaçant la sécurité au coeur de leur programme électoral. Aujourd’hui, embaucher des policiers municipaux est une bonne chose pour l’image d’un maire, sans oublier le déploiement des caméras de vidéosurveillance. Municipalisation de la sécurité, dénoncent les uns. Prise de conscience salutaire, affirment les autres. Dans tous les cas, la police municipale est une véritable vitrine municipale. Même si les agents s’en défendent, ils n’ont pas d’autres choix que d’obéir puisque le maire est leur chef et leur employeur. Or, il n’y a aucun corollaire entre la création d’une police municipale, son renforcement ou son armement et la baisse de l’insécurité, d’autant que la délinquance est par essence transfrontalière alors que l’action de la police municipale est limitée au territoire communal. La police municipale est donc un outil électoral aux mains des édiles, qui leur permet de rassurer à défaut d’assurer. Je me permets d’ajouter deux liens personnels à cet exposé :

    Polices municipales : mythes et réalité
    http://doubleneuf.nordblogs.com/archive/2011/06/02/polices-municipales-mythes-et-realites.html

    Brève histoire de la police
    http://doubleneuf.nordblogs.com/archive/2011/06/17/breve-histoire-de-la-police.html

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